Pan-pan l'audacieux.
Les curieux événements
qui font l'objet de cette chronique se sont produits en 2018 à
Sérézat, un petit bourg près de chez moi. Je n'invente rien.
L'histoire que je vais vous conter s'est réellement produite.
Un matin comme les autres
à la gendarmerie du canton. Le sergent chef Lucien Parbal explique à
ses collègues Ange Legalon et Jérome Tapetou comment avec la
gendarmette Lucile Bleuette, ils ont encore une fois récupéré hier
au soir le vieux Joseph Biturin dans un fossé.
Ce dernier s'époumone
d'ailleurs dans sa cellule :
- Mais qu'est ce que
je fous là moi ? Appelez la Berthe. Elle va s'inquiéter la
pauvre femme. Dites-lui de venir me chercher .
- Tu rentreras bien
tout seul Joseph. On a ramené ta mobylette. Et puis, la Berthe, on
l'a prévenue qu'on te gardait un peu au chaud ici. Ça lui fera des
vacances. T'as pas honte de te mettre dans cet état tous les jours
que Dieu fait ? Elle te supporte hein, ta Berthe ? Une
brave femme.
- J'ai soif.
- On n'a pas de
rouge. Tu veux un jus ?
Des coups de klaxon
intempestifs viennent interrompre la douce quiétude de la
maréchaussée. Tous tendent un moment l'oreille puis reprennent
tranquillement leur tasse de café. Mais les coups de klaxon
redoublent. Cette fois, c'en est trop. Qui ose ce tapage ?
- On s'en occupe
proposent l'adjudant Tapetou et son binôme le gendarme Legalon. On
va lui en coller une sévère à çui-là ! Ça l'apprendra à
respecter le code de la route.
Ils bouclent leur
ceinturon, enfoncent leur casquette puis bondissent dans le kangoo
et se rendent en vitesse au carrefour d'où provient le raffut. Tout
d'abord, rien ne leur semble anormal. Sans doute un accrochage comme
souvent à cet endroit . Mais en approchant, ils constatent que
plusieurs voitures sont à l'arrêt le long des trottoirs et deux en
plein milieu de la chaussée.
Ils se garent prestement
et s'apprêtent à intervenir. C'est alors qu'ils aperçoivent la
bête.
- Pas possible !
Encore cet animal infernal. Ange, appelle le chef pour qu'il
prévienne son propriétaire.
N'écoutant que son courage, Tapetou
s'avance prudemment vers l'encorné qui s'applique à cogner contre
le véhicule le plus proche. Le conducteur sort alors de sa voiture –
il s'était enfermé, craignant d'affronter le forcené - et aide
l'adjudant à maîtriser le bouc. Car il s'agit bien d'un bouc. Et
figurez-vous que l'animal n'en est pas à son coup d'essai.
Cela fait trois fois que les gendarmes
l'interpellent pour divagation sur la voie publique, nuisances et
autres dégradations. Il se fait la belle pour aller directement se
poster à ce carrefour et empêche les voitures de circuler en
fonçant dedans avec rage, toutes cornes dehors. Allez donc savoir ce
que l'animal reproche aux véhicules ? En tout cas, il n'en rate
pas un quand il passe par là.
Chargé dans le kangoo par les deux
militaires, le caprin est conduit au poste pour explications .
Pendant ce temps, le chef Parbal prévient le propriétaire de
l'animal qui est en fait une dame :
- Gendarmerie Nationale !
Sergent-chef Parbal. Madame Emie Serre ? Votre bouc a été
arrêté pour nuisances sur la voie publique. Veuillez, je vous prie
vous présenter au plus vite à la brigade .
- Ah, il a encore fait des
siennes Pan-pan ?
- Comment ? Qui vous parle
de faire pan-pan ? Soyez polie Madame. Vous savez ce que ça
coûte outrage à agent ?
- Mais non enfin. Mon bouc
s'appelle Pan-pan. C'est un reproducteur alors...
- Bon, bon. On en reparlera.
On vous attend.
Jetant un œil à la
fenêtre de son bureau, Parbal aperçoit ses collègues qui ont bien
du mal à sortir le bouc du kangoo. Il file leur donner un coup de
main. Ils ne sont pas trop de trois pour conduire l'animal enragé
dans les locaux de la gendarmerie.
- Mais chef, y a déjà Joseph…
- Joseph ? Ah oui, Joseph. Foutez-moi cet ivrogne dehors.
- Allez Joseph ! Prends tes cliques et tes claques et va voir ailleurs si on y est. Tu as de la chance : voilà ton remplaçant.
Le vieux Joseph,
abasourdi, ne se le fait pas dire deux fois. Il laisse volontiers la
place à ce drôle d'énergumène. Mais il pense, à part lui, que
cette fois, il devait en tenir une bonne et n'avait pas encore
dessaoulé pour voir un prisonnier à quatre pattes et avec des
cornes prendre sa place derrière les barreaux.
à te lire j'ai repensé au livre pour enfants "Le Mistouflon" écrit en Provence :)
RépondreSupprimerhélas, le phénomène du bouc émissaire à encore de grands jours devant lui, il pullule en ce moment :(
...Parbal, Legalon, Tapetou :) Tu m'as bien fait rire ! :)
RépondreSupprimerTisseuse et Maryline : merci !
RépondreSupprimerTisseuse, je ne connais pas le livre dont tu parles mais cette histoire est véridique. Elle s'est passée en Dordogne, à Lalinde et a amusé les gens. D'ailleurs, sur google, en tapant "le bouc de Lalinde" tu peux voir la photo de l'animal derrière les barreaux.
Effectivement je viens de voir la photo de ce pauvre bouc derrière les barreaux ! Incroyable histoire ;-))
RépondreSupprimerJe me suis bien amusée, et plus encore en voyant que l'histoire du caprin avait de véritables sources ! Merci !
RépondreSupprimerMerci Mapie et Landrynne. Je me suis amusée aussi à écrire à ma sauce cette histoire. Je ne me prends pas au sérieux : ça plait ou ça ne plait pas ! Tant pis.
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