« Il te faudra bien commencer ta partie désormais ».
Béatrice émergea doucement de son sommeil. Elle s’étira, poussant
légèrement le chat pelotonné près d’elle. Un peu de poussière dorée dansait
dans un rayon de soleil filtré par les persiennes. L’été, les collines autour,
les parfums de fleur du jardin, une légère brise tiède, quelques chants d’oiseaux
proches … une idée du bonheur. Elle s’assit sur son lit et se souvint
brutalement de cette phrase venue de son tout dernier rêve. Ce rêve d’homme
doux aux yeux clairs. Un rêve charnel et tendre, et ces quelques mots murmurés
à son oreille juste avant son éveil.
Béatrice venait d’avoir trente ans. Urbaine hors les
week-end et les vacances, absorbée par son travail et ses responsabilités, sans
cesse en réunion clientèle ou avec ses collaborateurs, intégrée dans un groupe
international, elle n’avait d’autre vie que celle-là. Ces quelques jours de
vacances qu’elle avait voulu solitaires et centrés sur elle-même, perdus dans
une vallée de montagne où elle aimait marcher longtemps, avaient modifié son
regard sur sa vie.
Elle descendit dans la cuisine inondée de lumière. Son
chat croisait ses jambes à chaque pas et poussait de petits miaulements. Elle
lui donna à manger et se fit un café. Tout en le buvant elle regardait
distraitement le journal de la veille. A la page sportive, la photo d’un jeune athlète
lui sauta au visage. C’était l’homme de son rêve. Celui qui lui avait murmuré
cette étrange phrase.
Le soir même, après une longue balade sur la route des
crêtes dominant les alpages, elle eut envie d’aller dans la petite ville toute proche.
Elle s’installa sur une terrasse. Elle commanda un verre de vin blanc et
quelques olives noires et les yeux mi-clos se laissait caresser par le soleil
couchant.
« J’ai rêvé de vous cette nuit, mademoiselle »
C’était lui, hâlé, souriant, élancé. Sursautant de surprise, elle fit tomber
son petit sac d’où s’échappa une de ses cartes de visite. Le jeune homme le
ramassa et jeta un coup d’œil sur la carte. Elle rougit et murmura « j’ai
un patronyme un peu bizarre. Et vous, comment vous appelez-vous ? » Après
un instant de silence, elle murmura : « moi aussi j’ai rêvé de vous
cette nuit ».
Il plongea son regard clair dans le sien, lui prit les
mains : moi aussi j’ai un nom peu commun ; je m’appelle Arthur Gaillard-
Baudet … et si nous prolongions nos rêves ensembles ?
Son cœur battait la chamade. Elle sourit, déposa un
baiser sur ses lèvres et chuchota à son oreille : « et si nous commencions
une autre partie de nos deux vies ?»
Gaillard-Baudet... ça ne s'invente pas! Ils étaient faits pour se rencontrer ces deux-là :)
RépondreSupprimerAh, rêve d'amour, rêve de toujours....pourvu que Prince Charmant et Belle au bois brâmant soient de la partie..Ton récit respecte les critères pour entrer dans la catégorie 'conte de fée ''
RépondreSupprimerAh, tu as échappé à ma Bougredane....Attends, quand je lui rendrai visite derrière les barreaux, je lui en toucherai un mot !
Que c'est joli et bucolique ! charmant et très sensuel... Ah quel bougre ce gaillard !
RépondreSupprimerArpenteur, as-tu lu le commentaire que j'ai adressé à Vegas ? Farceur ! Me sentant concernée donc, j'approuve ce récit haut la pate avec hennissement anticipateur !
RépondreSupprimerje n'avais pas lu les commentaires avant de publier mon "texte" ... donc une belle coïncidence, limite farce je reconnais (les familles Baudet sont toujours très intéressantes et surprenantes :o))) )
SupprimerHa, les rêves...
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