Anniversaire.
Elle avait déjà sonné deux fois mais aucun pas ne s’étaient fait entendre derrière la porte plaquée acajou de l’appartement situé au troisième étage d’un immeuble sans charme. Elle se demandait pourquoi sa mère était venue s’installer dans cette ville qu’elle n’aimait pas, dans ce quartier de pierres grises, dans cette rue trop pentue pour ses jambes âgées, dans cet immeuble à l’architecture déprimante éloigné des commerces.
Elle fit une troisième tentative ; elle pouvait ne pas avoir entendu. A son coup de sonnette bref, une porte s’ouvrit dans son dos.
- Inutile d’insister comme cela, Madame C. est absente.
Elle se retourna. Dans le couloir mal éclairé, une dame aux cheveux blancs, plus grande et plus étoffée que sa mère, des charentaises aux pieds malgré la chaleur suffocante, scrutait son visage d’un air soupçonneux. Sa mère lui en avait parlé. C’était « la voisine serviable ». Elle ne l’avait jamais rencontrée ni croisée jusqu’à ce jour mais il est vrai que ses visites étaient rares.
- Vous savez quand elle rentrera ?
- Non, c’est pourquoi ?
Elle montra, suspendu à sa main gauche par un ruban doré, le paquet enveloppé de papier blanc imprimé du nom du pâtissier le plus réputé de la ville.
- Pour son anniversaire, un gâteau au café, son parfum préféré.
La véracité du propos amena un sourire sur le visage ridé.
- C’est vrai, elle adore le café, surtout les glaces.
- Oui mais il fait trop chaud aujourd’hui pour traverser la ville avec un parfait glacé.
- Madame C. est sortie avec la femme de ménage faire les courses du mois. Je ne sais pas à quelle heure elle rentrera mais elle ne part jamais longtemps. Voulez-vous l’attendre ? lui demanda la vieille dame.
- Quelques instants alors.
- Entrez, entrez. Asseyez-vous dans ce fauteuil, il est plus confortable que mon vieux canapé. Voulez-vous un thé, du café ? J’ai de la citronnade aussi.
- Une citronnade, merci Madame.
Elle s’assit dans le fauteuil recommandé, cala son dos contre un coussin couleur bouton d’or recouvert d’une dentelle brodée. La vieille dame revint de sa cuisine, un plateau décoré de fleurettes dans les mains. Elle le posa sur la table basse avec des gestes lents. Près du verre de citronnade elle n’avait pu s’empêcher d’ajouter une assiette de biscuits; de légères traces blanchâtres en sillonnaient le chocolat. Au goût, elle se dit que le paquet était périmé mais la citronnade était fraîche sans être glacée.
- Je ne suis pas certaine que les fils de Madame C. aient pensé à son anniversaire.
- Vous connaissez ses enfants demanda-t-elle intriguée.
- Oui, elle a deux fils. L’aîné est bien gentil et poli. Il déjeune régulièrement avec elle. L’autre, promet de venir. Elle est toute gaie, l’attend et le téléphone sonne….annulant tout au dernier moment.
- Elle a de la peine ?
- Oh ! oui mais elle accepte ses raisons et l’excuse toujours, C’est ….vous voyez ce que je veux dire ?
- Je vois très bien….son préféré. Elle a d’autres enfants ?
- Non.
- Je ne peux pas m’attarder plus longtemps. Vous voudrez bien lui donner la pâtisserie ?
- Oh oui bien sûr, de la part de qui ?
Elle se leva avec ce maudit poids tout à coup dans son cœur.
….De sa fille….
Elle avait déjà sonné deux fois mais aucun pas ne s’étaient fait entendre derrière la porte plaquée acajou de l’appartement situé au troisième étage d’un immeuble sans charme. Elle se demandait pourquoi sa mère était venue s’installer dans cette ville qu’elle n’aimait pas, dans ce quartier de pierres grises, dans cette rue trop pentue pour ses jambes âgées, dans cet immeuble à l’architecture déprimante éloigné des commerces.
Elle fit une troisième tentative ; elle pouvait ne pas avoir entendu. A son coup de sonnette bref, une porte s’ouvrit dans son dos.
- Inutile d’insister comme cela, Madame C. est absente.
Elle se retourna. Dans le couloir mal éclairé, une dame aux cheveux blancs, plus grande et plus étoffée que sa mère, des charentaises aux pieds malgré la chaleur suffocante, scrutait son visage d’un air soupçonneux. Sa mère lui en avait parlé. C’était « la voisine serviable ». Elle ne l’avait jamais rencontrée ni croisée jusqu’à ce jour mais il est vrai que ses visites étaient rares.
- Vous savez quand elle rentrera ?
- Non, c’est pourquoi ?
Elle montra, suspendu à sa main gauche par un ruban doré, le paquet enveloppé de papier blanc imprimé du nom du pâtissier le plus réputé de la ville.
- Pour son anniversaire, un gâteau au café, son parfum préféré.
La véracité du propos amena un sourire sur le visage ridé.
- C’est vrai, elle adore le café, surtout les glaces.
- Oui mais il fait trop chaud aujourd’hui pour traverser la ville avec un parfait glacé.
- Madame C. est sortie avec la femme de ménage faire les courses du mois. Je ne sais pas à quelle heure elle rentrera mais elle ne part jamais longtemps. Voulez-vous l’attendre ? lui demanda la vieille dame.
- Quelques instants alors.
- Entrez, entrez. Asseyez-vous dans ce fauteuil, il est plus confortable que mon vieux canapé. Voulez-vous un thé, du café ? J’ai de la citronnade aussi.
- Une citronnade, merci Madame.
Elle s’assit dans le fauteuil recommandé, cala son dos contre un coussin couleur bouton d’or recouvert d’une dentelle brodée. La vieille dame revint de sa cuisine, un plateau décoré de fleurettes dans les mains. Elle le posa sur la table basse avec des gestes lents. Près du verre de citronnade elle n’avait pu s’empêcher d’ajouter une assiette de biscuits; de légères traces blanchâtres en sillonnaient le chocolat. Au goût, elle se dit que le paquet était périmé mais la citronnade était fraîche sans être glacée.
- Je ne suis pas certaine que les fils de Madame C. aient pensé à son anniversaire.
- Vous connaissez ses enfants demanda-t-elle intriguée.
- Oui, elle a deux fils. L’aîné est bien gentil et poli. Il déjeune régulièrement avec elle. L’autre, promet de venir. Elle est toute gaie, l’attend et le téléphone sonne….annulant tout au dernier moment.
- Elle a de la peine ?
- Oh ! oui mais elle accepte ses raisons et l’excuse toujours, C’est ….vous voyez ce que je veux dire ?
- Je vois très bien….son préféré. Elle a d’autres enfants ?
- Non.
- Je ne peux pas m’attarder plus longtemps. Vous voudrez bien lui donner la pâtisserie ?
- Oh oui bien sûr, de la part de qui ?
Elle se leva avec ce maudit poids tout à coup dans son cœur.
….De sa fille….
bon retour parmi les Impromputs, Béji :)
RépondreSupprimeravec un texte fort poignant :(
lorsque la différence dans la famille se fait si vivement sentir, nous interrogeons à ce moment-là notre place...
oui, un texte poignant... pas facile d'exprimer ce poids, cette peine. Peut-être est-ce juste une maladresse de la voisine bien intentionnée?
RépondreSupprimerPas de maladresse juste un oubli...maternel
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