Le vice-amiral était beau et l’avait toujours été, bien avant de faire carrière dans la marine française. Pour tout vous dire, alors jeune universitaire il était entré dans les ordres, par goût du recueillement et de la musique d’église. Il était pieux et sincère, nul n’en doutait, et pourtant … il jeta le froc aux orties !
« Le coeur a ses raisons que la raison ignore » Et ce cœur s’éveilla un soir que, par hasard, il passait distraitement à pied devant la porte d’une taverne voisine. Une artiste russe chantait et jouait de la balalaïka. La nostalgie qui s’échappait de la musique le retint malgré lui, étonné, attentif, puis séduit. Oui, je dis bien « séduit », comme peut l’être un homme. Il entra donc dans la taverne.
Il se disait confusément que Satan rôdait dans les parages, mais une force inconsidérée l’assit juste devant l’estrade et leurs regards se rencontrèrent.
Ils n’eurent pas besoin de mots. A minuit, il accompagna sa matriochka, lui offrit une merguez sur le coin d’un comptoir, et son cœur pour la vie.
Une vie qui changea du tout au tout lorsqu’il devint sous-amiral, vous pensez bien. Un bateau n’est pas un bidule ; il y consacra donc toutes ses forces, tout son temps, compensant son absence par des fleurs qu’il envoyait à chaque escale à sa poupée russe : des roses, des œillets, des bouquets garnis parfois d’un chrysanthème. Un soir qu’il épépinait mélancoliquement une pomme (à l’aide de son vide-pomme), il reçut un télégramme « Suis partie. Adieu ». Il n’en fut pas particulièrement étonné. Ni malheureux. Il entra dans sa cabine, écouta la "Messe en si mineur" de Jean Sébastien Bach et s’endormit en paix. Comme tous les soirs.
« Le coeur a ses raisons que la raison ignore » Et ce cœur s’éveilla un soir que, par hasard, il passait distraitement à pied devant la porte d’une taverne voisine. Une artiste russe chantait et jouait de la balalaïka. La nostalgie qui s’échappait de la musique le retint malgré lui, étonné, attentif, puis séduit. Oui, je dis bien « séduit », comme peut l’être un homme. Il entra donc dans la taverne.
Il se disait confusément que Satan rôdait dans les parages, mais une force inconsidérée l’assit juste devant l’estrade et leurs regards se rencontrèrent.
Ils n’eurent pas besoin de mots. A minuit, il accompagna sa matriochka, lui offrit une merguez sur le coin d’un comptoir, et son cœur pour la vie.
Une vie qui changea du tout au tout lorsqu’il devint sous-amiral, vous pensez bien. Un bateau n’est pas un bidule ; il y consacra donc toutes ses forces, tout son temps, compensant son absence par des fleurs qu’il envoyait à chaque escale à sa poupée russe : des roses, des œillets, des bouquets garnis parfois d’un chrysanthème. Un soir qu’il épépinait mélancoliquement une pomme (à l’aide de son vide-pomme), il reçut un télégramme « Suis partie. Adieu ». Il n’en fut pas particulièrement étonné. Ni malheureux. Il entra dans sa cabine, écouta la "Messe en si mineur" de Jean Sébastien Bach et s’endormit en paix. Comme tous les soirs.
Il faut se méfier des joueuses de babalaïka un peu trop babacool :)
RépondreSupprimerTrop tard, Vegas! Le mal est fait!... :)
SupprimerUn curé défroqué, il n'a mêm pas eu le temps de lui faire une cène !
RépondreSupprimerJoli, choupi !
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Jean-Charles, avec elle, je crois qu'il pensait à autre chose!...
SupprimerTon héros est moins affecté que le mien par le départ de sa Matriochka !
RépondreSupprimerÇa rend philosophe de devenir sous-amiral !
¸¸.•*¨*• ☆
...ou d'avoir été moine! :)
Supprimeret oui, la carrière peut casser une vie parfois
RépondreSupprimerune rencontre douce et une séparation sans rage, et il s'endort avec JS Bach ... peut-être renfilera-t-il son froc :o)
Chère Lorraine, “M'en voudras-tu beaucoup si je te dis un monde qui chante au fond de moi au bruit de l'océan “, et si ta belle histoire de marin absent, (ô mauvais esprit que je suis ) m’en rappelle une autre http://www.dailymotion.com/video/x3lg2_pierre-perret-estelle-par-bisonravi_music
SupprimerIl y pense, l'Arpenteur, il y pense...:)
SupprimerT'en vouloit, chère Emma? Sûrement pas. Seul le vice-amiral sera peut-être un peu choqué...mais les marins sont plus hardis que les gens d'Eglise et rien ne me permet d'affirmer qu'il n'a pas, lui aussi, entonné "Estelle" un soir de liesse...:)
SupprimerOn ne dit pas assez aux élèves-amiraux qu'ils devront conduire des bateaux... :)
RépondreSupprimerUne lacune à combler au plus tôt, bien entendu! :)
SupprimerUn petit coup de JS Bach et ça repart pour un autre port - dure est la vie des marins, durs sont les marins et difficile la vie des femmes de marins (même anciens moines).
RépondreSupprimerUn constat dès édifiant, Jean-Claude! Et tellement juste!
RépondreSupprimerJ'aime bien la légèreté de ton texte; c'est mon premier sourire de la journée après les événements de Nice
RépondreSupprimerHeureuse de t'avoir fait sourire, Pascal. Et d'adoucir un peu la tristesse que nous partageons tous, devant tant de cruauté.
RépondreSupprimerAmicalement,