« Voudriez-vous avoir l'obligeance de bien vouloir baisser les yeux, mademoiselle, quand je vous parle ! »
Il était visible que mes rapports avec la dramatique Mrs Fellowstone, la surveillante générale, du temps de ma tendre et mutine adolinnocence au collège anglais de Glovenor, dont je narrai naguère une autre aventure ici*, commencèrent de façon saugrenue par un ordre que je ne comprenais pas. Mais alors pas le moins du monde.
Que l'on pût me réduire à regarder le bout de mes pieds, que je trouvais certes mignons et honnêtes dans leurs socquettes ourlées de dentelle, mais somme toute un peu insignifiants, me semblait une terrible erreur, doublée d'une sottise sans nom. Ne voyait-elle donc pas, cette vieille bique, que mon regard me trahissait et qu'en me regardant elle m'eût fait avouer bien plus vite le méfait dont elle m'accusait ce jour-là ? Elle aurait su tout se suite, en plongeant dans le lagon bleu cristal de mes prunelles, qu'ils brillaient de cette lumière particulière, insolente, triomphale, de la coupable qui est fière de sa faute vénielle.
Au lieu de cela, elle m'obligea à courber l'échine, et à baisser le regard, perdant à tout jamais l'occasion de prouver que c'était bien à moi qu'il avait pris la fantaisie de traverser le parc, et de vagabonder dans le brouillard au petit matin, diaphane dans une robe en voile vert d'eau, avec rien dessous que ma nubile nudité. Je niai ma faute avec énergie. Quelle bien grande faute en vérité ! Je voulais seulement prouver à cette peste d'Abigaïl Fletcher que je n'avais pas peur des fantômes, et j'avais trouvé politique et audacieux d'aller les affronter sur leur terrain, à l'heure blanche. Mais ceux-ci restèrent invisibles, donc introuvables.
Les jeunes gens du « Boys' square », eux, n'en perdirent pas une miette, les yeux exophtalmés par les vapeurs de vin et de bière de la veille, obnubilés par la géométrie variable d'une partie de leur anatomie. Et moi, je courais sur le gazon sans me soucier d'attiser les regards par mon innocence, telle une Vénus dans sa psyché.
*Une autre aventure
On se doutait bien qu'à te fixer les yeux dans les yeux dans ta zone de commentaires ou ailleurs tu finirais bien par tout nous avouer !
RépondreSupprimerQu'est-ce qu'on a raté ! Et ces idiots d'Anglais qui veulent sortir de l'Europe ! Savent pas ce qu'ils perdent, ces rigolos-là ! ;-)
Et pourtant dans Brexit, il y a "excite"... ;-)
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J'adore. Les deux histoires. A quand la suite ? Cette Angleterre, ce collège et ce ton espiègle te vont bien. Et donc à tes lecteurs.
RépondreSupprimerBises.
Ah pourquoi pas une suite ? Si un des sujets prochains s'y prête... (ou s'y donne, ne soyons pas radins) ;-)
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J'eus aimé être là, avec ou sans bière...
RépondreSupprimerC'était au temps de ma splendeur...;-)
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Un délicieux assemblage d'humour et de poésie ...
RépondreSupprimerAh merci cher Loïc. Je m'y emploie et je me paie de mots mais ça marche. Il y a de bonnes conventions collectives sur ce blog...
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J'avais posté un com... Les fantômes l'ont effacé (des jaloux sans doute)
RépondreSupprimerJe disais, tu étais :
La nymphe aux pieds mutins,
Qui courait nue chaque matin
Sous l'œil des mâles voisins
Libidineux z'et coquins. ];-D
Les fantômes de la blogo sont facétieux !
SupprimerJoli quatrain Andiamounet.
Tu as vu que j'avais publié ta fable en commentaire chez LilouSoleil ?
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un petit côté très "Harry Potter", ou plutôt effrontée comme Hermione :)
RépondreSupprimer(dans les deux histoires dont je me suis régalée)
C'est vrai, je me retrouve bien dans Hermione.
SupprimerMerci chère Tisseuse pour ton enthousiasme qui me fait du bien.
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'Apocalypse Now' version Terrific Park... 0_0' !!
RépondreSupprimerJe ne connais ni l'un ni l'autre alors j'ai du mal à comprendre la référence !
SupprimerMais je gage que je peux prendre ça comme un compliment... ;-)
De ta part, hein...
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Tu as le don de planter un décor Célestine et avec de jolis mots l'agrémenter d'une belle histoire. Je l'imagine très bien, ta collégienne anglaise, sage en col claudine le jour et impudique la nuit venue.
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ces élogieuses paroles, Marité.
SupprimerLe sujet était inspirant, sans doute, pour moi...
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