À vingt-cinq ans elle est plutôt bien gaulée la Béa. Comme qui dirait que le bon dieu l'a bien faite. Grande brune, élancée avec une paire de seins qui défient le regard et un cul à faire se damner un saint.
Bref tout le monde la mate la môme et inutile de dire qu'elle le dandine son popotin et que ses balancements font gonfler tous les calbars. En bref la Bougredane c'est une bombe.
À la Défense où elle travaille y a plus d'un gonze qui a dû se faire reluire le polichinelle après l'avoir suivie des yeux.
Faut dire qu'elle met des jupes pas plus grande qu'un timbre poste et pour ne pas regarder en dessous faut être un innocent. Rien qu'à voir ses lèvres pulpeuses surlignées au gloss tu rêves d'elle sans y penser.
Imagine La Défense, un quartier d'affaires populeux. Sur le parvis il y a de la valetaille qui se croise pour aller bosser. Je suis sûr qu'un bon nombre a modifié ses horaires rien que pour elle, pour l'apercevoir, lui proposer un verre, un repas, une après-midi au Love-Hôtel ou de l'argent.
Sans succès.
Bea Bougredane n'est pas une pute.
En plein hiver elle te réchauffe l’œil et le slip en même temps et faut la voir au bal des pompiers pour la Saint Valentin avec un bataillon à ses pieds.
Sur le parvis certains l'abordent mais elle ne les voient pas. Elle ne répond donc jamais et n'ouvre la bouche que pour rigoler ou par bailler.
Des ragots circulent sur elle. Les gonzesses du coin la haïssent. Elle est trop belle. Combien de réunions de Comité d'Entreprise, de Conseils d'Administration, de repas d'affaires se tiennent sans qu'elle figure à l'ordre du jour et pourtant...
Bougredane c'est l’Esméralda de La Défense, tout le monde en parle, tout le monde en rêve, tout le monde la veut dans son plumard, tout le monde raconte une hypothétique partie de jambes en l'air, On l’affuble de tous les noms en « asse » par dépit, par jalousie.
Bougredane s'en amuse. Des Pdg, bureau en haut des tours, ont mis quelques billets sur la table pour espérer sa bouche ou ses fesses.
Pas de chance l'argent ne l’intéresse pas plus que ça.
L’Esméralda est intouchable malgré les cancans.
Elle s'en amuse. On dit d'elle qu'elle est muette, bête, bègue et bêcheuse. On dit d'elle bien des choses.
La rumeur se propage mais c'est mal la connaître la Bea Bougredane.
Elle est fière.
Certes elle a une voix grave. Et chaque matin elle prend bon nombre d'hormones pour développer ses seins et ses fesses mais quand elle baisse son string elle a encore son bel appendice.
Cependant l'été prochain elle ira à Bangkok pour achever sa transformation. Le chirurgien lui façonnera un joli minou avec des lèvres ourlées et avec un peu de phonochirurgie sa voix deviendra plus aigüe.
Elle n'en reviendra que plus belle et continuera de hanter le parvis de La Défense et comme avant ignorera tous ces mâles en rut.
Elle n'est pas aussi sotte qu'ils le pensent la Béatrice Bougredane.
Un texte fort et profond à la fois. Je dirais même émouvant car il fait vibrer une corde bien particulièrement.
RépondreSupprimerJ'ai aimé la structure et le déroulement de cette chronique !
Merci Clémence.
SupprimerIl m'arrive de temps en temps d'écrire sur des sujets moins abordables ou plus dérangeants mais j'aime bien.
Lorsque l'écriture est belle et noble, je pense qu'aucun sujet soit tabou....à mon avis....
SupprimerCette Béa gagne à être connue, jusqu'à la chute... enfin c'est mon point de vue :)
RépondreSupprimerC'est pas le Niagara mais le Rhin est beau !
SupprimerBelle aventure; j'étais séduit jusqu'à ce queue...
RépondreSupprimerQue raie pondre !
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