Il était directeur de l’école de kiné mais aussi professeur de gymnastique appliquée. Il s’appelait Monsieur Schmitt.
En première année le cours de pratique, le lundi de 8 à 10, était devenu la hantise de nombre d’entre nous, une curieuse façon de commencer la semaine.
Il était de taille moyenne, le cheveu taillé court, il boitait, son pied gauche traînait, il avait été champion de boxe, sans doute un vieux souvenir de coups reçus.
Il ne nous épargnait rien tant il était dur et intransigeant, le régime était quasi militaire, même les mouches n’osaient plus voler dans le gymnase ! Je me souviens de ses moqueries blessantes et parfois humiliantes pour celui ou celle qui n’avait pas l’exacte posture demandée ou qui ne connaissait pas la réponse de ses multiples questions pièges. Et puis le temps a passé, les cours de gymnastique sont restées gravés dans ma mémoire…lui, je l’ai recroisé, il a habité un temps dans mon quartier puis il a déménagé…
Trente-cinq ans plus tard, je rentre dans une boutique près de chez moi et là calé dans un fauteuil roulant, je retrouve Monsieur Schmitt à moitié paralysé, toujours la tête haute.
Je me présente et nous engageons une longue conversation, l’homme n’est plus le même, quelle humilité, quelle sagesse, j’en serai presque émue ! Je vais même jusqu’à lui dire que je suis une lectrice assidue des livres de son fils le célèbre écrivain et je vois alors sur son visage une si tendre émotion, une belle fierté !
Cinq ans plus tard, lors d’une séance de dédicace, je rencontre le fils, je me présente et lui dit que j’ai eu son père comme professeur. Arrêt sur image, il me regarde, un sourire en coin…et cela n’a pas été trop difficile ? Je lui raconte les deux images que je garde de cet homme et lui me parle de la carapace dont l’humain se couvre pour mieux se protéger.
Oui je crois sincèrement qu’il n’y a pas de gens méchants mais juste des gens souffrants.
belle histoire et touchante. L'homme devait avoir une philosophie spécifique dans son métier d'enseignant et peut-être que, lorsque tu l'as revu, il a simplement révélé sa vraie personnalité ... et puis rencontrer PE Schmitt (et auparavant son père) doit être assez impressionnant ...
RépondreSupprimerj’ai été passionnée par le récit de tes souvenirs
RépondreSupprimerde beaux portraits croisés du prof d'autrefois, terrible, du vieil homme, changé, et de cet échange sur lui à travers la rencontre de son fils, célèbre écrivain :)
Oui, ce n'est pas évident d'être le souffre-douleur de quelqu'un qui souffre, surtout quand on est gamin.
RépondreSupprimerJe n'ai pas réalisé tout de suite...
RépondreSupprimerQuelle belle histoire...
Ah! Ces profs...
Émouvante rencontre dans deux contextes tellement séparés...
RépondreSupprimerPas encore lu le fils, c'est en projet...
Un fort souvenir - Il faut parfois avoir souffert pour s'ouvrir aux autres, ou alors rencontrer Dieu dans le désert
RépondreSupprimerComme le dit la chanson..."Il suffit de presque rien..."
RépondreSupprimerDescendre de son piédestal...
Regarder sous un autre angle;
Mûrir et tout à coup, se découvrir tout petit;..
J'aime beaucoup les revirements décrits, tout en nuances....au gré de rencontres....