Laura Vanel-Coytte - Un pur hasard

Hésiter entre le hasard et un hareng

Il était un grand mur blanc-nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle-haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur-sec, sec, sec[1]

Admirer la « Nature morte aux harengs » de Van Gogh ou de Soutine
Apprendre un poème classique comme « Le hareng saur » de Charles Cros
Tomber en émoi devant les « squelettes se disputant un hareng saur » de James Ensor
Découvrir au hasard le « Poème avec hareng-gros-gros-cros » de Jean-Pierre Verheggen

Ne pas hésiter à afficher sur le mur de mon salon « Le poisson rouge » de Matisse
Hésiter pour la cuisine entre « La raie » de Chardin et « La truite » de Courbet
Accompagner Renoir et ses « Pêcheuses de moules à Berneval »
Au dessus du tourne-disque, sans hasard, « Le poisson chantant » de Miro

Dans la salle à manger, sur un plat, j’ai posé «Les poissons noirs » de Braque
Puis je suis partie à « La pêche aux thons » avec Dali puis aux « crevettes » avec Dufy
Rien de moins mort que la « nature » pourtant « morte aux poissons rouges » de Lichtenstein
Je ne veux rien laisser au hasard quant à la place d’honneur du »poisson d’or » de Klee

J’ai beaucoup hésité devant le « poisson » surréaliste de Magritte
Ou la « Jeune fille avec des poissons dans un récipient en verre » de Macke
Pas de hasard pour le « Poisson d’argent » de Klimt au dessus de mon bureau
Ni « Le poisson dans le ciel du village » de Chagall près dans ma bibliothèque

Un hareng que le Poète choisira gros-gros-gros
Et même bouffi-bouffi-bouffi
Une sorte de hareng-outang baraqué fitness[2]

[1] Charles Cros, « Le hareng saur »
[2] Jean-Pierre Verheggen, Poème avec hareng-gros-gros-cros

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