« Après avoir longtemps erré dans la campagne »....De Georges Van Dal, XVII° siècle. Ecole flamande Baroque.
Le tableau est mis en lumière délicatement sur sa cimaise, savamment éclairée de l’intérieur par des diodes aux tons chauds.
A cette heure de l’après-midi, la salle des « Flamands méconnus » est parfaitement déserte.
J’observe le tableau. Le clair-obscur en est superbe. Des yeux, je suis la ligne indécise des arbres, leurs frondaisons croulant sous un ciel gris lourd de nuées. L’herbe semble de velours brun.
Mais ce qui me fascine, en fait, dans ce décor, c’est cette femme rousse, au grain de peau incomparable, dans sa robe de taffetas. On dirait une porcelaine de kaolin.
Qui est-elle ? Et pourquoi ce regard mélancolique semblant crever la toile comme une flèche jusqu’à mon cœur pour demander de l’aide ? Pourquoi est-elle hagarde, échevelée, frissonnante ? Pourquoi a-t-elle erré ainsi dans cette campagne automnale et lugubre ? Poussée par quelle sombre nécessité ?
A la naissance de ses seins lovés dans leur écrin de brocart, un collier de trois rangs de perles noires magnifie son teint laiteux. Il forme comme une barrière de « corps, aïe ! » interdisant au regard de descendre dans le sillon mystérieux de son corsage.
Je m’abîme depuis de longues minutes dans la contemplation du tableau, quand un rire doux comme un grelot retentit derrière moi. Je me retourne, surpris. Je n’avais pas entendu approcher quiconque.
Une jeune femme rousse me sourit. Sa peau de lait semble phosphorescente dans la pénombre du musée. Quelques mèches de feu s’échappent de son chignon. Son collier de perles palpite sur sa poitrine.
Interloqué, je regarde à nouveau le tableau. C’est alors qu’il me faut constater que la femme n’est plus à sa place, là, devant les arbres. Elle s’est comme effacée de la toile. Elle a disparu corps et biens.
Faisant volte-face à nouveau, pour témoigner de mon incompréhension à la belle inconnue, je ne peux que constater que celle-ci s’est évaporée également.
J’en suis là. Je n’ai pas d’explication. Ne comptez pas sur moi pour vous dire qu’il y avait des champignons à la cantine ce midi. Ou que j’ai abusé de quelque substance interdite brouillant les sens…
Le tableau est mis en lumière délicatement sur sa cimaise, savamment éclairée de l’intérieur par des diodes aux tons chauds.
A cette heure de l’après-midi, la salle des « Flamands méconnus » est parfaitement déserte.
J’observe le tableau. Le clair-obscur en est superbe. Des yeux, je suis la ligne indécise des arbres, leurs frondaisons croulant sous un ciel gris lourd de nuées. L’herbe semble de velours brun.
Mais ce qui me fascine, en fait, dans ce décor, c’est cette femme rousse, au grain de peau incomparable, dans sa robe de taffetas. On dirait une porcelaine de kaolin.
Qui est-elle ? Et pourquoi ce regard mélancolique semblant crever la toile comme une flèche jusqu’à mon cœur pour demander de l’aide ? Pourquoi est-elle hagarde, échevelée, frissonnante ? Pourquoi a-t-elle erré ainsi dans cette campagne automnale et lugubre ? Poussée par quelle sombre nécessité ?
A la naissance de ses seins lovés dans leur écrin de brocart, un collier de trois rangs de perles noires magnifie son teint laiteux. Il forme comme une barrière de « corps, aïe ! » interdisant au regard de descendre dans le sillon mystérieux de son corsage.
Je m’abîme depuis de longues minutes dans la contemplation du tableau, quand un rire doux comme un grelot retentit derrière moi. Je me retourne, surpris. Je n’avais pas entendu approcher quiconque.
Une jeune femme rousse me sourit. Sa peau de lait semble phosphorescente dans la pénombre du musée. Quelques mèches de feu s’échappent de son chignon. Son collier de perles palpite sur sa poitrine.
Interloqué, je regarde à nouveau le tableau. C’est alors qu’il me faut constater que la femme n’est plus à sa place, là, devant les arbres. Elle s’est comme effacée de la toile. Elle a disparu corps et biens.
Faisant volte-face à nouveau, pour témoigner de mon incompréhension à la belle inconnue, je ne peux que constater que celle-ci s’est évaporée également.
J’en suis là. Je n’ai pas d’explication. Ne comptez pas sur moi pour vous dire qu’il y avait des champignons à la cantine ce midi. Ou que j’ai abusé de quelque substance interdite brouillant les sens…
Qu’est-ce qu’on fait ? On se tait en le laissant dans son abîme de conjectures, ou on lui dit qu’il n’est qu’un personnage de Célestine créé pour un impromptu littéraire ?
Lire ce texte juste après avoir regardé le documentaire sur Philip K. Dick, ça vaut son pesant de cacahuètes ! Bravo, déesse venue du centaure !
RépondreSupprimerMais alors... Ce peintre, ce tableau et ce musée n'existent pas ? C'est tout bonnement du Van Dallisme ! ;-)
Merci mon oncle, pour ce jeu de mots une fois de plus à l hauteur de ton génie (bon je te l'avais quand même servi sur un plateau faut dire...)
SupprimerBises célestes
¸¸.•*¨*• ☆
j'aime énormément la magie de ce texte et son aspect fantastico-romantique :)
RépondreSupprimerne rêvons-nous pas tous un peu d'un musée qui s'animerait en nous faisant percevoir les personnages ayant repris vie...
Ah chère Tisseuse... je suis tellement heureuse de te plaire avec mon petit texte !
Supprimermerci beaucoup.
¸¸.•*¨*• ☆
La rousse a de jolis petits roberts,c'est un personnage "hors cadre" en somme. ];-D
RépondreSupprimerHé hé ! on voit que tu la connais bien... ;-)
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Admirer un tableau prête souvent à l'imagination un haut pouvoir d'évasion.
RépondreSupprimerAdmiration, imagination, évasion...
SupprimerVoilà des mots qui me parlent beaucoup.
Merci Pascal
¸¸.•*¨*• ☆
Beau texte mystérieux et envoutant.Certains tableaux nous font rêver.
RépondreSupprimerEst-ce un rêve, une illusion ?
Et si tout n’etait qu’illusion ?
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Bonjour chère Céleste,
RépondreSupprimerDepuis hier ou je découvris ton impromptu
Je m'interroge....
Sont-ce des personnages qui apparaissent ou sortent du cadre au gré de l'écrivain.. .....?
Ou bien est ce toi , la belle Rousse qui aspire à sortir d'un cadre devenu trop étroit?
On peut en tout cas ressentir comme une hésitation ou à tout le moins une interrogation: être ou ne pas être dans le cadre...
Le mystère est entier et toi seule en as la clé
Bises admiratives devant ce nouveau texte
Pierre
j'aime bien avoir la clé du mystère...mon côté Agatha Christie...
RépondreSupprimerMais tu as raison, parfois, on écrit des choses sans en avoir conscience...Et il est vrai que j'aime bien sortir des cadres établis que je trouve souvent trop étroit pour moi...et mon imagination débordante, si je puis dire.
Merci de ton passage, Petrus
¸¸.•*¨*• ☆
Moooouh... ! Dans la famille Mizenabym, je demande la "petite" Célestine ☆ ;)
RépondreSupprimerMe suis régalé de m'être bien fait balader. Merci, l'amie ♥
Merci Tiniak
SupprimerCe commentaire tardif me comble.
Une question tout de même :
Pourquoi « petite » entre guillemets ?
C’est vrai que je suis une grande sauterelle mais comment le sais-tu, toi ? :-)
Bisous célestes
¸¸.•*¨*• ☆