Regard sur la plage en été
Je n'aime pas les plages bondées. Ce qui ne manque pas d'arriver, en particulier au mois d'août à partir de 11 heures. Aussi, je préfère me passer de grasse matinée. Sitôt un rapide petit déjeuner avalé, munie de ma serviette et tout le saint-frusquin utile pour se protéger du soleil - sans oublier un livre, un cahier d'écriture et un stylo - je rejoins ma plage préférée.
À peine 9 heures. Le soleil est déjà haut et le ciel d'un bleu pur et uniforme. Pas un chat. Si : deux pêcheurs là-bas, près des falaises. Les carrelets, comme des vigies, regardent la mer. Inlassablement.
La plage est propre comme un sou neuf. Bouchés les trous creusés par des gamins bâtisseurs qui, si l'on n'y prend pas garde, peuvent vous occasionner une belle entorse.
Je peux m'installer en toute tranquillité en bordure du bois de pins qui longe la plage. Je foule le sable fin et frais et me dirige très vite vers la mer. Elle chante pour moi seule. Le bonheur. Je marche dans l'eau, sereine. Je rêve en me laissant bercer par le murmure des vaguelettes qui s'échouent à mes pieds.
Je n'aime pas les plages bondées. Ce qui ne manque pas d'arriver, en particulier au mois d'août à partir de 11 heures. Aussi, je préfère me passer de grasse matinée. Sitôt un rapide petit déjeuner avalé, munie de ma serviette et tout le saint-frusquin utile pour se protéger du soleil - sans oublier un livre, un cahier d'écriture et un stylo - je rejoins ma plage préférée.
À peine 9 heures. Le soleil est déjà haut et le ciel d'un bleu pur et uniforme. Pas un chat. Si : deux pêcheurs là-bas, près des falaises. Les carrelets, comme des vigies, regardent la mer. Inlassablement.
La plage est propre comme un sou neuf. Bouchés les trous creusés par des gamins bâtisseurs qui, si l'on n'y prend pas garde, peuvent vous occasionner une belle entorse.
Je peux m'installer en toute tranquillité en bordure du bois de pins qui longe la plage. Je foule le sable fin et frais et me dirige très vite vers la mer. Elle chante pour moi seule. Le bonheur. Je marche dans l'eau, sereine. Je rêve en me laissant bercer par le murmure des vaguelettes qui s'échouent à mes pieds.
Nullement dérangées à mon approche, deux ou trois mouettes, très agressives, se disputent le territoire de pêche. Là-bas, un cargo remonte lentement l'estuaire en longeant l'autre rive. Tout est paisible. Pour peu de temps hélas.
Voilà déjà la bande habituelle du camping voisin. Ils viennent tous les jours faire leur gymnastique sur le sable. Leur séance se termine invariablement par une série de coups de poing qu'ils s'assènent mutuellement sur tout le corps. Ce doit être cela la gymnastique douce.
Un bruit de tambour. Jésus - l'homme ressemble au Christ, colliers de perles multicolores et longue tunique en plus - et ses douze apôtres se mettent en cercle. Voilà les directives : distribution à chacun de petits sacs bleus en maille légère. Tout le monde s'égaye ensuite à la recherche de coquillages d'une certaine forme ou couleur et emplit sa poche en chantonnant. Il paraît que la récolte va servir pour le land art. Jésus, lui, déambule au milieu d'eux en frappant sur son tambourin de façon lancinante. Curieux spectacle.
10 heures. Papy et Mamie arrivent en traînant derrière eux leur petit-fils mal réveillé. Il pleurniche, tape du pied, s'acharne sur sa bouée orange en forme de canard, veut ceci ou cela. On lui donne un biberon de jus de fruit. Il semble apaisé. Pour peu de temps. Il a une envie pressante d'uriner. Comme les aïeux ne bougent pas assez vite, il se poste derrière eux et, l'air revanchard, arrose copieusement le dossier en toile de leurs fauteuils en admirant son jet. Je suis morte de rire.
C'est l'heure où le bateau de croisière du village emmène sa cargaison de touristes au phare de Cordouan. Le capitaine serine dans son micro toujours les mêmes explications et les mêmes blagues et, quand ses passagers sont des personnes du troisième âge directement descendues de leur car, il chante avec eux : "il était un petit navire..." Gai retour à l'enfance.
La plage se remplit petit à petit. Ici, une grande famille a apporté les glacières, les jeux, les parasols.
Fini le calme. Ils étalent leurs serviettes sans se préoccuper des voisins. La discrétion n'est pas leur fort. On chahute, on compare son degré de bronzage. On se tartine réciproquement de crème solaire qui pue. Et, bien entendu, on téléphone et tout l'entourage en profite. Ces deux-là n'ont sans doute pas eu assez de leur nuit et pour un peu, ce serait l'amour à la plage. Sans complexe. Bon. Ma vieille, c'est cela être libéré !
"Paul ! Paul !" Juste à côté de moi, une dame interpelle son mari. Elle lui montre ses jambes d'un air offusqué. Paul a oublié d'enlever ses bas à varices avant d'ôter son pantalon. Le voilà en maillot de bain avec ses chaussettes de contention. Le pauvre Paul jette un bref coup d'œil alentour pour mesurer les dégâts. Je baisse la tête pour étouffer un fou rire.
Un anglais s'installe avec ses deux enfants. Il a apporté des munitions : un sac plein de canettes de bière qu'il boit les unes derrière les autres en se roulant un joint de temps en temps. Il commence à rire sous le regard un peu gêné de ses gamins. Mieux vaut ignorer la situation.
Voilà déjà la bande habituelle du camping voisin. Ils viennent tous les jours faire leur gymnastique sur le sable. Leur séance se termine invariablement par une série de coups de poing qu'ils s'assènent mutuellement sur tout le corps. Ce doit être cela la gymnastique douce.
Un bruit de tambour. Jésus - l'homme ressemble au Christ, colliers de perles multicolores et longue tunique en plus - et ses douze apôtres se mettent en cercle. Voilà les directives : distribution à chacun de petits sacs bleus en maille légère. Tout le monde s'égaye ensuite à la recherche de coquillages d'une certaine forme ou couleur et emplit sa poche en chantonnant. Il paraît que la récolte va servir pour le land art. Jésus, lui, déambule au milieu d'eux en frappant sur son tambourin de façon lancinante. Curieux spectacle.
10 heures. Papy et Mamie arrivent en traînant derrière eux leur petit-fils mal réveillé. Il pleurniche, tape du pied, s'acharne sur sa bouée orange en forme de canard, veut ceci ou cela. On lui donne un biberon de jus de fruit. Il semble apaisé. Pour peu de temps. Il a une envie pressante d'uriner. Comme les aïeux ne bougent pas assez vite, il se poste derrière eux et, l'air revanchard, arrose copieusement le dossier en toile de leurs fauteuils en admirant son jet. Je suis morte de rire.
C'est l'heure où le bateau de croisière du village emmène sa cargaison de touristes au phare de Cordouan. Le capitaine serine dans son micro toujours les mêmes explications et les mêmes blagues et, quand ses passagers sont des personnes du troisième âge directement descendues de leur car, il chante avec eux : "il était un petit navire..." Gai retour à l'enfance.
La plage se remplit petit à petit. Ici, une grande famille a apporté les glacières, les jeux, les parasols.
Fini le calme. Ils étalent leurs serviettes sans se préoccuper des voisins. La discrétion n'est pas leur fort. On chahute, on compare son degré de bronzage. On se tartine réciproquement de crème solaire qui pue. Et, bien entendu, on téléphone et tout l'entourage en profite. Ces deux-là n'ont sans doute pas eu assez de leur nuit et pour un peu, ce serait l'amour à la plage. Sans complexe. Bon. Ma vieille, c'est cela être libéré !
"Paul ! Paul !" Juste à côté de moi, une dame interpelle son mari. Elle lui montre ses jambes d'un air offusqué. Paul a oublié d'enlever ses bas à varices avant d'ôter son pantalon. Le voilà en maillot de bain avec ses chaussettes de contention. Le pauvre Paul jette un bref coup d'œil alentour pour mesurer les dégâts. Je baisse la tête pour étouffer un fou rire.
Un anglais s'installe avec ses deux enfants. Il a apporté des munitions : un sac plein de canettes de bière qu'il boit les unes derrière les autres en se roulant un joint de temps en temps. Il commence à rire sous le regard un peu gêné de ses gamins. Mieux vaut ignorer la situation.
11 heures. Je plie bagage. Je n'ai pas lu une seule page de mon livre, ni écrit une seule ligne naturellement, tellement prise par ce qui se passe autour de moi.
Ah ! La plage ! Lieu de tous les comportements que l'on peut observer sans être particulièrement voyeur. Qu'ils soient cocasses, dérangeants, ils en disent long sur la nature humaine.
En ce qui me concerne, la plupart du temps, mes repères maritimes de l'été font que je m'amuse bien.
Ah ! La plage ! Lieu de tous les comportements que l'on peut observer sans être particulièrement voyeur. Qu'ils soient cocasses, dérangeants, ils en disent long sur la nature humaine.
En ce qui me concerne, la plupart du temps, mes repères maritimes de l'été font que je m'amuse bien.
La plage est le reflet du monde, une mécanique bien huilée, trop huilée, aux outrances livrées à tous les regards
RépondreSupprimerC'est tout à fait vrai Vegas : sous prétexte de vacances, on se laisse aller.
SupprimerJ'aime porter un œil critique - dans le bon sens du terme - et acerbe. sur tous ces débordements
C'est tout à fait vrai Vegas : sous prétexte de vacances, on se laisse aller.
SupprimerJ'aime porter un œil critique - dans le bon sens du terme - et acerbe. sur tous ces débordements
C'est ça la vie ! La place 17, le pastis, les mômes à la vaisselle après les repas. C'est ça la vie, du populo, des crèmes qui puent, les chichis, les tongs, la pelle et le seau, et les plus tout jeunes et les pas encore vieilles qui cachent leurs bourrelets sous des maillots une pièce... C'est ça la vie !! ];-D
RépondreSupprimerMais Andiamo les bourrelets ne concernent pas que les vieux qui au moins ont la pudeur de cacher leur vieille peau sous un maillot une pièce.Sauf les hommes bien entendu ! :-)
SupprimerEt même pas trempé les pieds dans l'eau ? Enfin si, les orteils. Je sais, je t'ai observée aux jumelles
RépondreSupprimerVoyeur ! :-)
SupprimerAh ah :)
RépondreSupprimerBien vu !
C'est aussi un de mes passe temps sur la plage : observer le théâtre humain
Merci Tisseuse ! Tu me rassures : je pensais, tout à coup, avoir mauvais esprit ! Ou mauvais goût ! :-)
SupprimerOn s'y croirait ! Moi j'aime la plage tôt à l'heure où les coureurs profitent des grands espaces.. ou bien tard, lorsque c'est marée basse ... et que tout semble rentrer dans l'ordre ...
RépondreSupprimerla plage raconte les femmes, les hommes, les enfants et le calme n'existe pas ! Mais comme dit Tisseuse, c'est le théâtre humain et c'est tellement écrit !
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