La rose et la rainette
Un jeune crapaud se mourait d’amour pour une 
grenouille des alentours. Il en était tellement épris qu’il en perdait 
l’appétit. Faut dire qu’elle était belle la coquine ! Sa peau d’un vert jade 
paraissait la plus douce du monde ; ses reflets irisaient toute la mare. Il 
avait beau lui lancer des regards énamourés, lui faire des yeux de merlans frits, elle ne 
voyait rien... Elle ne pensait à rien, elle ne faisait rien… Il lui offrit des 
nénuphars géants les plus rares 
et les plus parfumés, les Nymphéas de Monet, les meilleurs photos de 
Depardon… Elle resta de marbre. 
Le vieux crapaud, le sage de l’étang lui 
suggéra de l’envoyer aux pelotes, mais qu’aura-t-elle fait sans aiguille pour 
tricoter. 
C’est la vieille Noiraude qui broutait pas 
loin qui trouva la solution. Elle se souvint qu’une grenouille avait voulu 
s’enfler pour lui ressembler ; ses copines après l’avoir encouragée s’étaient 
lassées de sa bêtise et l’avait envoyée sur les roses.
Depuis, elle squattait la fleur en s’agrippant 
comme une naufragée. 
Le jeune crapaud sécha ses larmes, acheta des 
roses, plein de roses et les offrit à l'élue de son cœur… 
Ont-il vécu un grand amour ? Je n’en sais rien. Mais je 
sais que chaque matin, à l’heure où la rosée perle encore, on voit une rainette 
allongée en plein cœur d’une rose rouge vif ! 
 
Comme quoi les roses ont surpassé les Nymphéas de Monet! Du moins, je le suppose... :)
RépondreSupprimerLorraine
Je comprends qu'une grenouille de marbre s'agrippe comme une naufragée! ou comment couler des jours heureux ?
RépondreSupprimerjoli conte qui nous vante la persévérance de l'amoureux pourtant maintes fois éconduit :)
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