Anselme Boutefeu se lève après avoir d'un geste sec mit fin au TÛÛÛÛÛT exaspérant de son réveil.
Il s'étire, baille bruyamment, sort du lit à regrets, enfile ses vieilles pantoufles, vieilles mais si confortables !
Après le passage obligé au pipiroom, il traîne les pieds vers la salle de bain, douche et rasage, sa gueule un peu vieillissante dans le miroir, lui fait exécuter une moue dubitative. Il ouvre la porte de la petite armoire, en sort la bombe de mousse à raser, se regarde à nouveau dans le miroir...
Il a un recul, juste là, au dessus de son épaule gauche, un visage de femme, brusquement il se retourne un peu effrayé... Personne, nobody, nada ! Il regarde à nouveau dans le miroir du lavabo, le visage est toujours là, un sourire à la Joconde au coin des lèvres. Instinctivement il saisit une serviette et frotte le miroir, le sourire n'a pas disparu, la femme non plus...
C'est quoi ce "truc" pense t-il ? Il s'approche scrute les traits de ce visage, jeune, des grands yeux bleus, cheveux noirs mi-longs, et ce sourire qui découvre à peine de jolies quenottes...
Je n'ai pourtant pas picolé hier, et puis merde je laisse tomber, je vais aller me faire un jus costaud j'dois pas avoir les gobilles en face des trous.
Un quart d'heure plus tard, retour à la salle de bain, coup d'œil hésitant au miroir, miroir mon beau miroir ! La "Joconde" est toujours là.
La mousse sur ses joues et le cou, le passage du rasoir mécanique, il n'a jamais pu supporter le rasoir électrique, c'est tout de même chiant ce bordel, d'abord t'es qui toi ? Bien évidemment le miroir ne répond pas, et puis on n'est pas dans un conte des frères Grimm !
Il s'approche du miroir, le scrute attentivement, la stupeur passée il se concentre et fouille dans ses souvenirs, je l'ai vu quelque part, une p'tite gueule d'amour pareille ça ne s'oublie pas, instinctivement il passe son index sur le miroir, j'suis con tout de même, et il sourit de son geste.
Je sais ! (comme Gabin) j'ai croisé le regard de cette femme hier, elle est montée dans mon wagon, à la station Place de Clichy sur la ligne 13, elle est descendue à Varenne, 5 ou 6 stations plus loin, nos regards ne se sont pas quittés, j'étais fasciné, quand elle est descendue entraînant avec elle un parfum léger : Vétiver de Guerlain. Cette eau de toilette il la connait bien, son épouse l'affectionnait également. Une ombre triste passe dans ses yeux, sa chère et tendre repose dans un petit cimetière du Lauragais, SON terroirrrrrr comme elle disait, roulant les "R" pour le faire rire.
Une journée ordinaire, employé dans une compagnie d'assurances "La musaraigne" dont le siège est installé dans le très chic VII ème arrondissement, avec la Tout Eiffel en ligne de mire depuis son bureau, il y a pire comme vue.
Le soir retour, arrêt Porte de Saint Ouen, un petit F3 sur le boulevard Bessières, les très anciens HLM de Paris. Il l'aime bien son quartier, très vivant comme il dit, et puis l'hôpital Bichat n'est pas loin, on ne sait jamais.
Après une émission insipide à la télé, du style "la vie des pipeules vue à travers le trou d'une serrure" il est allé se coucher non sans être passé à la salle de bain pour un ultime brossage de dents.
Elle est là, même sourire, même regard intense, ce qui est curieux songe t-il c'est qu'elle n'apparaît que dans ce miroir ! Dans la journée au bureau, il se rend deux ou trois fois aux toilettes, dans le miroir placé au dessus du lavabo "elle" n'apparaît pas, pas plus que dans la psyché de notre chambre, il dit encore notre en songeant à Martine son épouse.
Un sommeil agité, hanté par le visage de la jolie femme, le matin elle est toujours là...
- Mais tu cherches quoi à la fin Proserpine ? C'est décidé il l'appellera Proserpine, t'as d'beaux yeux tu sais ? Lui articule t-il à 2 centimètres du miroir, pourquoi tu ne me réponds pas : "embrassez moi" j'ai une haleine de cow boy peut-être ? Sûr M'Dame, dans le grand ouest on n'a pas beaucoup d'hygiène, ouaip M'Dame, sûr !
Il se marre de ses propres conneries, puis part afin d'attraper la diligence de la ligne treize !
Les jours se suivent et toujours Proserpine dans le miroir, il a bien essayé d'en parler à Robert son pote, il a enveloppé l'histoire : "si un matin tu voyais un visage de femme près du tien dans ton miroir, tu ferais quoi" ?
- J'arrêterais le treize degrés de déménageur !!!
Ce soir là Anselme se brosse les dents avant de se coucher, il en a marre de ce visage qui ne bouge pas, qui le fixe avec il faut bien le dire l'air de se foutre un peu de sa gueule, alors pris d'un accès de rage il frappe le miroir d'un énorme coup de poing, la glace vole en éclat et une tache rouge inonde sa main entaillée.
Un pansement compressif, un quart d'heure plus tard l'hémorragie est endiguée. retour devant le lavabo, la jolie brune a disparue.
- Bon j'en suis quitte pour un nouveau miroir.... Euh tout compte fait je vais attendre un peu.
Le métro Porte de Saint Ouen, un gros pansement à la main droite, juste un peu gênant pour martyriser le clavier de l'ordi.
La rame arrive à la station Place de Clichy, et freine très brutalement, heureusement à cette heure les "usagers" sont serrés comme des sardines, et ne risquent guère de chuter, le freinage est brutal, la rame s'immobilise, pratiquement en bout de quai. Au bout de cinq minutes les portes s'ouvrent enfin, les voyageurs à moitié asphyxiés descendent, des hommes des femmes détournent la tête, certaines et certains manquent s'évanouir.
Anselme se penche à son tour, là entre les bogies, le corps d'une femme, brune, ses cheveux mi longs en corolle autour de sa tête, deux grands yeux bleus ouverts semblent dire : pourquoi ?
Où lire Andiamo
Il s'étire, baille bruyamment, sort du lit à regrets, enfile ses vieilles pantoufles, vieilles mais si confortables !
Après le passage obligé au pipiroom, il traîne les pieds vers la salle de bain, douche et rasage, sa gueule un peu vieillissante dans le miroir, lui fait exécuter une moue dubitative. Il ouvre la porte de la petite armoire, en sort la bombe de mousse à raser, se regarde à nouveau dans le miroir...
Il a un recul, juste là, au dessus de son épaule gauche, un visage de femme, brusquement il se retourne un peu effrayé... Personne, nobody, nada ! Il regarde à nouveau dans le miroir du lavabo, le visage est toujours là, un sourire à la Joconde au coin des lèvres. Instinctivement il saisit une serviette et frotte le miroir, le sourire n'a pas disparu, la femme non plus...
C'est quoi ce "truc" pense t-il ? Il s'approche scrute les traits de ce visage, jeune, des grands yeux bleus, cheveux noirs mi-longs, et ce sourire qui découvre à peine de jolies quenottes...
Je n'ai pourtant pas picolé hier, et puis merde je laisse tomber, je vais aller me faire un jus costaud j'dois pas avoir les gobilles en face des trous.
Un quart d'heure plus tard, retour à la salle de bain, coup d'œil hésitant au miroir, miroir mon beau miroir ! La "Joconde" est toujours là.
La mousse sur ses joues et le cou, le passage du rasoir mécanique, il n'a jamais pu supporter le rasoir électrique, c'est tout de même chiant ce bordel, d'abord t'es qui toi ? Bien évidemment le miroir ne répond pas, et puis on n'est pas dans un conte des frères Grimm !
Il s'approche du miroir, le scrute attentivement, la stupeur passée il se concentre et fouille dans ses souvenirs, je l'ai vu quelque part, une p'tite gueule d'amour pareille ça ne s'oublie pas, instinctivement il passe son index sur le miroir, j'suis con tout de même, et il sourit de son geste.
Je sais ! (comme Gabin) j'ai croisé le regard de cette femme hier, elle est montée dans mon wagon, à la station Place de Clichy sur la ligne 13, elle est descendue à Varenne, 5 ou 6 stations plus loin, nos regards ne se sont pas quittés, j'étais fasciné, quand elle est descendue entraînant avec elle un parfum léger : Vétiver de Guerlain. Cette eau de toilette il la connait bien, son épouse l'affectionnait également. Une ombre triste passe dans ses yeux, sa chère et tendre repose dans un petit cimetière du Lauragais, SON terroirrrrrr comme elle disait, roulant les "R" pour le faire rire.
Une journée ordinaire, employé dans une compagnie d'assurances "La musaraigne" dont le siège est installé dans le très chic VII ème arrondissement, avec la Tout Eiffel en ligne de mire depuis son bureau, il y a pire comme vue.
Le soir retour, arrêt Porte de Saint Ouen, un petit F3 sur le boulevard Bessières, les très anciens HLM de Paris. Il l'aime bien son quartier, très vivant comme il dit, et puis l'hôpital Bichat n'est pas loin, on ne sait jamais.
Après une émission insipide à la télé, du style "la vie des pipeules vue à travers le trou d'une serrure" il est allé se coucher non sans être passé à la salle de bain pour un ultime brossage de dents.
Elle est là, même sourire, même regard intense, ce qui est curieux songe t-il c'est qu'elle n'apparaît que dans ce miroir ! Dans la journée au bureau, il se rend deux ou trois fois aux toilettes, dans le miroir placé au dessus du lavabo "elle" n'apparaît pas, pas plus que dans la psyché de notre chambre, il dit encore notre en songeant à Martine son épouse.
Un sommeil agité, hanté par le visage de la jolie femme, le matin elle est toujours là...
- Mais tu cherches quoi à la fin Proserpine ? C'est décidé il l'appellera Proserpine, t'as d'beaux yeux tu sais ? Lui articule t-il à 2 centimètres du miroir, pourquoi tu ne me réponds pas : "embrassez moi" j'ai une haleine de cow boy peut-être ? Sûr M'Dame, dans le grand ouest on n'a pas beaucoup d'hygiène, ouaip M'Dame, sûr !
Il se marre de ses propres conneries, puis part afin d'attraper la diligence de la ligne treize !
Les jours se suivent et toujours Proserpine dans le miroir, il a bien essayé d'en parler à Robert son pote, il a enveloppé l'histoire : "si un matin tu voyais un visage de femme près du tien dans ton miroir, tu ferais quoi" ?
- J'arrêterais le treize degrés de déménageur !!!
Ce soir là Anselme se brosse les dents avant de se coucher, il en a marre de ce visage qui ne bouge pas, qui le fixe avec il faut bien le dire l'air de se foutre un peu de sa gueule, alors pris d'un accès de rage il frappe le miroir d'un énorme coup de poing, la glace vole en éclat et une tache rouge inonde sa main entaillée.
Un pansement compressif, un quart d'heure plus tard l'hémorragie est endiguée. retour devant le lavabo, la jolie brune a disparue.
- Bon j'en suis quitte pour un nouveau miroir.... Euh tout compte fait je vais attendre un peu.
Le métro Porte de Saint Ouen, un gros pansement à la main droite, juste un peu gênant pour martyriser le clavier de l'ordi.
La rame arrive à la station Place de Clichy, et freine très brutalement, heureusement à cette heure les "usagers" sont serrés comme des sardines, et ne risquent guère de chuter, le freinage est brutal, la rame s'immobilise, pratiquement en bout de quai. Au bout de cinq minutes les portes s'ouvrent enfin, les voyageurs à moitié asphyxiés descendent, des hommes des femmes détournent la tête, certaines et certains manquent s'évanouir.
Anselme se penche à son tour, là entre les bogies, le corps d'une femme, brune, ses cheveux mi longs en corolle autour de sa tête, deux grands yeux bleus ouverts semblent dire : pourquoi ?
Où lire Andiamo
Briser la glace oui, mais pas comme ça !
RépondreSupprimerVégas : Il aurait tout de même pu lui rouler un patin... à glace ];-D
Supprimerla fin est saisissante, surtout en opposition à l'humour du début
RépondreSupprimers'il n'y avait pas cette humour il y aurait un petit quelque chose du style fantastique à la Edgar Allan Poe
Tisseuse : me comparer à Edgar... Tu t'égares ];-D
SupprimerUn récit bien mené qui commence dans une banalité confondante puis qui prend du corps jusqu'à devenir limite surréaliste voire comme le dit Tisseuse fantastique. Un vrai régal
RépondreSupprimeravec le sourire
Lilou : Ben merci M'Dame j'vais rentrer l'troupeau, ouaip sûr !
SupprimerLes jolies poupées finissent toujours mal dans tes histoires...
RépondreSupprimerC'est la patte "Andiamo"...
¸¸.•*¨*• ☆
Célestine : Mais ce ne sont QUE des histoires ];-D
Supprimerhttps://youtu.be/zLnHpe_drSU