Sludge Wars*
Aux vastes étendues que la mer abandonne, de pitoyables coques roulent leur ventre mort. Et la vase apparue dessine entre les roches un morne paysage, où ruisselets et flaques retiennent une part de la vie que le flot, traîtreusement enfui, délaisse sans remords.
Engins guerriers tels qu'on en vit aux combats stellaires des sombres siècles wadoréens, des bastions de bois s'élèvent sur les terres découvertes, leurs longues pattes impatientes de repousser le vil envahisseur aux confins écumeux. Une infinie tension que le silence aggrave s'étend sur l'improbable champ de bataille, où de grands oiseaux blancs plongent un bec gourmand dans les vases putrides. Et, préservant l'azur d'un odieux mélange, une mince limite bleuâtre sépare ciel et vase, seul vestige lointain des eaux lassées de l'homme.
Mais la vie reprend ses droits ; la guerre annoncée attendra peut-être encore. Tout semble alors espérer le retour des eaux purificatrices, alors que sur ces grèves temporaires, nombreux et décidés, des humains s'affairent encore. Fouillant le sol mouillé, chacun retire à la hâte un butin à peine examiné, poursuivant une quête que le flot, qui déjà reprend ses droits, est en passe d'écourter.
Et la mer revenue, une fois encore, n'apporte pas l'ennemi pressenti : on respire un moment les airs venus du large, on se félicite de cette journée de répit. C'est avec raison qu'on l'a pleinement vécue : qui sait de quoi demain sera fait...
* Guerres de vase
Où lire JCP
Aux vastes étendues que la mer abandonne, de pitoyables coques roulent leur ventre mort. Et la vase apparue dessine entre les roches un morne paysage, où ruisselets et flaques retiennent une part de la vie que le flot, traîtreusement enfui, délaisse sans remords.
Engins guerriers tels qu'on en vit aux combats stellaires des sombres siècles wadoréens, des bastions de bois s'élèvent sur les terres découvertes, leurs longues pattes impatientes de repousser le vil envahisseur aux confins écumeux. Une infinie tension que le silence aggrave s'étend sur l'improbable champ de bataille, où de grands oiseaux blancs plongent un bec gourmand dans les vases putrides. Et, préservant l'azur d'un odieux mélange, une mince limite bleuâtre sépare ciel et vase, seul vestige lointain des eaux lassées de l'homme.
Mais la vie reprend ses droits ; la guerre annoncée attendra peut-être encore. Tout semble alors espérer le retour des eaux purificatrices, alors que sur ces grèves temporaires, nombreux et décidés, des humains s'affairent encore. Fouillant le sol mouillé, chacun retire à la hâte un butin à peine examiné, poursuivant une quête que le flot, qui déjà reprend ses droits, est en passe d'écourter.
Et la mer revenue, une fois encore, n'apporte pas l'ennemi pressenti : on respire un moment les airs venus du large, on se félicite de cette journée de répit. C'est avec raison qu'on l'a pleinement vécue : qui sait de quoi demain sera fait...
* Guerres de vase
Où lire JCP
j'aime beaucoup cette vision du lieu, mais j'espère bien entendu que cela ne restera qu'une fiction futuriste :)
RépondreSupprimerOn sait pas, on sait pas, tout est possible...
SupprimerQuelle belle écriture. j'aime le rythme de ces alexandrins magnifiques, et l'évocation de ce paysage désolé est une explosion de mots. bravo !
RépondreSupprimer¸¸.•*¨*• ☆
Merci beaucoup Célestine, pour moi ces cabanes sur longues pattes ressemblent beaucoup aux robots guerriers de La Guerre des Étoiles...
SupprimerBeau récit, belle écriture, belle photo, belle ambiance, qu'ajouterai-je ? rien, j'ai tout aimé.
RépondreSupprimerMerci infiniment Anne, il y a là des souvenirs personnels de pêche à pied en Bretagne, avec des huîtres sauvages à pleins seaux et le Muscadet à pleins verres entre amis - sans compter ces relents de Guerre des étoiles...
SupprimerEt même un petit coup de pluie violette (purple rain)sur les cailloux découverts, en hommage à Prince (dont j'appréciais assez peu la musique cependant.)
Merci de cette belle réponse. Incroyable comme la vie de là-bas parait lointaine, exotique, étrange, vue d'ici, du (plat) pays. Merci JC (je déteste Prince mais je connais purple rain).
SupprimerL'huître et le vin blanc, comme les terres découvertes à marée basse et les cabanes à carrelet seraient-ils méconnus en ton pays ?
SupprimerAlors là, complètement ! Pas l'huitre (d'importation française), pas le vin blanc (itou), mais bon, on a les sous pour les payer. Pas les cabanes à carrelet, du tout !
SupprimerSauf bien sûr pour le vin, j'aurais pas cru Anne. Il y a cependant des parcs à huîtres en Irlande...
SupprimerMais vous avez les moules et la bière - à laquelle je rends hommage bien souvent !
Une belle poésie pour évoquer ce combat terre-mer où un Don Quichotte aurait aimé guerroyer !
RépondreSupprimerToujours gourmand de tes mots, JCP
Merci Vegas,
Supprimer...et j'aurais pourtant cru qu'on reconnaîtrait sur l'image et les mots les engins guerriers du film la "Guerre des étoiles" (l'empire contre-attaque) des "sombres siècles wadoréens"...
Je ne fus pas suffisamment explicite.
le titre de ton texte m'a ravi et aussi ta belle écriture dense, tendue et aussi pleine de poésie romantique.
RépondreSupprimerMuscadet et huitres sauvages : amitié chaleureuse et vrai bonheur
Merci beaucoup, j'aime beaucoup ces ambiances de basses mers, et les huîtres du rocher émergé, tellement meilleures que celles d'élevage.
SupprimerUne approche très originale pour le thème proposé. L'imagination est au pouvoir !!!!
RépondreSupprimerUne histoire qui a effectivement pour toile de fond, la guerre des étoiles mais aussi tous les film qui ont fait la une sur la terre après une dévastation terrible....
Merci Clémence, j'ai toujours trouvé certaine ressemblance entre ces cabanes sur hautes pattes et ces engins de la guerre des étoiles...
SupprimerUn récit qui tire sa hauteur de ton dans ses profondes alluvions, aux accents poétiques. J'ai goûté ça, dis donc !
RépondreSupprimerMerci Tiniak, à marée basse comme par haute mer, désenvasons la poésie !
Supprimer