Matière à réflexion ou la magie 2.0
Il faut se souvenir que Blanche qu'on appelait Cappuccetto Rosso ou encore la Petite Cape Rouge était partie chercher ingrédient ou deux pour sa marâtre impatiente de confectionner le traditionnel masque de beauté de Cesare Frangipani à base de frangipane et de beurre en pot.
Il faut se souvenir que Blanche qu'on appelait Cappuccetto Rosso ou encore la Petite Cape Rouge était partie chercher ingrédient ou deux pour sa marâtre impatiente de confectionner le traditionnel masque de beauté de Cesare Frangipani à base de frangipane et de beurre en pot.
Ainsi donc chaque matin le miroir de la marâtre - son royal smartfaune - lui donnait des nouvelles fraîches de ses sujets ainsi que des nouvelles fraîches du temps qu'il fait et des recettes de beauté pour rester fraîche jour après jour car il y avait à cette époque plein d'applications pour ça.
“Smartfaune, Ô mon beau smartfaune, toi le plus smart de la faune, dis-moi qui est la plus gironde de mon royaume?” interrogeait tactilement chaque matin la marâtre puisqu'elle avait un doigt pour ça.
Le miroir était trop poli pour être honnête et la marâtre trop imbue d'elle-même, fière et vaniteuse et aussi trop bête et méchante pour réfléchir autant qu'un miroir.
"C'est le miroir qui se mire dans la reine et pas le contraire" se répétait-elle, mais le royal smartfaune ne répondait jamais à sa question et la marâtre fulminait chaque matin depuis que le conte existait.
Le roi Merlin - dit le bricoleur enchanteur et par qui les envies prennent vie - l'avait maintes fois prévenue: “Ô marâtre! Ce smartfaune dernier cri “Made in Empire du Milieu” vous perdra. Vous en deviendrez l'esclave, vous en oublierez le héraut qui sonne, le crieur qui crie, le bonimenteur qui bonimente, la cire qui cachette, le coursier qui course, l'oiseau qui touite au printemps et aussi les...”
“Ô toi dont les envies prennent vie quand pour d'autres c'est si castoche” fulmina la marâtre “tu prédisais déjà ça pour ma quenouille sans fil, mes loups-bouquetin de sept lieues, mon épilateur Excalibur, ma lampe Aladinogène mais aucune de ces catastrophes ne s'est jamais produite”
Lorsqu'il était désenchanté le bricoleur enchanteur se transformait en cerf vidé et c'est ce qu'il fit.
Comme il regagnait ses bois - ce qui est une chose naturelle chez un cerf même vidé - le royal smartfaune commença à émettre une vibrante musique.
“Smartfaune, Ô mon beau smartfaune, quel jingle me joues-tu? Dis-moi tout, car je suis la royale marâtre et je dois tout savoir!” ordonna la marâtre.
“Ô marâtre, je sens que j'ai la puce qui sautoie, la mémoire qui flanchoie et aussi la batterie qui merdoie” répondit le royal smartfaune qui se sentait de moins en moins royal.
“C'est pas cool” répondit la marâtre désabusée et, du doigt qu'elle avait pour ça elle s'empressa de poster un courriel à l'Empire du Milieu avant que son smartfaune ne se pâme.
A mille sept cent lieues de là - soit huit mille kilomètres car la lieue était à 6,47 kilomètres à cette époque - un philosophe de l'Empire du Milieu, affecté au service après-vente déchiffrait entre deux parties de mikado un étrange courriel venu du château de Stauffenburg en Basse Saxe.
Avec toute la philosophie propre aux sujets de l'Empire du Milieu, il estima que cette marâtre se prenait le chou pour peu de choses et se contenta de lui renvoyer un lien wiki vers Freud et Jung accompagné d'un coupon de réduction sur l'achat d'une horloge * comtoise connectée...
A dix lieues de là, Blanche - qu'on appelait toujours Cappuccetto Rosso ou encore la Petite Cape Rouge - croisa un cerf vidé qui ruminait dans sa barbe mais elle se garda bien de le questionner, de peur d'être hors sujet.
Elle se rendait tout droit chez sa grand-mère, sans passer par la case Départ, sans recevoir vingt mille sequins, sans ces foutus miroirs que tout le royaume avait reçu en étrennes... et elle se dit que c'était bien.
* L'horloge comtoise est une horloge qu'on trouve dans les contes
la magie 2.0 nous laisse tous pantois, et surtout les embrouillaminis qu'elle crée parfois
RépondreSupprimeren voilà une belle illustration dans ces contes compactés à la manière Vegas et mitonnés à la sauce sarthoise
un vrai régal jubilatoire :)
Les contes 2.0 sont moins glamour qu'autrefois tellement plus jubilatoires :)
Supprimermdr !!!
RépondreSupprimerle smartfaune ou le doudou additif qui ne réfléchit pas !
avec le sourire
:))
Supprimerça j'adore, la loufoquerie un peu façon Pierre Dac, merci M'Dame ];-D
RépondreSupprimerPa d'quoi, Andy :)
SupprimerVegas est une dame ?
Supprimerla fille d'Yves Montand ?
De Mitterrand ?
Première nouvelle !
¸¸.•*¨*• ☆
Ta diction des addictions est une vraie bénédiction ;)
RépondreSupprimerEt l'ail faune qui donnait mauvaise alène aux menuisiers...
RépondreSupprimerTout le monde s'en fiche alors ? ;-)
¸¸.•*¨*• ☆
Encore un méli-mélo de contes détourné de manière admiroirable !
RépondreSupprimer