La petite Béatrice naquit dans une grange alors que Monsieur
et Madame Bougredane n’espérant plus avoir d’enfant. Aussitôt quelques fées se
penchèrent sur le berceau du poupon et lui firent mille dons, les plus
ambitieux, les plus charmants qui puissent
exister.
Dans la porcherie d’à coté, Cochonnet vint au monde dans la bauge de sa mère Madame Goret, qui n’en
pouvait plus d’avoir des rejetons aussi nuls les uns que les autres. Elle avait
beau changer de compagnons rien n’y faisait…
Les enfants grandirent. Béatrice devint aussi belle et aussi
intelligente que les prédictions…
Chez les Goret, Cochonnet grandit mais très tôt, il se mit
en quête d’un boulot car il comprit très vite que la famille composée,
décomposée et recomposée ne ferait rien pour lui. Il n’avait pas envie de
suivre le chemin de ses frères et sœurs.Il devint charcutier et créa un saucisson dont on dit qu’il
est délicieux, et fit fortune et sa fabrique devint « Cochonnet Goret »
Mlle Béatrice Bougredane eut du mal à se sortir de la boite
en coton dans laquelle on l’avait élevée et finit elle aussi par créer sa
propre marque pour concurrencer les saucissons « Cochonnet ». Et les
saucisses Bougredane connurent une réputation mondiale.
Mais la flèche de Cupidon frappa et Cochonnet tomba raide
amoureux de Béatrice. Ils convolèrent et pendant quelques années ce fut une débauche de pâtés,
foie gras, jambons etc… On oublia les
valeurs sûres qui firent leur fortune.
Pendant ce temps, un certain Julien Gridou faisait son
chemin et pendant que ses concurrents, faisaient la fête, lui Julien,
travaillait d’arrache pied et mis aussi sa fabrique sur pied. Et l’on vit apparaître
«le bâton de berger »qui devint très vite un produit recherché dans
un monde où l’apéritif supplantait les
repas plantureux accompagnés et cochonnailles et les petits encas arrosés de Beaujolais
nouveau ou de rosé bien frais.
Quand Béatrice s’aperçut de la valeur de ce produit, c’était
déjà trop tard et l’entreprise Béatrice
Cochonnet commença à péricliter.
C’est alors que Béatrice redressa la tête, se souvenant des
dons qu’elle avait reçus. Elle recomposa le packaging, le fit plus moderne,
remplaça le carton vichy rouge et blanc
par un carton imitation bois garni d’une ânesse verte batifolant dans une luxuriante
prairie écolo. Et telle la « Vache qui rit » la belle ânesse se moquait
de ses rondeurs superflues, juchée sur une balance dont l’aiguille refusait d’aller
vers la droite. Elle ajouta le slogan «
Bougredane, la saucisse écolo qui se moque des kilos en trop ».
Julien, malgré la concurrence fut bon prince et salua le
succès de sa rivale et lui proposa une association ; une SARL, à lui le bâton
de berger, à elle la saucisse écolo, quand à Cochonnet Goret, il resta le seul
à fabriquer un certain « jésus » faisaient les délices des habitués des saucissonnades …
Le marketing raconté en conte, il fallait l'oser ! Et si on n'en fera pas tout un fromage, c'est à coup sûr franco... de porc... :)
RépondreSupprimerLes boires et déboires de la charcuterie contés de la sorte, sont un régal !
RépondreSupprimerAi-je la berlue? Il me semble avoir détecté les talents d'une jeune journaliste à l'Éclair ****** en d'autres lieux...;))))
RépondreSupprimerentre charcuterie et marketing, cette histoire est un vrai régal !
RépondreSupprimerUn peu bourrative ton histoire mais quand on aime... :)
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