Garde
à vue un 7 janvier
Mon précieux derrière valdingua à travers le commissariat sous la poussée du 43 fillette du chef de car. Le ruban de papier tue-mouche, en forme de point d'interrogation, qui ornait la salle des enquêteurs, vibra dans le sillage de mon vol plané, les blattes coururent se cacher au bas des classeurs métalliques, les araignées replièrent leurs toiles en vitesse pour les fourrer dans leurs holsters, sur le bureau de l'inspecteur principal la photo de son épouse et de ses enfants, qui agitaient gaiement leurs menottes, vacilla.
« Seigneur, des
anneaux ! » s'écria l'agent de faction, car de mes poches
ruisselèrent des bagues, des colliers, des boucles d'oreille, des
timbales de baptême, et toute une verroterie de mots poétiques. La
nuit avait en effet bien commencé, sous la lune furtive, jusqu'à
cette ronde qui m'avait poissé.
On m'assit sur une chaise
en face de l'inspecteur, qui remettait d'aplomb l'émouvante photo de
ses êtres chers tout en finissant d'écraser sa larme de service.
« M'sieur l'agent » dis-je pour l'énerver. « Oh ça
va ». Notre connaissance mutuelle, au fil de mes gardes à vue, nous
avait permis de nouer, jusqu'à, parfois, l'attacher au radiateur,
cette amitié solide.
Mais notre entretien
tourna court, lorsque tous les vieux téléphones en bakélite se
mirent à sonner en même temps et que les effectifs s'égaillèrent
dans les rues de Paris, où la liberté d'expression, et la liberté
tout court, venaient d'en prendre un sale coup dans un attentat.
J'appelai « Y a quelqu'un ? », mais mon cri aigrelet
résonna dans le violon désert, ricochant de cellule en cellule.
C'est ainsi, le commissariat vidé, que je recouvrai mon précieux
butin de bimbeloterie et la liberté, qui, elle, n'est pas de la
pacotille.
Il y a des 43 fillette qui se perdent!!
RépondreSupprimerBien dit Vegas !
RépondreSupprimerje crois que ça les aurait bien fait marrer :)
RépondreSupprimerTisseuse
L'humour d'un récit, le tragique d'un attentat réel évoquent dans les derniers mots, l'essentiel: la liberté pour laquelle on meurt. ingénieux!
RépondreSupprimerLorraine
Merci de ta lecture, Lorraine. J'ai commencé cette 'histoire mercredi matin. A midi je ne savais plus qu'en faire ni comment la terminer, car ce qui s'était passé est très grave..J'ai bricolé l'histoire. Au final il y a ce jeu innocent de gendarmes et de voleurs sans cesse recommencé, et puis la liberté à sans cesse chérir...
SupprimerDélicieux récit dont la qualité honore l'esprit de la lettre, tant meurtri.
RépondreSupprimerBelle façon d'incorporer l'actualité à une consigne, un gros bravo !
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