L'oiseau au plumes pailletées d'or...
Les curieux événements qui font le sujet de cette chronique, se sont produits en 1970, à Bagnoles-de -L'Orne, dans le Sud de la Normandie.
Afin de se faire connaître, des peintres de la région, aussi talentueux que méconnus, exposaient leurs toiles, cette année là, dans les locaux jouxtant les thermes de la station, en pleine essor.
Comme on le sait tous, la curiosité peu jouer de drôle de tours, mais, pouvait-elle, au balbutiement de son exploration secrète, le deviner...Elle voulait juste approcher l'artiste, comprendre ses motivations, s'abreuver à la source claire de sa sensibilité ainsi offerte. chacun de ses coups de pinceau, devenait une information précieuse. Elle n'existait, à cet instant précis, que pour le comprendre et l'accompagner dans sa quête de couleurs et de lumière. Mais, aussi passionnée qu'imprudente, elle sombra dans l'abîme de ses questionnements, submergée par ses émotions les plus pures, emportée par ses élans les plus forts et les plus sincères...
... Pourtant, tout se déroulait comme prévu. le personnel, sur son trente-et-un, apportait aux visiteurs, cocktails et toasts. Ces derniers s'extasiaient comme il convenait avec des grands "oh"! Des dames, en tailleurs élégants et chapeaux de paille, maquillées avec soins pour l'occasion, parlaient fort pour s'attirer les regards des néophytes subjugués.
Cependant, le lendemain, Cathy, manquait à l'appel. Après deux jours de recherches, une enquête policière fut ouverte. Cours d'eau et étangs, furent sondés, sans résultat. Elle ne pouvait pas s'être volatilisée, tout de même ! Si douce et patiente, si appréciée des curistes, sa disparition inquiétait et laissait un vide douloureux. Le dernier témoignage indiquait qu'elle avait été vue en train d'admirer longuement un tableau représentant un voilier.
Des tableaux de voilier, ce n'était pas ce qui manquait... Jusque là, aucun fait ne permettait d'orienter les enquêteurs. Pourtant, un acheteur se manifesta au bout de deux semaines. Il déclara que son tableau présentait des imperfections qu'il n'avait pas remarquées le jour du vernissage : Le ciel alors tout éclairé d'un soleil flamboyant, s'assombrissait et au comble de sa déception, un curieux brouillard se répandait sur la toile.
Celle-ci fut mise sous surveillance afin d'en élucider le mystère. Rien de probant ne ressortit de toutes les expertises menées. Bien vite, à défaut de preuves rassurantes, une rumeur prit les chemins de la ville et parcourra les plaines alentours.
...On raconta que Cathy, aimantée par la beauté du tableau, se serait approchée plus près, beaucoup trop près, si près qu'elle serait tombée à l'eau ! Un radiesthésiste aurait même affirmé, après avoir promener son pendule de long en large sur la toile, qu'elle était bien là et qu'elle nageait depuis des jours ...
La nuit, des appels à l'aide remplissaient la pièce où le tableau était entreposé. On raconta aussi qu'elle tentait, depuis son immersion dans les eaux sombres, d'atteindre le voilier où elle avait aperçu un plaisancier. Nageait-elle à contre courant...? La distance qui les séparait s'avèrerait-elle être un obstacle à leur rencontre ou alors, la force des éléments ainsi que la magie des sentiments, joueraient-elles en leur faveur ? Autant de questions restaient sans réponse tandis qu'elle se débattait en retrouvant, au fin fond d'elle même des forces insoupçonnées. Malmenée par les flots, elle tentait de garder la tête hors de l'eau. Il était, à priori, la seule personne pouvant la secourir.
Alors que le peintre s'était infiltré, une nuit, en catimini près de la toile, il entendit les appels de la jeune femme épuisée, entrecoupés de sanglots et eut une idée : Il se saisit de sa palette de couleur et dessina un superbe oiseau aux plumes pailletés d'or.
Le lendemain, il revint et dut se pincer pour être sûr de ne pas rêver. L'oiseau avait repêché Cathy et l'avait déposée sur le voilier. Le brouillard s'était dissipé et le bateau voguait paisiblement sous un beau soleil. L'oiseau reprenait son envol ! Les appels nocturnes cessèrent aussitôt. Le peintre eut l'autorisation de reprendre le tableau que des centaines de curistes voulaient voir à chaque belle saison, intrigués par l'histoire romanesque, mais il veillait que nul ne dérangea la quiétude de ses protégés. Il rajoutait un peu de bleu ici ou là dans le ciel, soufflait sur les voiles les jours sans vent et rêvait de partir, lui aussi, un jour, dans l'un de ses merveilleux paysages...
Il y a les natures mortes et les tableaux vivants !
RépondreSupprimerBien vu ! :)
Supprimertrès envoûtant ce texte fantastique !
RépondreSupprimerMerci beaucoup Tisseuse !
SupprimerMagnifique!!! Bravo et bonne continuation
RépondreSupprimerTes encouragements me font très plaisir, merci beaucoup !
SupprimerEn voilà une belle histoire ! J'ai beaucoup aimé.
RépondreSupprimerMerci Pascal, j'en suis ravie !
SupprimerJe ne sais pas ce qui se passe avec mes commentaires sur ce site.
RépondreSupprimerJe disais : quelle imagination, tu nous as donné à lire là une histoire ensorcelante. Bravo Maryline !
Ton commentaire me fait très plaisir, merci !
SupprimerOnirique... j'aimerais voir ce tableau, tout en gardant mes distances bien sur ;-)
RépondreSupprimerIl faudrait faire le voyage jusqu'à Bagnoles ! :)
RépondreSupprimerMagique ! J'adore cette histoire/chronique !
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