Paulo
On s’est retrouvés tous les quatre au Bar du Pont. Paulo chougnait comme un gosse, on n’a pas tout de suite pigé ce qu’il barguignait à travers ses larmes.
On s’est retrouvés tous les quatre au Bar du Pont. Paulo chougnait comme un gosse, on n’a pas tout de suite pigé ce qu’il barguignait à travers ses larmes.
Au fond du rade, ça sentait la merguez et le café bouillu, des bidules louches à l’odeur pas nette pendaient au-dessus du comptoir, on aurait dit des cadavres de merlan.
Le patron, une espèce de gras du bide au marcel douteux, puant des pieds et de la gueule, éructait à la bière en fourrant sa grosse pogne dans un froc tout aussi crados, chaque fois qu’il avait besoin du tire-bouchon. On l’appelait le vice-amiral, rapport à ce qu’il avait fait ses armes à Toulon, dans la Navale. Paulo venait de se faire plaquer par sa poupée russe, une matriochka aux joues rouges et aux yeux de lin qu’il avait dégotée dans le port en train de racoler le micheton pour une bouchée de pain. Paulo jérémiait. On l’entendait bieurler jusqu’à la capitainerie.
Je vous en ficherais, moi… On les sort du bobinard, on leur donne du respectable, on en fait des "madames" et puis voilà. Elles mettent les bouts avec un freluquet gominé, costard trois-pièces, grosse bagnole, qui leur fait renifler ses talbins. Rien qu’des vénales, j’vous dis ! Saloooope !
Fallait pas se leurrer, son histoire sentait un peu le chrysanthème, et beaucoup la vinasse, rapport aux litrons qu’il venait de s’enfiler derrière les amygdales. Y’ a pas, il avait l’ivresse séculière et le chagrin vengeur. Nous ses poteaux, on devait surtout le consoler et l’empêcher de faire une connerie. Dans cet état, le Paulo était capable de foutre la môme à la baille après l’avoir énucléée à la cuillère à glace ou au vide-pomme.
Hey maîtresse énucléé c'est pire que les oeufs nuqes ?
RépondreSupprimerBien pire !
SupprimerOn n'y voit plus rien... :-)
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Pour un texte aussi goguenard, je parlais de Paulo, il est bien ficelé. Je ne te savais pas aussi fine dans les mots truculents. Il n'y a que San-Antonio capable d'aussi bien raconter avec une langue colorée, pleine d'argot, faite de contrepèterie ou autre calembour. J'ai vraiment adoré. Tu es vraiment bien dans tous les registres la Céleste et ça c'est super.
RépondreSupprimerBisous
Merci Bizak !
SupprimerJ'aime les exercices de style...
C'est comme faire des gammes au piano ! ça dégourdit les neurones...
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Comme quoi c'est pas parce que c'est avec les bonnes bourgeoises qu'on fait les meilleures grues que la réciproque est vraie!
RépondreSupprimerCélestine, tu as assuré grave sur ce coup-là...
Venant de toi, le compliment me va droit au coeur !
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un texte argotique, subtil et drôle ...
RépondreSupprimeren fait tu es capable de tout et tes neurones n'ont pas besoin de se dégourdir il me semble :o))
C'est gentil, ça, l'Arpenteur...mais tu sais mes neurones sont sur-efficients et toujours en ébullition, alors, un peu de détente...
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
c'est du brutal, du vécu, du costaud, du savoureux, du cinoche du temps des grands de l'argot, bravo !
RépondreSupprimerToute une vie à me régaler des films d'Audiard...et mon père qui lisait San Antonio...ça aide !
SupprimerBises Emma
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Sacré Paulo ! Avec les mots qui vont bien, ça jacte ferme, et on pense au boui-boui bien crado de Pierre Perret, bravo !
RépondreSupprimerC'est vrai, y'a de ça !
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moralité : faut pas chercher la Célestine sur le terrain du bagoût, sinon gare à l'abattage !
RépondreSupprimer:)
C'est clair, pire que Lulu la Nantaise... ^^
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Aurait-on cru qu'un Paulo gras du bide au marcel douteux ait les sangs retournés à cause d'une matriochka? Et pourtant, malgré l'odeur de merguez pimentée de vinasse, ça sent le vécu! Aurais-tu assisté à la scène, Célestine?...:)
RépondreSupprimerDans une autre vie, alors...
Supprimerparce que dans celle-ci, je suis bien trop sage !
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Ça sent les bas fonds et le merlan frit ton histoire Célestine mais qu'est-ce qu'elle est bien ficelée !
RépondreSupprimerFicelée comme un rôti bardé de lard ?
SupprimerHihi !
Merci marité
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Belle approche du sujet.
RépondreSupprimerPourtant il ne s'est pas laissé approcher facilement !
SupprimerBises pascal
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