Lui était spécialisé dans les
biographies, elle était romancière. Pierre. Rita. Ils avaient
habité là trente et un ans. Le voisinage s’en souvenait. Deux
tempéraments volcaniques. Pour un oui ou pour un non, ils
s’envoyaient allègrement la vaisselle à la figure, ou tout autre
objet à portée. Y compris leurs propres livres. Les portes
claquaient, les volets ne fermaient plus. Parfois quelques hurlements
de colère se mêlaient au vacarme.
Pierre et Rita étaient de véritables
esprits frappeurs vivants. On ignore ce qui les faisait monter sur
leurs grands chevaux. On ne sait pas non plus quelle alchimie les
rendait inséparables.
Quand, sur leurs vieux jours, on les
vit de moins en moins, et même plus du tout, cela dura encore
quelques années : les bruits et les coups, les cris et les
fracas.
Jusqu’au jour où, la bâtisse se
délabrant sérieusement, elle finit par s’effondrer.
Lorsqu’il allait rendre visite à sa
belle-sœur, Henri Plotte passait en chemin près d’une sorte de
champ de ruines, apparu il y a peu. Il n’y prêtait guère
attention, et ne semblait pas le seul, tout en supposant qu’à cet
endroit un nouveau bâtiment verrait bientôt le jour.
Pris par ses pensées comme on peut
l’être sur un parcours routinier, Henri n’aurait su dire
exactement quand ce chantier était apparu.
Ce jour-là, son œil fut attiré par
un morceau de métal tordu qui brillait au soleil et dépassait
légèrement du tas de gravats.
Henri se pencha et remarqua qu’il
s’agissait d’une plaque commémorative pareille à celles que
l’on trouve sur le fronton des maisons pour indiquer qu’une
célébrité est née, a vécu ou bien est décédée à cette
adresse.
Ici avait vécu, et il l’apprenait,
un couple d’écrivains. Henri prit la peine de se renseigner sur
ces deux gloires locales.
Il apprit
qu’il n’y avait jamais eu la moindre plaque apposée sur la maison. Quant à sa deuxième question…
- - Monsieur ?
- - Oui ?
- -
Aucun chantier non, pas de construction nouvelle
prévue.
N'est-ce pas le rêve de tout écrivain de faire parler de lui après sa mort ?
RépondreSupprimerCes deux-là peut-être !!!
SupprimerAh tiens je vois qu'il y a des puces à la fin du texte à la place des tirets de dialogue, qu'il en manque et - horreur- le "e" de prévue a sauté.
RépondreSupprimerJ'ai mal copié collé, et pas vérifié,excusez-moi !
Et vivent les phénomènes inexpliqués, qui mettent du piment dans des vies trop rationnelles...
RépondreSupprimer¸¸.•*¨*• ☆