Les
curieux évènements1
qui font le sujet de cette chronique se sont produits en toute
extrémité à un moment donné, mardi.
Peut-être
parce que la file d’attente à l’arrêt du bus était trop
longue, ou bien parce qu’il est un brin dérangé, un homme d'une
quarantaine d’années a dérobé mardi un autobus du dépôt.
Pendant une heure, il a joué le jeu en s’arrêtant quand une
personne lui faisait signe et en la conduisant où elle désirait.
L’homme a ensuite garé l’engin devant chez lui.
Il
a déclaré aux policiers venus le cueillir :
«
J’ai emprunté l’autobus pour rentrer chez moi ».
Ah, pourquoi,
oui, pourquoi Roger (que nous appellerons Roger) a-t-il, au mépris
et au risque de la vindicte populaire, et
de la revue de presse ci-dessous,
basculé dans la marge alors qu’il aurait pu être doucettement
installé dans une file d’attente réglementaire, homologuée et
certifiée, avec des gens avant lui et, n’en doutons pas, des gens
après lui, bien rangés ?
Oui, pourquoi Roger a-t-il
voulu accélérer la linéarité du temps qui passe plus souvent que
les bus ?
Pourquoi a-t-il risqué
a)
de s’attirer les foudres des syndicats des bus déjà exaspérés
par les agressions nocturnes des mecs qui ne paient pas.
b)
de se faire traiter de forban ?
Oui, Roger, qu’as-tu voulu
montrer à jouer au chauffeur, quel rêve enfoui de ton enfance a
ressurgi là dans cet acte où tu as franchi la ligne jaune ?
Ah ! Roger , on te
soupçonne d’être dérangé, serait-ce un brin de chanvre qui t’a
entraîné dans l’engrenage du fil de cette malédiction ?
Si,
oui, bon sang de bon sang, pourquoi n’as-tu pas repeint le bus en
rose ?
Resteront à jamais quelques
questions enfouies dans les profondeurs2
du labyrinthe des mystères insondables qu’on ne déterrera
jamais :
Pourquoi
une heure seulement ?
Et
pourquoi pour rentrer chez lui ? Un mardi, en plus !
A
moins que Roger, oui, Roger puisqu’etc., à moins que ce bon vieux
Roger3
-puisque la police l'a finalement cueilli- ne se soit pris ... pour
une fleur ?
1-
Adapté librement d’un fait divers
2-
A moins que ce ne soit dans la boîte à gants)
3-
Sacré Roger !
Revue
de presse :
Télé
machin : Bus fou, 3 retraités privés de "Shampoing
pour des questions"
Minute :
Encore un violeur de bus libéré par le jeu des remises de peine.
Libération :
Happening géant à B… pour la gratuité des transports.
L’Expresque
: Le scandale des bus qui ne roulent pas à droite.
Paris
Scratch : Drame de la solitude à B… : le bus qu’il
détourne pour voir du monde était vide.
L’équipe
: Un car de supporteurs détourné. Une prise
d’otages honteuse.
La
Croix : Un pèlerinage tourne mal et oblige
les pèlerins à finir à pied.
Tribune :
Bus à B… , un emprunt risqué.
En même temps, si personne ne lui a jamais expliqué ce que signifiait "prendre le bus", je comprends qu'il ait pu mal interpréter l'expression..
RépondreSupprimerIl a peut-être réalisé l'un de ces rêves ! Je me suis déjà dit que ça devait être amusant de conduire un bus, moi aussi !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup le titre de Paris Scratch ;-)) ... En ce qui concerne le chanvre... la réponse de Roger est très claire: "pourquoi repeindre le bus en rose, quand tu vois déjà la vie en rose?" ;-))
RépondreSupprimerComme disait Confucius :
RépondreSupprimer« Il vaut mieux prendre le bus en otage qu'en pleine tronche.»
Jubilatoire ta revue de presse, Pascal.
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il a peut-être trop lu les exercices de style de Queneau :)
RépondreSupprimerTous > Merci pour vos rebonds et aussi d'avoir composté !
RépondreSupprimerJ'aime bien le ton du texte. "les pèlerins obligés de finir à pied..." :)
RépondreSupprimerJe m'interroge : quelles questions avaient posées ces malheureux retraités pour se voir priver de shampoing ?
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