vendredi 12 février 2016

Arpenteur d'étoiles - Béatrice Bougredane


« Il te faudra bien commencer ta partie désormais ».
Béatrice émergea doucement de son sommeil. Elle s’étira, poussant légèrement le chat pelotonné près d’elle. Un peu de poussière dorée dansait dans un rayon de soleil filtré par les persiennes. L’été, les collines autour, les parfums de fleur du jardin, une légère brise tiède, quelques chants d’oiseaux proches … une idée du bonheur. Elle s’assit sur son lit et se souvint brutalement de cette phrase venue de son tout dernier rêve. Ce rêve d’homme doux aux yeux clairs. Un rêve charnel et tendre, et ces quelques mots murmurés à son oreille juste avant son éveil.

Béatrice venait d’avoir trente ans. Urbaine hors les week-end et les vacances, absorbée par son travail et ses responsabilités, sans cesse en réunion clientèle ou avec ses collaborateurs, intégrée dans un groupe international, elle n’avait d’autre vie que celle-là. Ces quelques jours de vacances qu’elle avait voulu solitaires et centrés sur elle-même, perdus dans une vallée de montagne où elle aimait marcher longtemps, avaient modifié son regard sur sa vie.

Elle descendit dans la cuisine inondée de lumière. Son chat croisait ses jambes à chaque pas et poussait de petits miaulements. Elle lui donna à manger et se fit un café. Tout en le buvant elle regardait distraitement le journal de la veille. A la page sportive, la photo d’un jeune athlète lui sauta au visage. C’était l’homme de son rêve. Celui qui lui avait murmuré cette étrange phrase.

Le soir même, après une longue balade sur la route des crêtes dominant les alpages, elle eut envie d’aller dans la petite ville toute proche. Elle s’installa sur une terrasse. Elle commanda un verre de vin blanc et quelques olives noires et les yeux mi-clos se laissait caresser par le soleil couchant.

« J’ai rêvé de vous cette nuit, mademoiselle » C’était lui, hâlé, souriant, élancé. Sursautant de surprise, elle fit tomber son petit sac d’où s’échappa une de ses cartes de visite. Le jeune homme le ramassa et jeta un coup d’œil sur la carte. Elle rougit et murmura « j’ai un patronyme un peu bizarre. Et vous, comment vous appelez-vous ? » Après un instant de silence, elle murmura : « moi aussi j’ai rêvé de vous cette nuit ».

Il plongea son regard clair dans le sien, lui prit les mains : moi aussi j’ai un nom peu commun ; je m’appelle Arthur Gaillard- Baudet … et si nous prolongions nos rêves ensembles ?

Son cœur battait la chamade. Elle sourit, déposa un baiser sur ses lèvres et chuchota à son oreille : « et si nous commencions une autre partie de nos deux vies ?»

6 commentaires:

  1. Gaillard-Baudet... ça ne s'invente pas! Ils étaient faits pour se rencontrer ces deux-là :)

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  2. Ah, rêve d'amour, rêve de toujours....pourvu que Prince Charmant et Belle au bois brâmant soient de la partie..Ton récit respecte les critères pour entrer dans la catégorie 'conte de fée ''

    Ah, tu as échappé à ma Bougredane....Attends, quand je lui rendrai visite derrière les barreaux, je lui en toucherai un mot !

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  3. Que c'est joli et bucolique ! charmant et très sensuel... Ah quel bougre ce gaillard !

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  4. Arpenteur, as-tu lu le commentaire que j'ai adressé à Vegas ? Farceur ! Me sentant concernée donc, j'approuve ce récit haut la pate avec hennissement anticipateur !

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    1. Arpenteur d'étoiles13 février 2016 à 11:25

      je n'avais pas lu les commentaires avant de publier mon "texte" ... donc une belle coïncidence, limite farce je reconnais (les familles Baudet sont toujours très intéressantes et surprenantes :o))) )

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