Dis, petit Pierre, les vois-tu ces lutins qui batifolent dans l'herbe ?
Je vais te dire une légende ; elle te semblera peut-être un peu mièvre et
abracadabrantesque, mais tu verras qu'elle est porteuse d'espoir.
"Il était une fois, dans un
pays magique, un peuple d'elfes. Certains, les svartálfar, vivaient au centre de la terre et
ils étaient particulièrement malveillants et diaboliques. D'autres, les ljósálfar,
évoluaient dans les airs ; au contraire ils étaient sympathiques et gracieux.
Tu penses sans doute que ceux que tu vois danser autour de nous font partie de
la deuxième famille. Eh bien, ce n'est pas tout à fait ça !
Si, aujourd'hui, ils dansent au
son d'une musique que nous ne pouvons pas entendre, il n'en fut pas toujours
ainsi. Les elfes d'en bas menait aux ljósálfar une guerre implacable. Le combat
était inégal : l'inspiration des elfes noirs était sans limite pour les
martyriser. Ils prétendaient que le petit peuple d'en haut faisait dans la
guimauve, qu'il jouait la comédie et, surtout, que les champignons de toutes
les couleurs qu'il brandissait en guise d'ombrelle propageait la rouille-balai
de sorcière dans les sapinières, une terrible maladie qui tue les arbres. À
l'approche de Noël, comme en ce moment, la guerre était déclarée ouvertement :
les svartálfar sortaient la nuit, armés de louches pour attaquer les ljósálfar.
Tu te doutes bien, petit Pierre,
que l'égalité entre les deux peuples n'était pas respectée !
Les elfes d'en haut décidèrent de réagir, mais, tu sais,
maintenant que tu les connais, que leur stratégie ne pouvait pas être
belliqueuse : ils étaient complètement incapables d'une quelconque méchanceté !
Ils se réunirent en conseil.
Leurs conseils se déroulaient en
chanson. Ce n'est pas vraiment classique, mais chez eux c'était ainsi ! La
réunion résonnait de baragouinages (pour nous… parce qu'entre eux, pas de
problème de liaison). Les svartálfar, goguenards et sarcastiques, se
gobergeaient et hurlaient au navet, en se tapant sur les cuisses. Mais les ljósálfar
avaient le cœur tendre et c'est dans la rouge délicatesse des coquelicots
qu'ils trouvèrent la force d'imaginer leur roman de résistance.
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Ils conçurent un projet
séraphique, absolument imparable. Chaque elfe d'en haut décida de tomber
amoureux d'un elfe d'en bas.
Au début, ce ne fut pas simple !
Ils se mirent à conter fleurette à leurs antagonistes, complètement éberlués. Comment
repousser tant d'angélique tendresse ? Toutes leurs détestables stratégies
n'eurent plus de prise sur la joie de vivre des elfes d'en haut, qui les
emmenaient voleter de fleurs en fleurs. Comme Noël approchait, ensemble ils
cueillirent des baies d'églantier dont ils se servirent pour décorer les sapins
de la sapinière (l'occasion de s'apercevoir qu'ils n'étaient pas malades,
contrairement à ce que prétendaient les svartálfar) !
La nuit du 24 décembre fut enchanteresse
et paradisiaque !
C'est ainsi que le petit peuple
d'en bas quitta pour toujours les ténèbres souterraines et maléfiques. La paix
régna définitivement au pays des elfes."
Pourquoi, soupira Petit Pierre, ne sommes-nous pas des elfes ?
Où voir les Illustrations Margaret Winifred Tarrant (http://www.artnet.com/artists/margaret-winifred-tarrant/past-auction-results
)
Joli conte scandinave où l'amour triomphe des conflits!
RépondreSupprimerSi seulement ce pouvait être d'actualité !
RépondreSupprimerJolie histoire où les elfes, qui portent le nom de meubles Ikea, inventent la paix et la magie de Noël. Ils sont forts ces Scandinaves ! Encore un cas d'école à étudier par le professeur Taurus dont l'Ecri'turbulente nous conte les multiples expériences à découvrir sans modération !
RépondreSupprimerMerci Anne !
RépondreSupprimerEn voilà une belle pub que tu me fais là !
Pour le moment le Professeur Taurus prend un peu de repos dans le service du Professeur Serre Ébral. L'herbe d'or lui a tourneboulé le cerveau et les sens-à-tion !
C'est bien mignon.
RépondreSupprimerAussi romantique que Roméo et Juliette, version scandinave. Mais on peut également avoir une deuxième ou troisième lecture sur les valeurs humanistes...Merci pour ce conte haut en couleurs!
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