Un souvenir inoubliable
L’été 1977 hésitait entre ombres et lumière, entre fraicheur et soleil de plomb. Isabelle avait quatorze ans. Grande, mince, des cheveux châtains et des yeux bleu outremer, elle jouait funambule sur le fil de l’adolescence. Les vacances étiraient doucement des journées d’ennui, dérivant de promenades en lectures, de rock en disco, de silence en infinis bavardages. Et pourtant, elle allait vivre une étonnante aventure. Sa grand-mère l’avait invitée à la rejoindre pendant une quinzaine de jours au cœur du mois d’août, en Sicile. C’était son premier grand voyage.
Arrivée à Palerme, la grand-mère, hautaine, élégante, autoritaire mais débordante d’amour pour sa petite-fille l’emmena vers une cité proche de la capitale, berceau de la famille.
Elle lui résuma l’histoire de sa vie : l’arrière-grand-père possédait des terres immenses et d’importants domaines agricoles et viticoles. Gouvernante pour les enfants, domestiques, train de vie noble et bourgeois. Mais cet homme brillant était passionné par le jeu, en particulier par le poker. Joueur invétéré, il perdit peu à peu sa fortune. La famille d’Isabelle rentra dans le rang des gens "normaux", tout en conservant une aura, un infini prestige et un respect incommensurable de la population.
Quelques jours plus tard, la fête de l’assomption allait occuper toute la ville. Une procession considérable parcourait les rues jusqu’à la mer. La très belle statue de la Vierge sortait de la grande église sur une sorte de brancard porté aux épaules des hommes. Un voile blanc, ample et long accroché à la couronne de la Vierge recueillait des billets que les fidèles épinglaient tout au long du parcours.
La veille de la fête, les organisateurs vinrent voir la grand-mère d’Isabelle. Une sorte de conciliabule auquel elle ne comprit pas grand-chose. A la fin de la discussion, sa grand-mère lui expliqua qu’elle devrait accompagner la Vierge sur le brancard, en robe blanche et la tête ornée d’une couronne de fleurs. C’était un honneur pour la famille et également pour son arrière grand-oncle qui fut cardinal. Elle n’eut pas le choix de refuser.
Le 15 août, Isabelle traversa la ville sous les bravos de la foule, accompagnée par les cantiques chantés à pleine voix. Sous un soleil somptueux, elle était l’incarnation de sa famille et de la Vierge, dans l’ombre brûlante du voile qui se couvrait de billets, dons généreux voués aux œuvres.
Ce récit est une histoire véridique vécue par une amie proche.
Où lire l'Arpenteur
L’été 1977 hésitait entre ombres et lumière, entre fraicheur et soleil de plomb. Isabelle avait quatorze ans. Grande, mince, des cheveux châtains et des yeux bleu outremer, elle jouait funambule sur le fil de l’adolescence. Les vacances étiraient doucement des journées d’ennui, dérivant de promenades en lectures, de rock en disco, de silence en infinis bavardages. Et pourtant, elle allait vivre une étonnante aventure. Sa grand-mère l’avait invitée à la rejoindre pendant une quinzaine de jours au cœur du mois d’août, en Sicile. C’était son premier grand voyage.
Arrivée à Palerme, la grand-mère, hautaine, élégante, autoritaire mais débordante d’amour pour sa petite-fille l’emmena vers une cité proche de la capitale, berceau de la famille.
Elle lui résuma l’histoire de sa vie : l’arrière-grand-père possédait des terres immenses et d’importants domaines agricoles et viticoles. Gouvernante pour les enfants, domestiques, train de vie noble et bourgeois. Mais cet homme brillant était passionné par le jeu, en particulier par le poker. Joueur invétéré, il perdit peu à peu sa fortune. La famille d’Isabelle rentra dans le rang des gens "normaux", tout en conservant une aura, un infini prestige et un respect incommensurable de la population.
Quelques jours plus tard, la fête de l’assomption allait occuper toute la ville. Une procession considérable parcourait les rues jusqu’à la mer. La très belle statue de la Vierge sortait de la grande église sur une sorte de brancard porté aux épaules des hommes. Un voile blanc, ample et long accroché à la couronne de la Vierge recueillait des billets que les fidèles épinglaient tout au long du parcours.
La veille de la fête, les organisateurs vinrent voir la grand-mère d’Isabelle. Une sorte de conciliabule auquel elle ne comprit pas grand-chose. A la fin de la discussion, sa grand-mère lui expliqua qu’elle devrait accompagner la Vierge sur le brancard, en robe blanche et la tête ornée d’une couronne de fleurs. C’était un honneur pour la famille et également pour son arrière grand-oncle qui fut cardinal. Elle n’eut pas le choix de refuser.
Le 15 août, Isabelle traversa la ville sous les bravos de la foule, accompagnée par les cantiques chantés à pleine voix. Sous un soleil somptueux, elle était l’incarnation de sa famille et de la Vierge, dans l’ombre brûlante du voile qui se couvrait de billets, dons généreux voués aux œuvres.
Ce récit est une histoire véridique vécue par une amie proche.
Où lire l'Arpenteur
et bien , je comprends extraordinaire, c'est pas donné à toutes les ados d'être l'incarnation de la Vierge... inoubliable !
RépondreSupprimeravec le sourire
J'aime beaucoup. C'est toujours très intéressant d'écrire l'histoire vécue d'un autre avec ses propres sensations.
RépondreSupprimerUne belle histoire qui remet en pleine lumière l'aura d'une famille qui avait lentement décliné vers l'ombre.
RépondreSupprimerOn croirait entendre crier "Vive Marie!".
RépondreSupprimerJoli souvenir