L’été
offrait le dais velouté d’un ciel sans nuage, piqueté des premières étoiles.
Quelques voix lointaines venues du petit port caché par un ourlet voluptueux de
la côte, montaient dans l’air du soir, soulignant un peu plus le calme du vieux
parc. Un chat sorcier apparaissait et disparaissait dans les massifs ombreux.
Une légère brise amenait par bouffées les notes adoucies d’un piano jouant du
jazz.
Il avait dressé la table au bout de la terrasse que
bordait la majesté souple et rectiligne des grands cyprès. Il avait choisi une
nappe blanche très simple, tombant jusqu’à terre, et deux chandeliers d’argent.
Puis il avait placé les nombreux verres, flûtes, timbales, avec un soin presque
religieux, veillant à leur parfait alignement. Il avait enfin disposé des
corbeilles de pain et de l’eau fraîche.
Il l’avait appelée la veille : " êtes-vous
libre demain soir ? – oui – venez à la villa vers vingt heures – j’y serai
– ah, ne mettez pas de parfum … s’il vous plait" Il avait entendu la
légère hésitation, puis : "d’accord, à demain"
Il savait qu’elle ne s’attendait à rien, ce qui signifiait
qu’elle était prête à tout.
Enfin, elle fut là. Diaphane apparition en robe de soie
marine, une vapeur de cheveux blonds encadrant son visage ambré. Il l’installa
sur une chaise à haut dossier et murmura à son oreille "je vous convie
à la découverte de nous-même".
"Nous
allons jouer à accorder nos vraies gourmandises. Vous avez devant vous une
carte où sont nommés les vins et alcools dont nous disposons. J’ai ici autant
de fromages portant chacun un numéro. Vous choisissez un numéro. Je vous donne
le nom du fromage. Vous devinez le vin que j’ai imaginé pour lui. Si vous
faites erreur, je vous embrasse où bon me semble. Si vous trouvez, vous faites
de même avec moi. La règle vous convient-elle ? " Elle, dans
un sourire sérieux : " Oui "
Le jeu commença.
Elle
trouva sans hésiter le champagne blanc de blanc pour accompagner les dés d‘un
parmesan de deux ans d’âge et elle posa doucement ses lèvres au bord de sa
tempe, sur le fin réseau rieur du temps qui passe.
Il lui fut facile d’associer le comté et quelques noix avec un Château Chalon chambré : sa langue joua un instant avec le lobe d’une oreille.
Elle butta sur le cidre avec le camembert et il baisa le bout de ses doigts si longs. Puis il goûta l’intérieur de son poignet quand elle préféra un Aloxe Corton à un Chablis pour déguster un Brie à cœur. Il la laissa effleurer la veine bleutée de son cou lorsqu’elle perçut l’accord parfait Epoisses et Meursault.
Il eut sa revanche en appuyant sa bouche à la commissure de ses lèvres car elle ne sut marier le Stilton avec un vieux Xeres.
Puis elle osa un peu de Calvados avec un Livarot colonel et s’aventura sur le torse bronzé. Elle savait qu’un Chavignol ne pouvait qu’être à son aise avec un Sancerre et qu’un Pouligny Saint Pierre révèlerait toute sa grandeur d’âme avec un Pouilly fumé un peu vieux. Elle mordit la chair de son épaule.
Elle ne put se décider avec le Roquefort qu’enlaçait la subtile douceur du Maury, et il sut le goût de sa peau, juste à la naissance des seins.
L’Ossau-Iraty trouva naturellement son Jurançon et elle embrassa le creux de ses reins. Il pensait avoir porté l’estocade avec un fromage de brebis corsé, mais elle devina le muscat de l’île de Samos. Elle l’emporta enfin avec l’évidence d’un munster enchanté par un gewurztraminer vendanges tardives et une pincée de cumin.
Il lui fut facile d’associer le comté et quelques noix avec un Château Chalon chambré : sa langue joua un instant avec le lobe d’une oreille.
Elle butta sur le cidre avec le camembert et il baisa le bout de ses doigts si longs. Puis il goûta l’intérieur de son poignet quand elle préféra un Aloxe Corton à un Chablis pour déguster un Brie à cœur. Il la laissa effleurer la veine bleutée de son cou lorsqu’elle perçut l’accord parfait Epoisses et Meursault.
Il eut sa revanche en appuyant sa bouche à la commissure de ses lèvres car elle ne sut marier le Stilton avec un vieux Xeres.
Puis elle osa un peu de Calvados avec un Livarot colonel et s’aventura sur le torse bronzé. Elle savait qu’un Chavignol ne pouvait qu’être à son aise avec un Sancerre et qu’un Pouligny Saint Pierre révèlerait toute sa grandeur d’âme avec un Pouilly fumé un peu vieux. Elle mordit la chair de son épaule.
Elle ne put se décider avec le Roquefort qu’enlaçait la subtile douceur du Maury, et il sut le goût de sa peau, juste à la naissance des seins.
L’Ossau-Iraty trouva naturellement son Jurançon et elle embrassa le creux de ses reins. Il pensait avoir porté l’estocade avec un fromage de brebis corsé, mais elle devina le muscat de l’île de Samos. Elle l’emporta enfin avec l’évidence d’un munster enchanté par un gewurztraminer vendanges tardives et une pincée de cumin.
Ils
terminèrent avec un vieux banyuls sur un sorbet au chocolat amer.
Ils
en savaient déjà beaucoup, et l’un sur l’autre et sur eux-mêmes.
Alors
ils se goûtèrent tout entier et la nuit les enveloppa de sa douce magie.
La
lumière du matin les trouva endormis dans un lit défait.
Le
chat ronronnait paisiblement à leurs pieds.
Excellent ! Le chat en civet avec un Châblis, œuf corse ! ];-D
RépondreSupprimerles fromages et les vins sont irrésistibles ... quant au chat en civet plutôt un Crozes Hermitage :)
SupprimerAdmiratif (et affamé) je botte en touche : un intrus s'est glissé dans cette liste. Sauras-tu le retrouver ? parmesan, comté, camembert, Brie, Epoisses, Stilton, Livarot, Chavignol, Roquefort, Ossau-Iraty, brebis corsé, munster, chocolat amer.
RépondreSupprimerCette leçon vaut bien un fromage :)
le sorbet au chocolat amer, sans doute (et le banyuls un peu vieux ça doit être très bon !)
SupprimerOh la la ! Il y avait de quoi être embrassé partout ! Même sans le faire exprès !
RépondreSupprimerLa devinette qui tue : quelle bière avec un Maroilles ?
plutôt une bière blanche :o)
Supprimeret après les baisers sont électriques ...
bon il n'y a qu'un Français pour imaginer un truc pareil. Connaître les fromages aussi bien que les vins c'est une gageure. Cela mis à part quelle soirée parfumée !
RépondreSupprimeravec le sourire
on a fait, il y a quelques années une soirée fromages et vins ... c'était divin !!
Supprimerdélicieusement sensuel !
RépondreSupprimermais je ne vais plus jamais pouvoir regarder les plateaux à fromages chez toi de la même façon :)
je pense qu'on servira des fromages blancs avec du miel :o)))))
SupprimerVous avez de ces jeux, Divin Arpenteur
RépondreSupprimermerci Bricabrac ... je peux être diablesque (ou diabolique) aussi (mais pas trop divin) :o)
SupprimerEt après, ils ont eu le droit de prendre une douche ? ;-)
RépondreSupprimerNan parce que je fais ça en ce moment, avec la canicule, et le voisins partent en courant... ;-)
¸¸.•*¨*• ☆
oui mais en réalité tu prends des douches avec tes voisins ... non ? :o))
SupprimerQuel jeu sensuel ! J'adore. Tiens, ça me donne des idées...
RépondreSupprimermerci Marité ... du coup tu as des idées coquines :o)
SupprimerAh cher Arpenteur "si jeunesse savait si..".etc. etc.
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