Le buzzer insiste… BZZZZ BZZZZZ BZZZZZ !
- Déjà ? Oh non ! Allez, encore une petite minute….
Le doigt sur l'interrupteur, Mireille allume le petit soleil
de la lampe familière. Merde, un quart d’heure ! Je me suis rendormie un
quart d’heure !
Elle est debout, bien réveillée cette fois, les pieds dans
ses petites mules bordeaux, un peu usées mais tellement confortables !
Après le passage obligé aux toilettes, qui fait cesser le
balancement d’un pied sur l’autre, Mireille est dans la cuisine, l’eau dans la
cafetière, le café moulu dans le filtre, le bouton sur : « ON ». Elle
sort deux bols, deux cuillers à café de « Nesquick », les petits pains au
lait bien en évidence, le gros pot de Nutella, les biscottes pour elle.
Régis est déjà parti : aujourd’hui, il avait rendez-vous
à Marseille. Un contrat très important pour sa société, un nouveau logiciel de
gestion « ré-vo-lu-ti-on-nai-REU » lui a-t-il dit hier soir, en souriant.
« Je devrais prendre le T.G.V à sept heures, gare de Lyon, je me lèverai
de bonne heure ». Dors tranquillement, mets ton réveil, je partirai sur la
pointe des pieds.
Mireille est sous la douche, tiède d’abord, puis… trois
secondes d’eau glacée : c’est long trois secondes parfois…
Habillée à la hâte d’un pantalon gris clair et d’un col roulé
en jersey bordeaux, elle entre doucement dans la chambre de Roselyne, se penche
sur le lit de la fillette :
- Debout mon ange, il est l’heure !
- MMMHHH…
- Allons, debout Princesse, nous sommes déjà en retard !
- B’jour M’man.
- Bonjour mon cœur.
Un gros poutou qui claque, Roselyne est debout.
Une jolie fillette de sept ans, longs cheveux châtains, un
joli visage : copié-collé sa Maman, leur dit-on chaque fois qu’elles sont
ensemble !
Mireille a laissé Roselyne s’habiller, puis elle est allée
dans la chambre contiguë.
- Bonjour mon Pierre ! On se lève, on quitte son joli
rêve : le chocolat t’attend !
Une tête frisée sort de la couette imprimée d’un énorme
OUI-OUI.
- Bonzou Manman !
- Bonjour mon chéri, bien dodo ?
- Voui.
Le café est passé, Mireille porte dans ses bras le petit
Pierre, âgé de trois ans, le pouce dans la bouche, sa main libre « tournicote
» une boucle de ses jolis cheveux blonds.
Elle l’assied devant la table, puis verse le lait chaud dans
les bols, « touille » afin de dissoudre le chocolat.
Elle reste debout, sa tasse de café dans une main, dans
l’autre une biscotte qui craque sous la dent.
Son petit déjeuner avalé, elle houspille un peu les
enfants : le déjeuner traîne trop, ils vont être en retard !
Le chemin de l’école : trois feux rouges, dix minutes,
arrêt devant la porte, les klaxons des automobilistes bloqués derrière, la bise
à Roselyne.
- A ce soir ma chérie !
- A ce soir M’man !
Le rouquin arrêté derrière la Twingo rouge, rouspète.
Mireille hausse les épaules, embraye, puis deuxième à droite,
deux cents mètres, se gare : moitié rue moitié trottoir, descend, détache
petit Pierre, le conduit jusque dans la cour de la maternelle.
- Bonjour Mademoiselle Caron, je vous laisse mon petit
Pierre, je suis pressée ! A ce soir Mademoiselle !
- A ce soir Madame Fournier !
Rapide coup de volant, démarrage à dix euros, les roues
patinent, le train avant « cire » un peu. Combien de fois Régis a-t-il
rouspété, quand elle démarrait de la sorte ?
- Ça ne sert à rien : tu bouffes du pneu, tu flingues
l’embrayage, ainsi que les cardans ! Mais va faire un cours de mécanique à
une bonne femme…
Mireille souriait, le regardait, clin d’œil prometteur… Régis
fondait… Comment résister ?
La banque, une petite agence de la rue de Paradis, dans le
Xème arrondissement, un parking privé pour les employés, une véritable
aubaine !
« Bonjour ! », lance t-elle à la cantonade en
pénétrant dans « l’arrière-boutique », là où se trouvent les vestiaires.
Trois employés plus le directeur, sympas, ils se connaissent depuis pas mal
d’années et n’échangeraient leur place pour rien au monde, même un poste un peu
plus rémunéré !
Une bonne entente entre collègues, ça vaut toutes les
rallonges, se plaisent-ils à répéter… Et c’est vrai !
Dix heures trente. Dans le sas, une femme portant un enfant
dans les bras, demande l’ouverture. Mireille lève la tête et appuie sur le
bouton vert commandant la porte : cette dernière s’ouvre…
Alors, brusquement, un homme emboîte le pas de la jeune
femme, il est armé d’un pistolet apparemment de gros calibre. La jeune femme
jette à terre ce qui semblait être un bébé : ça n’est qu’un baigneur
emmitouflé. A son tour, elle brandit une arme. « Les mains en l’air,
connasses », hurle-t-elle !
Mireille et Liliane, sa collègue, ont lentement levé les
mains. Toutes deux lisent la peur dans le regard de la femme qui les braque.
L’homme s’est approché de Liliane et lui pose le canon de son
révolver sur la tempe, puis hurle à l’adresse du directeur de la petite
agence :
- Toi, le dirlo, ouvre le coffre ou j’ la bute !
Mains levées, Patrick s’est avancé :
- Mais nous ne contrôlons pas l’ouverture, elle se fait à
distance, justement afin d’éviter les vols.
- Ta gueule, démerde-toi ! J’veux du fric ou je la
bute !
Ce disant, il a appuyé un peu plus fort le canon de son arme
conte la tempe de Liliane.
- Lui faite pas d’mal, hurle Mireille !
Alors la femme qui tient l’arme se tourne brusquement vers
elle :
- Ta gueule la meuf !
PAN ! Le coup est parti… La détente trop sensible ou la
nervosité de la femme ? Mireille s’écroule, un filet de sang coule de son
temporal gauche.
- T’es conne ! hurle l’homme, qu’est-ce que t’as
fait ?
Hébétée, la femme articule : je… je….
- Allez, on s’casse ! Les keufs vont rappliquer… Dégage,
nom de Dieu ! Dégage !
Le Samu, l’hôpital Saint Louis, tout proche, les urgences.
On a prévenu Régis, il a tout abandonné puis est rentré par
le premier T.G.V, sa sœur est allée chercher les enfants.
Il est là, il attend dans la salle près du bloc, des heures…
Enfin le chirurgien apparaît, l’air fatigué, plus de cinq heures
d’intervention.
- Votre femme est vivante, mais je vous dois la vérité :
le cerveau a été touché, il y aura au mieux de graves séquelles. Au pire, elle
restera dans le coma !
Six mois ont passés, au début Régis venait chaque jour, puis tous les deux jours. Depuis un mois, il ne vient qu’une fois par semaine.
Ce dimanche, il regarde « sa » Mireille : mon
pauvre cœur, tu ne m’entends pas, je te vois, mais où es-tu ?...
Le buzzer insiste… BZZZZ BZZZZZ BZZZZZ !
Déjà ? Oh non ! Allez, encore une petite minute…
Merde, un quart d’heure ! Je me suis rendormie un
quart d’heure !
Je suis debout, bien réveillée cette fois, les pieds dans
mes petites mules bordeaux, un peu usées mais tellement confortables !
Après……………..toilettes, qui fait cesser le balancement d’un
pied sur l’autre ! Je suis dans la cui………………………………….. filtre, bouton
sur : « ON », je sors deux bols, deux cuillers à café de Nesquick, les petits
pains au lait………………….. pot de Nutella, les biscottes pour moi…
………………………..
- Debout mon ange, il est l’heure !
……………………………………
- Ta gueule la meuf ! PAN !
Tu ne m’entends pas Mireille… Tu ne penses plus à rien, ton
pauvre cerveau en bouillie est mort… Que faire ? Mon Dieu que faire ?
Le buzzer insiste… BZZZZ BZZZZZ BZZZZZ !
Déjà, oh non ! Allez enc………………………..ite minute….
Merde, un quart d’heure ! Je me s……………………………..rt
d’heure !
Je suis debout, bien réveillée cette fois, les pieds dans
mes peti……….ules bordeaux, un peu usées mais telle………..ortables !
Après le passage obligé aux toil…………………………….. d’un pied
sur l’autre ! Je suis dans la cuisine, l’ea…………………………….oulu dans le
filtre, bouton sur : « ON », je sors deux bols, deux cuill……………………………………… au
lait bien en évidence, le gros pot de Nutella, les bis……….. moi…
………………………..
- Debout mon ange, il est l’heure !
……………………………………
- Ta gueule la meuf ! PAN !
- Monsieur Fournier…. Voilà, je… Nous voulions mon équipe et
moi vous suggérer de mettre fin à cet état. Son cerveau est mort, nous la
maintenons en vie artificiellement depuis dix jours… C’est sans espoir, sa tête
est vide, Monsieur Fournier, l’encéphalogramme est plat, elle est morte !
Morte ? Je suis morte ?
Le buzzer insiste… BZZZZ BZZZZZ BZZZZZ !
Déjà ? Oh non ! Allez……………e petite minute….
Merde, un quart d’heure ! Je m………….ormie un quart
d’heure !
Je suis debout, bien réveillée cette fois, l……………………….
mules bordeaux, un peu usées mais tellement confortables !
Après le pass……………………lettes, qui fait cesser le
balancement d’un pied sur l’autre !
Je suis ………., l’eau dans la caf..re, le café moulu dans le
filtre, bouton sur : « ON », je……….s,
deux cuillers à café de Nesq………………ins au lait bien en évidence, le gros pot de
Nut…………………..our moi… ''
………………………..
- Debout mon ange, il est l’heure !
……………………………………
- Ta gueule la meuf ! PAN !
- Débranchez-la, Docteur !
- NON, Régis ! NOOOON !
Le buzzer insiste… BZZZZ BZZZZZ BZZZZZ !
Déjà, oh non ! Allez encore un………. minute….
Merde, un quart d’he… ! Je me suis rendo…..uart
d’heure !
Je suis debout, bien réve………tte fois, les pieds dans mes
petites mu……..eaux, un peu us. …
Régis pose le doigt sur l' interrupteur...
CLIC !... BIIIIIIIIPPP…
BIIIIIIIIIPPP… BIIIIIIIIIIPP…
Ben, je ne m'attendais pas du tout à cette chute. Très bon. C'est une vraie nouvelle.
RépondreSupprimerMarité : On dit souvent : Pas de nouvelle bonne nouvelle, j'aurais peut-être dû m'abstenir ? ];-D
SupprimerInterrupteur ou gâchette... on devrait interdire les doigts !!
RépondreSupprimerVegas sur Sarthe : Bof, si c'est un doigt de Lagavulin hein ?
Supprimerstouf anarcochrétien
RépondreSupprimerEt à la fin dieu,qui possède aussi un Iphone interrupteur,chuchote "réveil !".
Mireille,dont l'âme planait au dessus de la scène,réintègre la vie,elle ouvre les yeux de son corps et sa bouche parle:-Oh Régis,le roi de ma vie... t'es point à Marseille ? Et les mômes... vite, il faut les réveiller afin qu'ils aillent à l'école ! Quelle heure est-il ? 8o)
Stouf : un fin alternative ? Ah les happy ends ! ];-D
Supprimerterrible décision dans ce cas là :(
RépondreSupprimerTisseuse : Et sincèrement je pense que le "CLIC" final incombe à la famille, ne pas se décharger sur les médecins. Bien sûr ce sont eux qui auront donné "l"autorisation", mais le geste ultime appartient à la famille.
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