Quand on allait chez Daniel, à la sortie du cours d’histoire, on se sentait pousser des ailes, les ailes de la liberté retrouvée, tellement nous étions pressés d’y arriver.
Dans ce lieu chaleureux, avec ses petites tables typiques et leur faux marbre, ses chaises en bois marron foncé, sa collection de vieux porte-clés sur les murs, et ses affiches de publicités des années soixante ou soixante-dix, son vieux comptoir de bois luisant et usé, son parquet de bois qui grinçait sous les pas, on oubliait tous nos soucis.
Il avait toujours un sourire, un bon mot pour nous accueillir. Et alors, envolées idées noires, turpitudes estudiantines, professeurs, devoirs, leçons, mauvaises notes, parents. Envolées ceux qui se moquaient de nous, de ce que nous étions, par défi ou par bêtise ! Il savait trouver les mots justes pour nous conseiller et nous réconforter.
Pour nous y rendre, il fallait prendre la petite ruelle qui jouxtait la marchande quatre saisons, et le poissonnier, pour arriver sur une petite placette où trônait au centre une fontaine de pierre où évoluaient des poissons rouges. Son troquet se trouvait en face et sa devanture ancienne nous faisait de l’œil !
À peine la porte passée, une clochette alerte nous recevait dans cet endroit qui paraissait ne pas avoir bougé depuis trente ans ! Un café, un soda, un jus d’orange, ou un thé nous attendait toujours, et même si nous ne payons pas à chaque fois. Et là, assis à une table, au son de cette vieille radio qui égrenait à côté du jukebox des vieux tubes, on pouvait lui dire tous nos soucis, tous nos problèmes, ou connaître les dernières nouvelles…
Aujourd’hui, nous sommes de nouveaux réunis, la vieille bande d’amis.
Aujourd’hui nous suivons Daniel pour son dernier voyage.
Nous sommes tous là pour l’accompagner, lui qui nous a tant donné, en ce jour pluvieux, jusqu’à ce cimetière qui se trouve à côté de la ville où nous avons été au lycée et qu’il n’a jamais quitté.
C’est une part de nos souvenirs qui s’en va, c’est une part d’humanité et de gentillesse.
Mais lui restera avec nous…
Très émouvant hommage au cabaretier
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