Il avait mis si longtemps à se réveiller.
Puis il y avait eu la douleur, lancinante, épouvantable et, peu à peu il s’était souvenu. Le bruit, les cris, la fureur, les odeurs, la fumée épaisse, charbonneuse.
Puis à nouveau l’obscurité, longue. Une éternité de néant. Des voix lointaines, inaccessibles. Des mouvements incohérents. Une sensation d’apesanteur et un rêve. Un rêve permanent. Ou plutôt récurrent : une galerie, de la lumière, de la musique, des gens en foule, des enfants. Des rires d’enfants. Tout est mouvant autour de lui immobile. Tout semble léger et lui est là, lourd, pesant avec des gestes lents et précis.
Son sac à dos qu’il défait, puis qu’il abandonne sous un fauteuil, au milieu de la galerie, près d’un manège lumineux. Et il s’en va lentement, en regardant les visages des femmes qu’il croise. Et l’éclair, le souffle et le néant enfin qui l’accueille.
- Mademoiselle, c’est le grand jour. Tout est prêt ?
- Oui docteur. Je commence à ôter les bandelettes
- Comment vous sentez-vous monsieur aujourd’hui ? Cette journée est si belle …
C’est à lui que parle cette voix douce et calme. Il sent des picotements d’aiguille sur la peau. Le contact de l’air provoque une impression étrange. La lumière brûle ses prunelles sombres. Il écoute avidement.
- Vous avez été dans les mains de l’un des plus grands chirurgiens plastiques, vous savez. C’est incroyable quand même d’avoir réchappé à cet affreux attentat …
La voix continue en même temps que continuent les gestes qui libèrent son visage.
- Ah, voilà …
Des mains chaudes le touchent délicatement, le frôlent, le palpent.
- Et bien c’est parfait je crois. Bien sur vous allez rester avec ces hématomes quelques temps, puis ils disparaîtront et vous vous retrouverez enfin.
Il parle d’une voix éraillée qu’il ne reconnaît pas :
- Je peux avoir un miroir ?
Il le prend fébrilement, hésite, le repose, puis le prend à nouveau et le porte devant ses yeux et reste immobile un long moment. Et, enfin, se met à hurler.
Son cri résonne encore dans les grands couloirs.
Dans le miroir il n’existait plus …
Il pleure. Les larmes coulent sur ses joues et son corps.
Il regarde encore le miroir et sa femme apparait. Il a toujours été amoureux d’elle. Elle sort du miroir. Elle est belle et mutine. Elle l’embrasse et elle le prend par la main et il s’évadent dans l’univers et peut-être au paradis.
Puis il y avait eu la douleur, lancinante, épouvantable et, peu à peu il s’était souvenu. Le bruit, les cris, la fureur, les odeurs, la fumée épaisse, charbonneuse.
Puis à nouveau l’obscurité, longue. Une éternité de néant. Des voix lointaines, inaccessibles. Des mouvements incohérents. Une sensation d’apesanteur et un rêve. Un rêve permanent. Ou plutôt récurrent : une galerie, de la lumière, de la musique, des gens en foule, des enfants. Des rires d’enfants. Tout est mouvant autour de lui immobile. Tout semble léger et lui est là, lourd, pesant avec des gestes lents et précis.
Son sac à dos qu’il défait, puis qu’il abandonne sous un fauteuil, au milieu de la galerie, près d’un manège lumineux. Et il s’en va lentement, en regardant les visages des femmes qu’il croise. Et l’éclair, le souffle et le néant enfin qui l’accueille.
- Mademoiselle, c’est le grand jour. Tout est prêt ?
- Oui docteur. Je commence à ôter les bandelettes
- Comment vous sentez-vous monsieur aujourd’hui ? Cette journée est si belle …
C’est à lui que parle cette voix douce et calme. Il sent des picotements d’aiguille sur la peau. Le contact de l’air provoque une impression étrange. La lumière brûle ses prunelles sombres. Il écoute avidement.
- Vous avez été dans les mains de l’un des plus grands chirurgiens plastiques, vous savez. C’est incroyable quand même d’avoir réchappé à cet affreux attentat …
La voix continue en même temps que continuent les gestes qui libèrent son visage.
- Ah, voilà …
Des mains chaudes le touchent délicatement, le frôlent, le palpent.
- Et bien c’est parfait je crois. Bien sur vous allez rester avec ces hématomes quelques temps, puis ils disparaîtront et vous vous retrouverez enfin.
Il parle d’une voix éraillée qu’il ne reconnaît pas :
- Je peux avoir un miroir ?
Il le prend fébrilement, hésite, le repose, puis le prend à nouveau et le porte devant ses yeux et reste immobile un long moment. Et, enfin, se met à hurler.
Son cri résonne encore dans les grands couloirs.
Dans le miroir il n’existait plus …
Il pleure. Les larmes coulent sur ses joues et son corps.
Il regarde encore le miroir et sa femme apparait. Il a toujours été amoureux d’elle. Elle sort du miroir. Elle est belle et mutine. Elle l’embrasse et elle le prend par la main et il s’évadent dans l’univers et peut-être au paradis.
La mort en ce miroir... Si elle a ses yeux là, je veux bien partir ];-D
RépondreSupprimertrès émouvante métaphore
RépondreSupprimerOn se perd dans ton histoire mais se perdre c'est aussi de la magie
RépondreSupprimerPour y retrouver soixante-douze vierges ? ;-(
RépondreSupprimerOn se perd effectivement entre le rêve et le cauchemar comme Alice derrière son miroir...
Ton texte me fait penser à une scène du dernier film de Dupontel, adapté du roman qui a eu le prix Goncourt « au revoir là-haut ».
RépondreSupprimerLa scène où un des héros se découvre dans le miroir après la guerre...
je ne te dis rien, pour ne pas déflorer le film, mais c'est extraordinaire.
Merci pour ce beau texte.
¸¸.•*¨*• ☆
Dans ta narration, si visuelle, toujours autant de sang neuf pour ce billet 109. Bravo, l'Arpi !!
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