C’est toujours par un pur hasard
Qu’on trouve un trésor au désert :
Un cadeau de Rosette à Pierre,
Un chameau qui joue du Mozart,
Les Mémoires de Caspar Hauser…
C’est toujours par un pur hasard
Que Melchior aima Balthazar
Mais on enterra cette histoire
Aux oubliettes du Mystère,
Dans les cachots du ministère.
C’est toujours par un pur hasard
Qu’on échappe aux voies de misère
Ou pas.
C’est toujours par un pur hasard
Qu’on choit dans le fond du puisard.
« Ca c’est au jeu de l’oie, ma mère,
Au 31 » dit ma mémoire.
L’oie se fout bien de l’Alzheimer :
Elle a chopé la grippe aviaire
Hier au soir. Un pur hasard !
C’est toujours par un pur hasard
Qu’on fait un accroc au blazer,
Qu’on se déchire le falzar,
Qu’on marche où déféqua l’Azor
Et rate la première marche au bas d’l’escalator.
C’est toujours par un pur hasard
Que le prince épouse la bergère,
Que Blanche-Neige écoute la sorcière,
Que Cendrillon rentre trop tard
Perdant sa pantoufle de vair.
C’est toujours par un pur hasard
Qu’au jeu d’échecs on gagne ou perd :
Tu as tes chances contre Richard ;
Que faire face à Bobby Fischer ?
C’est toujours par un pur hasard
Qu’on fiche à Smyrne le bazar,
Qu’on trouve l’issue du labyrinthe
Sans raison ni raisins ni sans isthme à Corinthe.
C’est toujours par un pur hasard…
Puisque tout est allé à Thouars
Ou à vau-l’eau sur la Vézère
C’est que les Parques se font vieilles,
C’est qu’elles ne font plus de merveilles :
Elles t’insultent – « Micheton ! » -,
Secouent leurs jupes, dansent des claquettes,
Moquent ta singularité.
Elles dévalent et rient de ton
Destin à l’écart des gisquettes,
De ta destinée-cécité.
Elles te contre-pètent au nez,
Ces insolentes !
C’est toujours par un pur hasard
Que l’on est muté en Lozère,
Que le révérend dit « Bizarre »,
Que nul n’obtient ce qu’il désire,
A part un vieux méchant tracsir
Aux portes de son avenir.
Ce n’est jamais un pur hasard !
Non, c’est toujours très volontaire
Quand ma poésie dégénère
Et dégouline, délétère,
En joyeux vers de mirliton !
Ce sont des vers « à ma façon »,
Un poil diserts, un poil barbares,
Pondus derrière le zinc du bar
Dont je suis l’aimable patron.
Mon bistrot ? C’est « Le Pur hasard »
Tout près de la gare Saint-Lazare.
Sur la vitre on lit au-dehors
De quoi faire rire tous les morts :
« On accueille les fantômes at home. ».
Bienvenue dans Le Pur hasard !
Bienvenue aux ressuscité(e)s !
Il m'est revenu en te lisant, le film de Robert Bresson "au hasard Balthazar". J'étais jeune alors , je n'avais pas aimé ce film.
RépondreSupprimerMais j'ai souri en te lisant ];-D
brillantissime, Maitre Joe ! "appelez moi Dieu", dit le hasard avec simplicité...
RépondreSupprimerTu te ris du hasard et c'est bon... à Saint Lazare, ça doit bien s'marrer !
RépondreSupprimerTant de purs hasards, quand même, ça ne peut pas être un pur hasard !
RépondreSupprimerC'est le mélange du hasard et de Krapov sur un ton voltairien, sardonique et désabusé. Allons boire un coup "Au Pur Hasard" et si on est soûl, ce ne sera pas un pur hasard... :)
RépondreSupprimeret si Queneau s'invite dans cette histoire de hasard qui passe à Saint Lazare il sera très certainement question d'un bouton :)
RépondreSupprimerun grand plaisir de te relire chez nous, Joe !!
RépondreSupprimeret puis, drôle, poétique et j'aime bien les gisquettes :o)
Comme par hasard, tu es génial...
RépondreSupprimer¸¸.•*¨*• ☆