Le Deal
Le grand bug de l’an 2000 avait foiré, il fallait s’y résoudre.
Le Prince des ténèbres s’était cru Malin, mais il avait bel et bien loupé son grand soir.
Comme toujours en pareil cas, il accusa les cyber-démons d’incompétence majeure, et ceux–ci, (comme tous les sous fifres en pareil cas), menacèrent à leur tour des flammes de l’enfer les petites mains laborieuses. A savoir l’équipe des 666 branquignols hackers (recrutés il est vrai un peu à la va-vite sur un site d’intérim à la papa) qui, on n’est jamais trop prudent, s’étaient réfugiés sur le pic de Bugarach.
Ils furent contraints à signer avec leur sang un nouveau pacte qui s’appela LE DEAL, dont hélas il ne reste aucune trace.
Et pour cause.
Lucifer ne détestait pas vraiment internet : il y passait même de bons moments, et pas seulement dans le deep web, mais il était devenu jaloux des humains qui se moquaient de lui, usurpaient ses prérogatives pour recréer le mal sous toutes ses formes et le démultiplier à la vitesse de la lumière.
Et puis son job, c’était quand même de perdre les hommes…
Et un beau matin, miracle ! (façon de parler). Ecrans noirs sur tous les bureaux du monde. Vérifications, appels frénétiques, engueulades !
- où t’as foutu la liste des mots de passe ? pleuraient les ménagères de plus de 50 ans.
- t’as essayé de brancher ? rigolaient les pépés goguenards.
Bientôt les trottoirs de Wall street furent jonchés d’appareils lancés par les fenêtres, de peu suivis par les financiers eux-mêmes, comme aux plus beaux jours de la crise de 29.
Les cadors de la silicon valley mis en demeure par les puissants de restaurer le système se suicidaient en direct sur les plateaux des talk-show.
Puis les écrans télé eux-mêmes se couvrirent de lignes scintillantes. Sur les plateaux des talk-show les écrivains nonagénaires au visage déformé crachotaient : Quelle merveille de retrouver crayon et papier, la rature est d’une jouissance extrême…
Eh oui, dit Dieu venu s’asseoir sur le nuage d’où Belzébuth contemplait le spectacle. Eh oui, mon vieux (une familiarité engendrée par des millions d’années de compétition stimulante) eh oui, gros Malin, tu n’as pas réalisé que tirer sur un fil de la toile débobine tout notre foutu boulot ?
Très vite financiers, écrivains nonagénaires et trafiquants furent contraints à donner leurs ordres et délivrer des messages codés à la radio "l’essentiel est invisible pour les yeux ; le chat de la voisine aime la bonne cuisine ; dansons la carmagnole ; Marcel, chez Rico, comme d’hab ; elle me fait pouet pouet, je répète : elle me fait pouet pouet…"
- Quelle merveille que ces horribles liseuses ne marchent plus disaient les dames raffinées, tourner les pages d'un livre papier est si sensuel.. juste avant que Gutenberg ne s'attire les foudres des copistes…
- Quelle merveille d'élever des chèvres et cultiver des racines disaient les ministres écolos de retour dans les Cévennes, juste avant de se replier dans des grottes mal famées pour tenter d'échapper au tigre aux dents de sabre.
Quand même, Dieu, s'il te plait, implorait Satan, y'aurait pas moyen de faire "pause" de temps en temps ? J'aimerais bien revoir tranquillement mes séries préférées de massacres, surtout ceux en costume, la guerre de cent ans par exemple ?
Mais une nuée ardente emporta sa voix dans le fracas d'un méga volcan en éruption.
Bonjour chez toi, tonna Dieu, moi je retourne faire la guerre des étoiles !
Le Prince des ténèbres s’était cru Malin, mais il avait bel et bien loupé son grand soir.
Comme toujours en pareil cas, il accusa les cyber-démons d’incompétence majeure, et ceux–ci, (comme tous les sous fifres en pareil cas), menacèrent à leur tour des flammes de l’enfer les petites mains laborieuses. A savoir l’équipe des 666 branquignols hackers (recrutés il est vrai un peu à la va-vite sur un site d’intérim à la papa) qui, on n’est jamais trop prudent, s’étaient réfugiés sur le pic de Bugarach.
Ils furent contraints à signer avec leur sang un nouveau pacte qui s’appela LE DEAL, dont hélas il ne reste aucune trace.
Et pour cause.
Lucifer ne détestait pas vraiment internet : il y passait même de bons moments, et pas seulement dans le deep web, mais il était devenu jaloux des humains qui se moquaient de lui, usurpaient ses prérogatives pour recréer le mal sous toutes ses formes et le démultiplier à la vitesse de la lumière.
Et puis son job, c’était quand même de perdre les hommes…
Et un beau matin, miracle ! (façon de parler). Ecrans noirs sur tous les bureaux du monde. Vérifications, appels frénétiques, engueulades !
- où t’as foutu la liste des mots de passe ? pleuraient les ménagères de plus de 50 ans.
- t’as essayé de brancher ? rigolaient les pépés goguenards.
Bientôt les trottoirs de Wall street furent jonchés d’appareils lancés par les fenêtres, de peu suivis par les financiers eux-mêmes, comme aux plus beaux jours de la crise de 29.
Les cadors de la silicon valley mis en demeure par les puissants de restaurer le système se suicidaient en direct sur les plateaux des talk-show.
Puis les écrans télé eux-mêmes se couvrirent de lignes scintillantes. Sur les plateaux des talk-show les écrivains nonagénaires au visage déformé crachotaient : Quelle merveille de retrouver crayon et papier, la rature est d’une jouissance extrême…
Eh oui, dit Dieu venu s’asseoir sur le nuage d’où Belzébuth contemplait le spectacle. Eh oui, mon vieux (une familiarité engendrée par des millions d’années de compétition stimulante) eh oui, gros Malin, tu n’as pas réalisé que tirer sur un fil de la toile débobine tout notre foutu boulot ?
Très vite financiers, écrivains nonagénaires et trafiquants furent contraints à donner leurs ordres et délivrer des messages codés à la radio "l’essentiel est invisible pour les yeux ; le chat de la voisine aime la bonne cuisine ; dansons la carmagnole ; Marcel, chez Rico, comme d’hab ; elle me fait pouet pouet, je répète : elle me fait pouet pouet…"
- Quelle merveille que ces horribles liseuses ne marchent plus disaient les dames raffinées, tourner les pages d'un livre papier est si sensuel.. juste avant que Gutenberg ne s'attire les foudres des copistes…
- Quelle merveille d'élever des chèvres et cultiver des racines disaient les ministres écolos de retour dans les Cévennes, juste avant de se replier dans des grottes mal famées pour tenter d'échapper au tigre aux dents de sabre.
Quand même, Dieu, s'il te plait, implorait Satan, y'aurait pas moyen de faire "pause" de temps en temps ? J'aimerais bien revoir tranquillement mes séries préférées de massacres, surtout ceux en costume, la guerre de cent ans par exemple ?
Mais une nuée ardente emporta sa voix dans le fracas d'un méga volcan en éruption.
Bonjour chez toi, tonna Dieu, moi je retourne faire la guerre des étoiles !
Passionnant combat du bien et du mal avec des anecdotes croustillantes!
RépondreSupprimerOn va enfin prendre le temps de se faire pouet pouet comme au bon vieux temps :)
quelle texte réussi !
RépondreSupprimerla guerre du bien et du mal, de Dieu et de Satan, à la fois complice et adversaire, et le retour de l'humanité dans les cavernes ... Superbe idée !
Et puis je suis allé voir ton site avec tes œuvres qui m'ont totalement séduit !
Superbe imagination, Gutenberg met tout le monde d'accord.
RépondreSupprimerBien pensé bien écrit, j'aime !