La mille et deuxième nuit
Au soir du mille et unième jour, Schahriar se couche plutôt content de lui. Cette nuit, plus de risque d’être réveillé par la voix de Dinarzade posant sa sempiternelle question :
"Ma sœur, si tu ne dors pas et si le sultan est d’accord, veux-tu raconter la suite de l’histoire d’hier ?"
Non, cette nuit et les nuits suivantes, plus d’histoires ! Enfin une pleine nuit de bon sommeil. Le sultan ne tarde pas à s’endormir. Mais voilà qu’en pleine nuit, il est réveillé par une présence dans sa chambre…
Qui ose le déranger ? Clignant des yeux, Schahriar distingue devant lui les hautes silhouettes de deux génies, qui lui tiennent à peu près ce langage :
"Es-tu Schahriar le sultan ?
– Que me voulez-vous ?
– Tu reconnais avoir fait le serment de zigouiller ton épouse après la première nuit de vos épousailles ?
– Oui mais…
– Et ton épouse Shéhérazade est encore en vie, mille et une nuits après la cérémonie ?
– Je peux vous expliquer…
– Pas la peine. Nous sommes simplement chargés de recouvrer les créances magiques. Donc, à trois diamants de pénalité par jour de retard pour serment non tenu, l’amende s’élève à… trois mille et trois émeraudes premier choix.
– … !
– On peut te faire une ristourne… trois mille émeraudes tout rond, ça irait ?
– mais, heu… Monsieur le Génie, j’ai renoncé à ce serment, et pas plus tard qu’hier matin.
– Et alors ?
– Et puisque le serment est caduc, l’amende est caduque, non ?
– Mais pas du tout !
– Et c’est bien pire, dit le second génie : inobservance d’un serment, trois émeraudes par jour ; le parjure, c’est la mort !
– la mort ? Ah quand même… Et si je faisais trancher le cou de Shéhérazade tout à l’heure ? Comme ça je respecterai mon serment, non ?
– Oui, mais non, ça serait trop tard : tu t’es déjà parjuré.
– Et … un don aux bonnes œuvres des génies ?
– Pas la peine d’essayer de nous acheter. Bon, on n’a pas toute la nuit, on le zigouille et on rentre…
– Mais, enfin, il y a bien quelque chose qui vous ferait plaisir? Vous prendrez bien un peu de confiture de cédrat ? Un thé ? Des loukoums aux roses d’Ispahan ?
– C’est pas une ruse pour tenir jusqu’à l’aube en espérant qu’on disparaitra à la première lueur du soleil, au moins ?
– Non, je vous jure…
– Parce que, oui, on disparaitra à la première lueur de l’aube. Mais on reviendra la nuit suivante ! Et je te préviens, on est immortel ! D’ailleurs, après tout, te couper la tête cette nuit ou plus tard, pour nous c’est pareil. Alors, un truc qui nous ferait vraiment plaisir ? C’est tout simple, joli prince : à ton tour, raconte-nous une histoire."
Au soir du mille et unième jour, Schahriar se couche plutôt content de lui. Cette nuit, plus de risque d’être réveillé par la voix de Dinarzade posant sa sempiternelle question :
"Ma sœur, si tu ne dors pas et si le sultan est d’accord, veux-tu raconter la suite de l’histoire d’hier ?"
Non, cette nuit et les nuits suivantes, plus d’histoires ! Enfin une pleine nuit de bon sommeil. Le sultan ne tarde pas à s’endormir. Mais voilà qu’en pleine nuit, il est réveillé par une présence dans sa chambre…
Qui ose le déranger ? Clignant des yeux, Schahriar distingue devant lui les hautes silhouettes de deux génies, qui lui tiennent à peu près ce langage :
"Es-tu Schahriar le sultan ?
– Que me voulez-vous ?
– Tu reconnais avoir fait le serment de zigouiller ton épouse après la première nuit de vos épousailles ?
– Oui mais…
– Et ton épouse Shéhérazade est encore en vie, mille et une nuits après la cérémonie ?
– Je peux vous expliquer…
– Pas la peine. Nous sommes simplement chargés de recouvrer les créances magiques. Donc, à trois diamants de pénalité par jour de retard pour serment non tenu, l’amende s’élève à… trois mille et trois émeraudes premier choix.
– … !
– On peut te faire une ristourne… trois mille émeraudes tout rond, ça irait ?
– mais, heu… Monsieur le Génie, j’ai renoncé à ce serment, et pas plus tard qu’hier matin.
– Et alors ?
– Et puisque le serment est caduc, l’amende est caduque, non ?
– Mais pas du tout !
– Et c’est bien pire, dit le second génie : inobservance d’un serment, trois émeraudes par jour ; le parjure, c’est la mort !
– la mort ? Ah quand même… Et si je faisais trancher le cou de Shéhérazade tout à l’heure ? Comme ça je respecterai mon serment, non ?
– Oui, mais non, ça serait trop tard : tu t’es déjà parjuré.
– Et … un don aux bonnes œuvres des génies ?
– Pas la peine d’essayer de nous acheter. Bon, on n’a pas toute la nuit, on le zigouille et on rentre…
– Mais, enfin, il y a bien quelque chose qui vous ferait plaisir? Vous prendrez bien un peu de confiture de cédrat ? Un thé ? Des loukoums aux roses d’Ispahan ?
– C’est pas une ruse pour tenir jusqu’à l’aube en espérant qu’on disparaitra à la première lueur du soleil, au moins ?
– Non, je vous jure…
– Parce que, oui, on disparaitra à la première lueur de l’aube. Mais on reviendra la nuit suivante ! Et je te préviens, on est immortel ! D’ailleurs, après tout, te couper la tête cette nuit ou plus tard, pour nous c’est pareil. Alors, un truc qui nous ferait vraiment plaisir ? C’est tout simple, joli prince : à ton tour, raconte-nous une histoire."
Quelle trouvaille ! Magnifique. :-)
RépondreSupprimerEt c'est reparti pour mille et une autres nuits...
RépondreSupprimerExcellente, cette suite ! Belle imagination.
¸¸.•*¨*• ☆
Idée originale pour un livre qui ne sera pas refermé de sitôt...
RépondreSupprimerUne histoire sans fin, histoire de ne pas refermer le livre....
RépondreSupprimerUne "structure narrative" que l'on retrouve également dans certains contes pour enfants...