vendredi 26 février 2016

Anne de Louvain-la-Neuve - Encore

Le tango de la mort qui tue !

Crânement gironds et chauves, superposés le long du mur du son, nous faisons tapisserie ! Sur la photo, le troisième au deuxième rang en partant de la gauche, c’est moi. En toute confidence, beaucoup d’idées toutes faites se colportent à propos de la mort : les fantômes, les squelettes, les âmes, les esprits et tutti quanti. Le nec plus ultra bien connu qu’on peut traduire littéralement par plus rien au-delà me claque les mandibules ! Force m’est de constater, avec le recul qu’impose mon funeste état, que rien n’est vrai, que dalle ! Nihil novi sub sole, peut-être mais pas ici. Si vous me lisez, c’est que vous avez enfin découvert mon blog, un super site que j’ai modestement nommé la Cadrature du Continuum Céleste (CCC) dont le but est d’explorer l'après-cosmique, les nuages de perceptions erronées au travers desquels l’homo sapiens (laissez-moi rire !) s’est engouffré sans coup férir !

Vous serez sans doute renversé si je vous confie qu’in articulo mortis, un rien nous sépare de l’abime (sans chapeau) dans lequel on plonge sitôt le couperet tombé. Alors, tout change : on perd la tête. Pas au sens figuré mais au sens propre : le lien soi-disant indéfectible qui unit ces deux entités dissemblables se rompt définitivement. La tête s’en va de son côté et les corps, eux, dérivent du leur sans heurt et sans attaches, c’est vache se récrieront certains !

Cette dichotomie du caput et du corpus apporte l’incommensurable dimension de ce qu’est l’être humain, ce dont on ne se rend pas compte quand on est vivant et prisonnier de sensations souvent fausses : un corps qui ne jouit pas d’un esprit petit, pacageant dans l’erreur imbécile. Mourir pour percevoir enfin la complétude du tout de l’ecce homo dans le tout, o altitudo ! 

Sitôt dégagée des entraves corporelles, l’errance des libellules fond sur les têtes comme les bolides aux 24 heures du Mans, à fond de train ! Penser ce qu’on veut parce qu’on peut et réaliser qu’il n’y a plus les limites obstinées d’un corps obtus agrippé aux testicules de ses propres inhibitions ne peut s’évaluer qu’à l’aune de la problématique du terrestre. L’esprit peut ainsi baguenauder dans les prairies d’un infini évanescent.

De leur côté, à présent affranchis des contraintes neuronales souvent psychorigides, les corps se défont de leur flemmardise pataude sui generis dans le fourmillement d’une jeunesse débridée. Les guiboles s’enhardissent en entrechats dodécaphoniques alors que les bustes se font flexibles, avants renversés tourneboulés, hop, du délire à la rencontre d’une bohème paradoxale et commutative, une flânerie d’alouette sans conséquence, des gribouillis dénués de toute importance et une légèreté quiète et délassante. Un corps qui s’essentialise, si je puis susurrer de la sorte. 

Et tous les samedis ? Le grand bal populaire des parias-pour-rire (GBPPPR) rassemble pour la circonstance, les têtes, et corps et genoux, pieds, genoux, pieds, je m’égare. C’est le moment que tous attendent : le délicieux tango des raplaplas, surge et ambula, comme disait l’autre, levez-vous et marchez. Les corps se choisissent une tête qui leur plait et vice versa, le rêve humain en quelque sorte. Alors se décline sur les temps forts des mesure en deux temps, la marche d’un corpus gaillard sur lequel un caput mundi guide le ressenti de l’interprétation en liberté.

S’agrippent de la sorte ces partenaires post-mortem, o tempora ! o mores ! Un pas avant, un demi-tour, abrazo, et tout le monde s’envole en l’air. Tu me tiens, je te tiens pas la barbichette (que je n’ai plus). Ah, ce tango que j’ai vénéré dans mon ancienne vie, que je t’ai aimé comme certains snifent l’opium ou d’autres l’art contemporain. Avec passion, conviction, l’enthousiasme délirant d’une exaltation argentine. Vade retro satana, c’est cela qu’on appelle le paradis.

8 commentaires:

  1. Je ne t'avais pas reconnue mais j'ai tout compris, surtout l'image des 24 heures du Mans (normal) :)

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  2. Pourtant, je n'ai pas changé, je suis toujours... Merci Vegas ! Et merci Guillaume (c'est le nom de mon fils ainé).

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  3. voilà une danse macabre tout à fait saisissante :)

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  4. Ajoutez Mistral à decorner les boeufs. ... quel delire, mais quel délire. ...Anne, ma soeur Anne, d'où vois-tu tout cela venir et danser?

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    1. C'est l'expérience des années qui passent et mes connaissances en informatique font parvenir aux vivants que vous êtes ces détails de notre vie là-haut. Ne vous pressez-pas. Ce tango, nous le danserons un jour...

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  5. Je remercie ton petit paradis d'avoir su m'inspirer des nuits folles au GBPPPR.

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