Ici, on rase gratis..
Les
curieux évènements qui font le sujet de cette chronique se sont
produits en - 400132 avant JC à un jet de pierre du grand rocher plat à
bords tranchants. Je sais bien que pour vous cette époque est révolue
et que vous mettrez en doute l'exactitude de la date... et pourtant j'en
suis absolument sûre : cet été là le prix du cachemire s'était
envolé... oui les saisons n'étaient déjà plus ce qu'elles allaient
être... les soirées étaient fraiches et malgré la pilosité encore dense
et de mode, nous avions besoin d'une petite laine dès que les derniers
rayons du grand oeil rouge étaient avalées par les terres du fond.
A
cette époque, les bisons laineux initiés avaient pour habitude de venir
se raser à la sauvage. Ce système était peut être un peu moins précis
que d'aller se faire toiletter, mais gratuit et finalement tout aussi
efficace... En se frottant le dos et le torse sur les bords du rocher,
leur longue et douce pilosité tombait en gerbe dense sur le sol., ce qui
leur permettait d'aborder la saison plus légèrement . Poux, vermines et
bestioles en tout genre reprenaient leur liberté une fois à terre,
laissant un tas de laine quasi vierge, que nous autres, les deux pattes au grand front, avions pour coutume de ramasser.
Nous en faisions de petit cardigans qui répondaient à la demande grandissante du marché.
Ce
jour là, donc, le ciel n'avait pas ouvert l’œil de la journée... Il
semblait de très mauvaise humeur et grondait sans arrêt. Alors que les
bisons laineux finissaient de se frotter contre le grand rocher . Une
boule de feu, lumineuse s'est abattue sur le roc, grillant à même la
pierre, une trentaine de bisons nus.
L'odeur était terrible... terrible...terriblement appétissante.
Nous attendîmes quelques
minutes que la pierre tiédisse puis dégustâmes des morceaux de cette
viande que nous n'aurions jamais imaginée aussi goûtue.
Bien
évidemment, nous avions déjà testée de manger du bison, mais sa chair
crue était âcre et sa peau épaisse et laineuse restait collée au fond de
la gorge , ce qui avait provoqué l'extinction de certains d'entre
nous...
Alors que là... là... Le bison cuit était craquant et délicieusement fondant...
Ni graisse, ni plat à nettoyer, ni complication extrême... la pierrade était née.
Dès
le festin terminé , une fois les restes conservés dans
le rocher creux ... nous installions de grands panneaux et
une signalisation visible depuis les terres alentours: ici, on rase gratis!
Ainsi, si le ciel venait à jeter un nouveau coup d'oeil sur notre grand rocher plat, nous serions prêts.
Aaaah
le marketing ! Très vite, mammouth, rhinocéros laineux et autres velus
et plumeux se présentèrent au rocher plat pour venir se faire
toiletter. Le lieux était plein 24H sur 24, 7 jours sur 7... Nous autres
les fronts bas, scrutions le ciel en espérant qu'il nous jette, ce
même coup d'oeil brûlant de la dernière fois.
Inutile
de vous préciser que notre faune était la mieux rasée sur des
kilomètres... Mais hormis quelques coups de foudre bien tombés... Il a fallu attendre 132 ans pour goûter à nouveau à la pierrade...
Le
temps d'une guerre ... du feu... mais franchement... ça valaient le
coup d'attendre ! D'autant plus qu'entre temps notre offre s'était
diversifiée : cardigan, col roulé et autre boa en plume d'émeu pour les
soirées de gala.
Évidemment,
je sais dès à présent, que vous douterez de la véracité de tout cela...
et que mes tags de Lascaux n'y suffiront pas... et vous avez raison,
restez vigilant!
L'actualisation est réussie, le style est alerte, vivant, très ironique!
RépondreSupprimerC'est un texte...savoureux à tous égards : réminiscences préhistoriques, souvenirs d'Obélix, marketing pour les cardigans, publicité sur les routes, resto-routes avec des grillades...
Mais au fait, s'agit-il réellement d'une fake news ?
Merci beaucoup! Fake news ou pas? là est la question ! ;-))
SupprimerHabile et goûtu ! Très chouette !
RépondreSupprimerMerci Landrynne ;-)
SupprimerDemain je regarderai ma pierrade d'un autre œil !
RépondreSupprimerOui, je pense que l'arrivée des beaux jours m'a fait penser aux barbecues en terrasse et du coup aux pierrades ;-)
SupprimerQuelle imagination, je suis admirative ! En plus c'est drôle et bien écrit !
RépondreSupprimerComme c'est gentil! Merci ;-)
SupprimerQuel bonheur, ce texte dans la droite ligne de « Rrrhh » et de « la Famille Pierrafeu »
RépondreSupprimerJ'ai adoré la naissance de la pierrade.
Bravo ma pie
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Alors donc Célestine, tu connais ma famille? ;-))
Supprimerah ils étaient futés les premiers hommes :)
RépondreSupprimerOui Tisseuse, très inspirants pour les hommes à venir ;-))
SupprimerLa pierrade ! :)
RépondreSupprimerQuand je reviendrai à Lascaux, je chercherai le rocher à pierrade. Et je penserai à l'ancêtre Mapie qui a tagué les parois de la grotte tout en faisant ses cols roulés au poil de mammouth. J'ai adoré !
RépondreSupprimerMerci Marité! ;-)
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