Achile.
Je vais vous raconter ce qui m'est
arrivé au pays du sourire. Et je vous prie de croire à mon histoire
: je n'ai rien inventé.
- Alors, mon biquet, on
est venu voir Achile ?
- Hein ? Quoi ? Voilà
que ça recommence comme cette nuit. Qui me parle ?
- Moi, Achile le
crocodile.
- Ça alors ! Un
crocodile qui parle. Et français encore !
- Mais oui, mon cher.
J'ai beaucoup de mémoire comme chacun le sait. Ne dit-on pas chez
vous mémoire de crocodile ?
- Non. Ce sont les
éléphants qui possèdent une mémoire extraordinaire il parait.
- Et bien, on se trompe
chez toi.
Achile rit de son jeu de
mots. C'est super : moi qui pensais que les crocodiles ne savaient
que pleurer. Regardez bien la photo. On voit nettement qu'Achile rit.
- Mais au fait, cher
visiteur, je me suis présenté. Pas toi.
- Pardon Achile. Je me
nomme Victor.
- Hector ?
- Victor. V...comme
Victor.
- V comme Victor, tu me
plais bien toi. J'adore voir ma photo sur ton polo. C'est cool ça.
- Euh, c'est Georgette
qui me l'a offert pour Noël.
- Elle a bon goût ta
femme. Je te kiffe aussi parce que tu ne te promènes pas avec une
ombrelle et une perche à selfies. Si tu savais ce que je dois
recracher quand j'ai croqué un de ces malotrus de chinetoque. Par
contre, je garde leurs portables. J'attends qu'ils aient pris leurs
photos avant de bondir. J'ai une belle galerie de portraits dans mon
vestibule. J'adore me regarder. Je me trouve beau. Pas toi ?
- Si, si Achile. Moi
aussi, j'ai pris une photo - je me mets soudain à le regretter - Je
croyais que tu dormais.
- Moi, dormir ? C'est une
feinte. Mais ne t'inquiète pas. Je ne te mangerai pas. Je ne digère
pas les hommes à barbe. Et d'abord, leurs piquants me grattent au
passage, dans la gorge. Vois-tu : j'ai la gorge fragile. Hum hum. Tu
n'aurais pas des valda sur toi par hasard ? J'ai dû avaler une jaune
à l'ombrelle aux baleines démises. Peuvent pas faire attention, ces
jaunes. Vraiment de la saloperie ce qu'ils fabriquent.
- Tiens. C'est drôle.
Moi aussi, je suis fragile de la gorge. J'ai quelques pastilles. Tu
tombes bien.
- Ecoute, je ne suis pas
chien. On va faire un deal. Je suppose que tu veux ramener une
bricole à ta femme ?
- Elle voudrait bien un
sac ma Georgette.
- En croco bien sûr. Hé,
tu es un petit malin toi. Tu ne veux pas perdre au change. Je vois,
je vois.
- Ben. Je demande peut
être beaucoup. Elle se contenterait d'un petit porte-monnaie pour
les courses...Rien qu'un petit...
- Je vais demander à
Odile. C'est ma copine. Tu vois, je la protège. En même temps, sa
tête me sert d'oreiller. Pratique, non ? Tu peux en faire autant
toi ?
- Non. A cette idée,
le fou-rire me prend.
- Elle est fatiguée,
cette pauvre Odile. Figure-toi qu'elle vient juste de pondre. Il faut
aussi que je trouve quelque chose à manger pour elle et pour moi.
(Brrr, j'ai la chair de poule, tout à coup. Je n'aime pas qu'Achile
parle de manger.) Qu'est-ce qu'on croûte chez toi au fait ?
- Des rillettes
principalement. Mais pas que. Du poulet de Loué aussi, élevé en
plein air.
- Loué soit le poulet !
J'aimerais il me semble. Bon. Voyons. Odile, ma chérie, ce monsieur
voudrait un morceau de peau.
Odile baille, me regarde
un peu. Du coin de l'œil. Elle grogne :
- Tous les mêmes ! Mais
qu'est-ce qu'ils ont à vouloir du croco ? Et des sacs, et des
chaussures, et des ceintures... Et quoi encore ? C'est malheureux
quand même. On ne peut pas être tranquille. Bon. Il a l'air sympa
celui-là. Achile, on ne va pas lui donner un morceau de ton talon.
- Odile s'esclaffe. Ce doit être leur blague favorite - Je vais
regarder dans mes archives. Il doit me rester un bout de queue de ma
grand-mère.
Odile revient avec une
superbe peau. Largement de quoi faire un sac pour Georgette. Ce
qu'elle va être contente, ma Georgette ! Nous procédons à
l'échange : pastilles contre peau de croco. Je salue bien bas mes
nouveaux amis, m'éloigne avant qu'ils ne changent d'avis. On ne sait
jamais. Achile rit. Oui. Mais peut être jaune. A force de bouffer
du chinois.
Vous savez ce qu'il vous
reste à faire avant d'approcher les crocodiles : laissez-vous
pousser la barbe messieurs. Pour les femmes ? Euh, il doit exister
quelques trucs. Faudra demander. J'y penserai la prochaine fois.
voilà un marchandage bien singulier !
RépondreSupprimerJe les avais pourtant bien observés mais à l'avenir je ne les regarderai plus pareil :))
RépondreSupprimerTu as raison : j'ai mal vu - je devais avoir les yeux à demi fermés - (!) Achile ne pose pas sa tête sur la tête d'Odile. Et ça fait évidemment toute la différence. :-)
SupprimerTerrible de penser qu'elle garde un bout de peau de sa grand mère pour le cas où ! ;-)))) C'est vraiment une chouette histoire !
RépondreSupprimerMerci Mapie de trouver cette histoire croco croqui...enfin je suis contente qu'elle te plaise un peu. :-)
SupprimerC'est peut être assommant mais je ne sais qu'inventer des histoires...plus ou moins intéressantes peut être. Mais voilà ! ;-)
Ah ça fuse, tu as plus d'un tour dans ton...sac.
RépondreSupprimerAvec tout ça, le sac n'est pas encore fait, blablabla,blablabla, "allez Victor, au boulot !"
RépondreSupprimerMerci pour vos coms. :-)
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