Pti Pierre et Laurette
Pti'Pierre trépignait derrière
les carreaux. Il regardait la neige tomber et comme chez tous les enfants ce
moment était très excitant.
Au loin la montagne était
recouverte d'un tapis blanc hivernal. Les cailloux du jardin, eux étaient
encore visibles. Petit Pierre portait déjà ses moufles, son bonnet et son
écharpe, prêt à se jeter sous la neige.
À huit ans, c'était un vrai petit
montagnard et la neige le stimulait. Sa mère avait quelques difficultés à
tempérer ses ardeurs. Il n'était pas nerveux mais plein de vie. La vieille luge
en bois de son père trônait devant l'entrée à côté de la sienne, en plastique
bleu.
Du haut de son jeune âge, il
ménageait son père. Il savait qu'utiliser sa luge lui faisait plaisir mais rien
ne valait sa coque en plastique, plus stable, plus rapide et surtout plus maniable. Cependant il
avait toujours en mémoire les descentes mémorables, accrochés au ventre de son
père, son écharpe rouge claquant au vent.
Sa mère l'initiait au ski,
ancienne championne régionale, elle lui avait tout appris du chasse-neige au
slalom à l'art du tire-fesses.
Pti'Pierre était prêt à bondir.
La neige il l'attendait huit mois par an et en profitait le reste du temps. Le
froid n'avait pas d'importance pourvu qu'il glisse à toute vitesse en ski ou
bien en luge.
Et lorsque papa était devant,
filmant ses exploits,chassant la neige de ses skis Pti'Pierre était ravi de se
revoir pendant les longues soirées d'été.
Laurette, son amie, sa rivale,
celle qu'il aimait en secret était aussi une montagnarde. Elle le défiait tout
le temps, par jeu ou par… Elle faisait battre son cœur. Il l'aimait quand il la
battait sur un piste de vitesse, il l'aimait quand elle enroulait ses bras
autour de lui et posait sa tête sur son épaule, confiante, son corps collé
derrière le sien. Il l'aimait quand il était derrière elle sur la luge, les
bras autour d'elle et les mains qui s'agrippaient où elles pouvaient.
Laurette aimait sentir sa chaleur, son odeur.
Pti'Pierre était aux anges quand il pouvait effleurer sa poitrine toute plate
même si les gants laissaient toute la place à l'imagination. Pourtant même le toucher de ses petits seins n'avait
plus d'importance si elle défiait toute les lois de la gravité et descendait la
piste bien plus vite que lui. Il rageait, jetait ses gants et tapait du pied
sur la neige comme un taureau en rut. Il manifestait sa colère sans aller trop
loin. Il savait où s'arrêter, depuis l'enfance elle avait fixé les limites.
Il la regardait, furieux, elle le
regardait confiante. Elle aimait le pousser dans ses retranchements, sûre de
son emprise. Elle savait qu'elle serait sienne le moment venu, son instinct lui
dictait comment se faire désirer, comment ne lui accorder qu'un baiser
fraternel, comment ne pas être soumise.
Elle riait de ses mains qui se
baladaient sur son corps ostensiblement, ça n'avait pas d'importance, son corps
de petite fille informe n'avait pas de réaction puis au travers de ses gants…
il pouvait rêver.
Laurette avait sa potion magique, sa manière de … elle
le manipulait facilement, lui claquant un baiser sur ses lèvres. Il s'apaisait
subitement.
Pti'Pierre aimait la neige mais
ce qu'il aimait encore plus c'était l'été au bord du lac quand Laurette à
demi-nue dans son bikini étalait son corps au grand jour. Il la désirait
ouvertement. Elle provoquait ses émois mais s'il posait même par inadvertance
les mains contre son corps, c'était sans appel, une gifle claquait sa joue sans
préambule. Elle apaisait la douleur cuisante du bout de la langue, le serrant
contre elle comme si dans sa tête, elle
connaissait déjà tous les codes de l'amour.
Pti-Pierre enfila son anorak … Il
avait seize ans depuis quelques jours. Elle et lui vivaient en pension toute
l'année et ne se retrouvaient que pour les vacances. Quand il pensait à elle
Pti'Pierre se frottait la joue, un vieux tic. Il n'avait qu'une hâte, celle de
descendre en luge accroché à elle, là était son seul plaisir. Quant à Laurette
le bonheur qu'elle éprouvait, la rendait folle. Il pouvait à loisir promener
ses mains sur elle, elle était sûre qu'à la fin de leurs études il lui
passerait la bague au doigt. Elle savait déjà que l'été prochain, au lac, elle
se baignerait sans maillot de bain.
Chroniques d'une vie conditionnée annoncées ; je les espère aller bien plus loin que le bas de la piste et le bord du lac... :)
RépondreSupprimerCê récit me fait penser à la chanson Chez Laurette... Une jolie histoire avec une fin attendue, l amour certain avec un anneau d or, merci pour ce partage
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