Monsieur.
Nous étions assis en face d’une formidable machine intellectuelle et nous nous en rendions à peine compte. Nous étions là, tenus d’écouter cet homme parler et très vite il éblouissait.
Le premier cours de l’année quand il avait entré son immense carcasse dans la salle, quand il l’avait assise derrière le bureau et quand, le silence revenu, il avait dit dans un demi-sourire: Je m’appelle Mr Blanche : Riez.
Tu penses bien que pas un seul d’entre nous n’avait osé bouger ses lèvres et encore moins sourire et pourtant. Il avait insisté Allez riez, c’est drôle non ?
Il était noir, il devait bien mesurer deux mètres, un Obélix chauve, son pantalon remonté assez haut sur le ventre et une chemise… blanche à manches courtes. Des mains immenses vives, vivantes expressives. Il n’avait aucun cartable, aucun cahier, aucun livre devant lui. Il était là, seul avec tout en lui en charge de nous transmettre l’état des connaissances en psychologie mais aussi son histoire.
Alors, seulement, nous avons souri.
Une fois assis, une fois le silence réinstallé, il n’avait eu besoin de rien pour ça, peut-être avait-il levé une main, c’était même pas sur, une fois nos stylos ou crayons prêts à écrire, il s’était mis à parler. Il ne dictait pas mais il parlait en un flux continu, mais son discours était incroyablement structuré, étayé d’anecdotes, de citations précises replacées dans leurs contextes, de dates précises, d’évènements, de récits d’expériences, de publications d’auteurs, de pistes de recherches. Les chapitres s’enchainaient, s’articulaient dans un fluide étonnant. Il parlait environ une heure cinquante, la durée du cours. Alors seulement nous reposions nos stylos et son cours était là sous nos yeux transcrit. Là, il nous demandait si nous avions bien tout compris puis il nous libérait avec un sourire entendu. J’ai eu le privilège d’assister à ce miracle deux années de suite. Les cours de la deuxième année qui était pour moi une année de redoublement furent bien entendu différents de la première.
Cet homme s’appelait Lénis Blanche.
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des professeurs surprenant, brillant et qui ne rentrent pas dans le cadre ! et ça c'est inoubliable !
RépondreSupprimerAventure passionnante. C'est bien d'avoir eu des profs exceptionnels.
RépondreSupprimerQuelle chance ! C'est comme de croiser un OVNI : on en rêve sans y croire et puis pouf, il passe en comète dans un ciel sans surprise. On en reste pantois, on se pince, mais oui, c'était donc vrai. Une belle anecdote.
RépondreSupprimerUnir la première et l'avant dernière phrase du texte...: le portrait d'un véritable prof. Pas seulement celui qui transmet, mais celui qui donne, suscite, fait grandir....Toujours un même contenu, toujours dispensé dune autre manière!
RépondreSupprimerC'est effectivement un bonheur ...
J'aime la manière dont cette "tranche" de cours nous est présentée en lecture-partage!
Un prof avec un grand P
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