Mamily - A la sortie du cours d'histoire

Quand on allait chez Muguette, à la sortie du cours de solfège.
On se dispersait, mes copines et moi, pour guetter, cachées derrière les arbres de la place Gambetta, si un de nos parents ou une connaissance n'était pas dans les parages.
Bien sûr, on avait monté un bobard.
On avait inventé une prolongation du cours sous prétexte de préparer un concours de musique.
Les répétitions étaient censées durer deux heures.
Pendant ce temps, nous organisions nos premières surprises parties de fin de semaine, dans une petite pièce du sous-sol de la villa des parents de Muguette.
Il y avait Clément qui jouait de la trompette -C'était notre Duke Ellington- Missoum, virtuose de la batterie.
Robert, merveilleux pianiste.
L'accordéon de Victor nous mettait en euphorie.
On tourbillonnait sur des airs célèbres de valse.
Le disque ''La Foule'' chanté par Edith Piaf était notre préféré.
André avait installé un micro sur pied.
Nous, les filles, on s'exerçait à chanter et danser sur les rythmes à la mode de l'époque.
Nous connaissions tous les succès de nos idoles.
Il y avait Odette qui twistait à merveille.
Eva chantait ''C'est si bon'' accompagnée par Clément à la trompette bouchée.
Moi, j'imitais la coiffure ainsi que l'habillement de Sylvie Vartan.

J'interprétais toutes ses chansons qui n'avaient aucun secret pour moi.
Le dimanche après-midi, on racontait qu'on allait réviser nos cours en groupe et on profitait de l'absence des parents de Lorette pour retrouver plusieurs autres copains qui venaient nous rejoindre.
On faisait semblant d'apprendre les leçons d'histoire qui nous rebutaient, sur les airs qu'on connaissait par cœur mais cela ne nous réussissait pas.
Les après- midi se passaient plutôt en démonstrations de jazz ou de javas mais nous aimions surtout les slows qui nous permettaient de nous serrer contre notre partenaire et de flirter :
Premiers émois
Premières caresses
Le temps n'a fait qu'en estomper le souvenir toujours présent dans ma mémoire.