Le futur des ruines.
Demain peut être ou bien
après demain, qu'importe, poussée par un désir irrépressible, je
reviendrai vers toi, abbaye perdue au milieu des bois limousins.
Je choisirai un après
midi ensoleillé de l'été et prendrai la route tortueuse et
ombragée montant vers le bourg et son imposant monastère.
J'aurai au passage, une
pensée pour Coco, pensionnaire de l'ancien orphelinat, avant de
devenir Chanel ou Mademoiselle.
Puis je poserai mes pas
dans ceux des moines cisterciens, bâtisseurs du célèbre canal. Je
le longerai jusqu'à ce point où je te devinerai tout en bas, dans
le creux du vallon vert. Je chercherai, comme d'habitude à
t'apercevoir dans ton écrin lumineux. Et tu seras là, dressant tes
fières ruines immortelles. Je m'appuierai alors au tronc du vieux
châtaignier bordant le sentier pour t'admirer encore. Quand l'ombre,
sournoise, te cachera à mes yeux émerveillés par ta beauté, je
quitterai à regret ce lieu empreint de magie.
Comme toujours, tu
m'appelleras et je ne saurai pas résister à ton mystère.
J'emprunterai le chemin bucolique, tout fleuri de bruyères mauves
descendant vers toi, construite par Saint Etienne au 12ème siècle.
Je mesurerai la majesté
et l'élégance de tes murs brisés, au granit imperturbable,
résistant au passage du temps et à ses morsures. Je les caresserai
et apprécierai leur fraîcheur dispensée par les eaux vives
cascadant alentour.
Puis je m'assoirai à tes
pieds et me plongerai dans ton histoire avec fascination.
J'entendrai le son grêle
de ton unique cloche et je verrai alors l'ombre des nonnes, le visage
caché sous la guimpe sombre, aller du déambulatoire du monastère
aujourd'hui disparu, jusqu'à ton chœur dévasté. Je les regarderai
se coucher sur tes pierres froides devant l'autel pour prier encore
dans le silence imposé par la Règle. Je m'imprègnerai de ce
silence qui me rendra ma sérénité comme lors de chaque visite. Que
cette paix reçue de toi sera donc exquise ! Rien ne troublera jamais
ta quiétude.
Il faudra cependant
sortir de cette bienfaisante torpeur quand le soir tombera ,
t'enveloppant de sa brume, quand je verrai tout là haut à la Roche
Bergère le ciel se consteller d'étoiles. Je partirai en sachant que
les ans glisseront encore sur toi longtemps sans te ravir ton
imposante modestie.
Tu ne mourras jamais, du
moins dans mon cœur.
La visite fut charmante… je repars sur la pointe des pieds
RépondreSupprimerBelle silhouette, élégante, oui !
RépondreSupprimerEt joli rythme, je ne sais pourquoi j'ai pensé à Hugo, demain dès l'aube..
C'est très joli et je me suis donc jointe à cette promenade paisible avec beaucoup de plaisir. "Demain, peut être, ou bien après demain" vais- je même réïtérer cette jolie excursion limousine.
RépondreSupprimerC'est curieux l'impression que nous laissent ces lieux en ruine, je pense qu'ils sont habités à tout jamais. ];-D
RépondreSupprimerune superbe évocation des ombres du passé, ton amour de ce lieu est palpable
RépondreSupprimertu marches là dans les pas de tant de personnes en prière depuis des siècles que cela t'inspire un récit sacré
RépondreSupprimer