lundi 15 avril 2019

Maryline18 - Pas de brouillon


En bateau…

La vie s'écrit, se lit, se joue, se vit en direct et c'est tant pis s'il y a des dérapages, des ratures, des parenthèses et des points de suspension...Les pages blanches ne demandent qu'à être noircies : d'erreurs, de surprises, de cris d'exclamations et de points d'interrogation. Alors soyons spontanés, imprévisibles, aventuriers, comme les héros d'un feuilleton chaque jour improvisé. Laissez-moi vous emmener...Fermez les yeux, imaginez...Laissez-moi vous raconter, une fois encore sans avoir fait de brouillon, une belle histoire...

...Ce n'était peut-être qu'un mauvais rêve, après tout, oui, cela ne pouvait-être que cela...Ce contraste de la lune si ronde, si belle, arrosant de ses rayons si lumineux cette eau profonde, menaçante, insondable, en continuels mouvements.

Les flots, si calme à notre départ, cognaient maintenant, méchamment sur l'étrave de l'embarcation. Telle une coquille de noix, bousculée par une mer d'encre, le voilier semblait si vulnérable, seul à lutter contre tous, contre tous les éléments déchaînés. << Combien de temps tiendrons-nous ?>>

Epuisée, pour me tenir éveillée, accrochée au gréement, instable, de ce bateau à la dérive, j'énumère les points positifs de la situation. Je me félicite, une fois encore, de garder la tête froide.

-Premièrement, ta blessure semble superficielle bien qu'elle ait beaucoup saignée.

-Deuxièmement, la trousse de secours contient tout ce dont j'ai besoin, dès que tu reprendras connaissance, je changerai ton pansement improvisé à l'arcade gauche.

-Troisièmement, on a emporté de quoi tenir plusieurs jours, il suffira de rejoindre la cabine pour manger un morceau et reprendre des forces. tout ira mieux ensuite. On s'en sortira...tu verras...

Je sais, c'est moi qui ai eut l'idée de cette balade en mer. je voulais de l'inédit, du merveilleux, rien que pour nous deux...Se contenter de marcher sur la plage, cela aurait été bien trop banal. Je ne voulais pas du déjà fait, du déjà vu. Je voulais lire l'admiration dans ton regard, l'émerveillement. J'espèrais que tu me trouves des qualités d'aventurière, je voulais t'éblouir...C'était idiot, peut-être...Je le sais maintenant, mais...on s'en sortira...tu verras...

Je te protège de mon ciré, Je cale ta tête sur mes genoux, je prends ton pouls. Les battements de ton coeur me rassurent, ça c'est le quatrième point positif ! Je te réchauffe les mains, le visage, du peu de chaleur qu'il me reste. Tu vas revenir à toi et tu m'offriras ton plus beau sourire. Tu cacheras ta peur et inventeras des solutions, comme toujours... Tu m'expliqueras comment tenir la barre, consolider le mât, préserver les voiles...Mais aussi comment positionner la quille, l'espars, la bôme, ou encore, comment enrouler les cordages...Tu seras mon Capitaine, je serai ton moussaillon...Et puis, fiers de nous, de notre force, de notre connivence, quand on rentrera on invitera nos amis et on revivra toute l'histoire en exagérant notre courage et en minimisant nos peurs. On leur donnera des conseils, au cas où...On s'en sortira,tu verras...

Le ciel semble moins menaçant. Crois-moi, la tempête va s'essouffler, arrêter de s'acharner sur nous, comme un chien enragé qui ne voudrait pas lâcher prise. J'ai dû me briser la cheville en tombant, j'ai mal. Je m'agrippe, tente de me redresser, en vain. Une terrible douleur m'assaille, je feins de l'ignorer mais elle m'assène un grand coup sur toute la jambe. Impossible de me relever, j'ai des suées, chaudes puis froides, qui me courent sur tous le corps. Ma vue se brouille, mes oreilles sifflent, je suis si faible sans ta force...<< Qu'est-ce qu'on va devenir ? >>

<<On s'en sortira...!>>

Est-ce bien toi qui viens de prononcer ses mots ? je me retourne, tu ouvres les yeux ! Je me blottis sur ton torse, tu m'enserres doucement dans tes bras, je laisse couler mes larmes. Je me leste de mes doutes et de mes craintes. J'attends que tu m'expliques, tu sais toujours ce qu'il faut faire...Je réalise combien je t'aime à cette instant précis, combien j'ai besoin de toi, combien je te fais confiance...

Je voulais te soigner mais les rôles s'inversent. Tu retrouves les forces nécessaires, celles que tu avais mises de côté pour cette nuit, justement...Tu me soulève et me portes jusqu'au lit minuscule de la cabine. Tu caresses ma joue, me dis de ne pas m'inquiéter, que tout ira bien, que les secours vont arriver et qu'on ira finir la nuit dans un quatres étoiles !

On commandera des croissants pour le petit déjeuner et un jus d'oranges pressées, sans oublier le café, de l'arabica de tout premier choix, s'il vous plait !

Alors que te moques gentiment de mes exigences, et comme par miracle, j'entends un moteur et des hommes qui braillent : <<Ho...hé... !>>

-<<On est sauvés, tu vois, on a eu raison d'y croire...Après la tempête revient toujours le beau temps !>>

Tu veux toujours avoir le dernier mot mais cette fois ça me fais rire et j'en oublie la douleur ! Les sauveteurs des mers s'étonnent de notre sang froid. Enroulés dans deux grosses couvertures on sirote un thé. Décidément, rien ne se passe jamais comme prévu...Tu me fais un clin- d'oeil et je t'entends leur demander : <<Vous n'avez pas d'oranges pressées ? >>

12 commentaires:

  1. vegas sur sarthe16 avril 2019 à 11:12

    Comment ça il n'y a pas d'oranges pressées ? Alors des papayes peut-être

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne sais si on peut presser des papayes, par contre pour attendrir une viande, faire macérer en couches successive avec de la sauce soja !

      Supprimer
  2. laura vanel-coytte16 avril 2019 à 11:39

    quel sens du récit

    RépondreSupprimer
  3. Comme il aurait été dommage de faire un brouillon ! C'est très beau et cela finit si bien ;-)

    RépondreSupprimer
  4. Merci Mapie, j'aime commencer une histoire quand je sais qu'elle se terminera bien :))

    RépondreSupprimer
  5. Une bien belle histoire de... Marine. :)

    RépondreSupprimer
  6. Merci Pascal, mais... je n'avais pas mentionné son prénom...:)

    RépondreSupprimer
  7. On s'y croirait. Sauf que j'aurais eu une crise cardiaque. :-)
    Une histoire pas brouillonne du tout !

    RépondreSupprimer
  8. J'ai eu peur pour les personnages ! Une jolie petite histoire (j'aime quand ça finit bien).
    Et je valide totalement l'introduction aussi !

    RépondreSupprimer
  9. Merci Landrynne,( je n'ai pas eu peur pour eux, je connaissais la fin ! )

    RépondreSupprimer

Les commentaires sont précieux. Nous chercherons toujours à favoriser ces échanges et leur bienveillance.

Si vous n'avez pas de site personnel, ni de compte Blogger, vous pouvez tout à fait commenter en cochant l'option "Nom/URL".
Il vous faut pour cela écrire votre pseudo dans "Nom", cliquer sur "Continuer", saisir votre commentaire, puis cliquer sur "Publier".