Par Béatrice Bougred’Anne de Louvain-la-Neuve, notre envoyée spéciale à Athènes
Nous relayons la dépêche
publiée hier dans Le fil d’Hellène et
Athens
News Agency. Elle dévoile
enfin la vérité à propos d’une section mythologique de son passé. Intitulée La
sphinge, Œdipe et l’énigme de la nouvelle orthographe extramuros (en un mot), notre envoyée spéciale s’est vue
amputée d’une partie de son nom et publiée sous le patronyme de Bougredane, un
comble. Nous présentons nos excuses à notre représentante.
Voici un petit rappel
historique bienvenu que nous trouvons dans les célébrissimes Contrées
des mythes et légendes de tous les temps et de tous pays, volume 453,
82e édition, abrégeons, je vous prie, les numéros ordinaux le plus
simplement du monde ! Le roi Oidípous était devenu Œdipe pour satisfaire
la mode pas prétentieuse des SMS et la prononciation [édip] qui allait avec,
s.v.p. merci, car il restait très pointilleux sur le sujet, en œnologue
parfait qu’il était, et aussi avec [é] comme dans hélas, ce
qui se conçoit bien s’énonce
clairement, et blablabla…
Le sémillant Œdipe que
les jeunes Sioux du quartier traitaient toujours de Pied enflé, ce qui avait le don de l’irriter prodigieusement,
revenait de sa visite mensuelle à la Sphinge. Vingt-et-une années plus précisément, avec les
traits d’union à présent imposés entre tous les chiffres, qu’Œdipe se tapait
cette corvée, dont les années bissextiles !
Je vous rappelle tout à
fait entre nous, que la Sphinge avait sauté dans l’abime dont le chapeau de la
cime disparait désormais en toute simplicité, comme sur l’ « i »
de disparait
d’ailleurs, dont c’est la nature même. Soit, mais c’était de bonne guerre de Troie comme disait le proverbe, car
peut-être aurait-elle lieu ou pas, comme les bottes qui en comptaient sept.
S’il vous en souvient, mais
je sens qu’il ne vous en souvient guère, après qu’il a tué le paternel, avec l’indicatif
qui suit, celui qui allait épouser sa mère (vous me suivez toujours ?) avait
résolu l’énigme de la Sphinge, au
féminin, puisqu’on était en Grèce, paradis de l’interlope et pas en Égypte, où
les pharaons bien qu'en robe également, ne laissassent guère planer de doutes
sur leur sexe toujours dominant sur l’autre et pas d’accent circonflexe sur
n’importe quels temps des verbes.
Mais comment cela arriva-t-il ?
Nous convînmes d’éclaircir ce cas grec et, je rappelle en passant, que les
accents chapeaux sur les déclinaisons et inclinaisons du passé simple restent
tels quels, inchangés, nouvelle orthographe ou pas.
La Sphinge était fille du
grand chef mâle La fumée dont mon petit
ami Wikiped nous conte les aventures. Toute étymologie relate des exploits dans
l’évolution à travers les temps. Moi, je n’ai aucunement étudié le grec, mais si
l’on s’en réfère à Martine L’écrevisse que certains connaissent, j’insère ici
les signes cabalistiques dont la cabale n’a rien à faire, Τυφάων / Tupháôn ou Τυφωεύς /
Tuphôeús, de τῦφος /
tũphos donc.
Echidna, la mère de
Sphinge, n’avait engendré que des sauvages féroces et difformes, à ce que raconte
toujours Wikiped. Cerbère n’était pas le plus affreux avec ses trois gueules.
Il y a avait aussi les vents malfaisants, la sanguinaire truie de Crommyon, devenue
la plus terrible injure de tous les temps, le renard de Teumesse (quelque chose
en moi de Teumesse ?), la Sphinge évidemment, l'Hydre de Lerne, qui aura à
faire avec Hercule, mais c’est une autre histoire, la très singulière Chimère à
trois corps, le rampant reptile Ladon à têtes multiples stroboscopiques, Orthos
(Portos et Aramis, viendraient plus tard), le lion de Némée (et pas de mémé),
le dragon de Colchide (dans les prés) et l'aigle du Caucase qui, dit-on, avait
les foies.
Comment voulez-vous que
ladite (en un mot) Sphinge soit normale avec une telle famille ? Elle
était si difforme que pour se dégoter un mari, même très laid, car elle n’était
pas difficile, sur les sites de rencontre branchés et payants, il n’y eut rien
à faire, peau de Zébi, rien, nada, que dalle, elle ne trouva jamais cothurne à
son pied. Résultat, elle enquiquinait le
bon peuple par ses énigmes à deux drachmes et balançait le quidam par-dessus les
rambardes.
Arrive Œdipe sur son
cheval bai, sifflant un air connu de tous, l'air dégagé, Pourtant que la montagne est belle, comment peut-on imaginer, etc.,
le pied moins enflé que d’habitude, car il venait de sortir d’un bain à l’eucalyptus
que l’on prétend souverain.
La Sphinge lui pose donc
les questions ad hoc, qui est-ce qui ? (pour trouver le sujet d’un verbe,
rien de tel), mais, tout à fait entre nous, cette énigme n’était pas si
difficile à résoudre. Évidemment c’est plus facile à dire après qu’avant, me
rétorqueront les grincheux qui sont nombreux.
Cependant, dans l’intimité qui nous est offerte ici, j’affirme que les Grecs
n’étaient pas aussi futés qu’on l’a prétendu, car ces philosophes auraient
soi-disant inventé la philosophie et les corps parfaits, pectoraux d’athlètes, attirails
masculins souples et fermes. Mais franchement, dans le marbre on peut
tout rendre consistant de la queue à la pointe des mamelons, non ?
Bref, Œdipe sur ses éperons lui donne la bonne réponse tout de go. Voilà notre
Sphinge obligée de reconnaitre, sans accent circonflexe, qu’il lui a damné
le pion ! De désespoir, elle se jette donc
dans le vide. Mais, coup de tragédie grecque, elle ne meurt pas ! Contrairement à ce que colportent les mauvaises
langues depuis toujours, un chat à sept vies et, malgré quelques bleus sur son
beau buste, les ailes font le reste puisque c’est un oiseau. Et il convient de déciller
les yeux de ces mythologues à la noix engagés dans les chaussetrappes (accrochez-vous
avec les noms composés) de l’histoire et les mites rongeuses d’un passé bien garni.
Les ailes sont faites pour voler, nom d’une pipe ! Ça ne s’écrase pas en
bas d’une montagne comme un vulgaire kebab jeté par-dessus la jambe fût-elle
grecque. Elle avait donc fait le grand
plongeon, oui, mais n’était pas décédée pour autant. Les légendes ont la vie
dure comme les sales bêtes et la bêtise.
J’époussète volontiers
les tiroirs de l’histoire, vous l’aurez remarqué, puisque ce verbe s’époussète lui-même,
l’accent grave ayant remplacé les deux « t » pour les besoins de la
prononciation. Je vous accorde benoitement, est-ce si grave d’enlever le circonflexe
sur les « i » et les « u » ? Mais pas partout, un peu
de self contrôle. Il est un fait plus qu’avéré que les hommes
époussètent rarement leurs petites affaires. Quoi qu’il en soit, biffons toute
ambigüité dans le récit, car vous apercevez aussi que le tréma vient se caler
sur l’« u » qui s'entend, contrairement à l’« i », ce qui
est diablement plus logique et n’a rien à voir avec Lully.
Devenu calife à la place
du calife et compte tenu de son pédigrée, les mots étrangers acceptent
désormais la contamination du français accentué, Œdipe avait profité de la
reconnaissance éternelle de la plèbe ravie de la disparition de cette
enquiquineuse de Sphinge et de la fortune passepartout qui lui étaient tombée
dessus sans blablas, sans prêchiprêcha. Gardons-nous d’éradiquer ces chers circonflexes
sur les « a », « e » et « o » et dans un grand
tohubohu, soudons les mots composés d’onomatopées, topons là.
Pour meubler ses
passetemps (en un mot) et les après-midis (en deux mots) avec Œdipe, la Sphinge
inventait les devinettes d’une Triviale Poursuite dont les questions mettaient
le feu aux neurones du héros : combien de pays compte l’Union européenne,
par exemple, et sans majuscule à européenne qui est adjectif. À qui appartiennent
les chiens de chasse les plus connus du royaume d’Angleterre ? Un indice,
ils sont brun clair et donc adjectifs de couleur composés invariables,
etc.
C’est ainsi que se
termine ce récit plein de péri-péties que nous aurions volontiers laissé
mariner vu que laisser suivi d’un infinitif est invariable aussi, quelle chance.
Mais le mezzé de midi me sonne les cloches et je dois partir. Sachez toutefois
que vous pourrez retrouver bientôt les aventures rocambolesques et
mythochondriaques de ce que l’on appelle, de nos vœux les plus chers, la
nouvelle orthographe et cela sans exéma dont nous simplifions la graphie dans
un millefeuille de plaisir, itou !
j'ai eu un peu de peine à te suivre dans tout cet imbroglio mythologique, mais, pardieu, quelle verve :)))
RépondreSupprimerC'était le fil d'AriAnne et tu l'as suivi jusqu'au bout. Bravo Tisseuse. La liberté et une grosse bise t'attend au bout du labyrinthe.
SupprimerEt "t'attendent" au pluriel, même l'ancienne orthographe le prescrivent !
SupprimerAnna, ma soeur Anne, toi qui disait ne rien voir venir .....que le soleil qui poudroie.... c'est de la poudre aux yeux que tu nous desserts avec envolées et effets de Manche !
RépondreSupprimerTu as fais du lourd....Un peu indigeste, mais je me suis régalée tout de même! Avec une telle debauche de créativité présentée sur la table des Impromptus ..on ne crache pas dans la soupe !
L'indigestion, avec un petit Motilium, ça passe. Je vois que tu as mordu dans l'os et rien recraché et c'est très gentil, Clémence. La Bougred'Anesse se ploie de reconnaissance !
SupprimerSachons gré à la réforme de l'orthographe de susciter un récit épique de la mythologie hellénique. Savoureux jeux de mots plus "actuels" . Mais c'est sûr, il faut s'accrocher !
RépondreSupprimerCertes mais quand on s'accroche, on gagne la victoire, olé. Merci Lira.
SupprimerBien joué tout simplement!
RépondreSupprimerMerci Fred.
SupprimerQuels propos amphigouriques, quand le plaisir d'écrire dépasse celui d'être lu ! Déclamer sa prose est une chose, tenter de rallier à sa cause, c'en est une autre, mais est-ce bien important à l'heure où les accents ne sont même plus graves?... Désolé, j'ai zappé bien avant la fin.
RépondreSupprimerDu moment que vous me rejoignîtes un moment, c'est déjà ça ! Merci Pascal.
SupprimerPour qui ne connaît le grec, voilà qui est envoyé !
RépondreSupprimerTrès belle performance.
Grand merci Jean-Claude.
Supprimerun total délire mythologique et orthografique qui m'a embarqué sur la mer Egée :o))
RépondreSupprimerMerci l'Arpenteur d'étoiles des toiles et des délires. On embarque dans le vôtre également (avec sourire de complicité croisée, voir mon commentaire sur votre texte)... Comme sont agréables ces embarquements vers des contrées exotiques d'univers et de mots si différents (
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