A l’ombre du figuier, après avoir grimpé la petite colline qui domine le petit bourg, je me suis assise pour reprendre mon souffle. Il y avait longtemps que je n’avais pas fait de promenade dans la campagne. Cette campagne où j’ai passé une partie de mon enfance chez une Nounou. Nounou Isabelle je l’appelais. Jamais je n’ai pu l’appeler « Tata » comme les autres enfants confiés à sa garde.
Au fait pourquoi étais-je venue plutôt revenue ici alors qu’il y avait vingt ans que j’en étais partie ; certes par la force des choses.
Au fait pourquoi étais-je venue plutôt revenue ici alors qu’il y avait vingt ans que j’en étais partie ; certes par la force des choses.
Et si je commençais par le début.
René gambadait sur ce chemin ensoleillé. Du haut de ses six ans, il pensait que ce serait les dernières vacances. A la prochaine rentrée scolaire, il irait à la grande école, celle où il faut être très savant lui avait-on dit. Dans sa tête de petit garçon, cela avait fait de l’effet. C’est pourquoi aujourd’hui, il se promenait tout seul pour réfléchir à la savantitude qui l’attendait. En passant près du figuier, il vit un paquet qui remuait ; un chat ? Non trop gros ; un chien abandonné par des méchants imbéciles comme disait maman ? Non le bruit ne ressemblait pas du tout. Il s’approcha et vit un visage de bébé tout rouge quelques mèches noires émergeant d’un bonnet blanc. Il prit ce « paquet » et l’emmena à la maison d’Isabelle. Isabelle c’était la nounou du coin. La dame qui gardait, récupérait des enfants d’on ne sait où. Isabelle c’était aussi sa cousine ; Elle, elle saurait ce qu’il fallait faire.
Et elle le fit ! après bien des tracasseries administratives, elle obtint que cette petite fille, moi, lui soit confiée, confiée seulement et ce ne fut pas facile car il était inscrit sur mon dossier en rouge « non adoptable » ! Je n’ai jamais compris pourquoi. Et oui parfois nous ne sommes qu’un dossier.
Les années ont passées… Enfant espiègle, un peu insouciante comme le sont tous les enfants quel que soit leur pedigree. Puis le chagrin, Isabelle est partie… Le crabe que l’on m’a dit. Alors je suis devenue une pensionnaire ailleurs. Les années collèges, lycée puis fac ont défilé avec d’autres nounous gentilles certes mais Nounou Isabelle restait dans mon cœur. Elle m’avait bercée, embrassée. Elle avait soigné les bobos en couronnant mes genoux de coquelicots et les rhumes. Elle avait même, je l’ai appris par la suite, suggéré mon prénom Caroline… Comme tous les enfants dans mon cas, j’ai fait des recherches et j’ai trouvé une mère. Pas facile de nouer des liens, elle n’avait pas envie alors je n’ai pas insisté. On se voit de temps en temps et cela suffit.
Mes études ? Un peu biscornues mais j’étais une élève correcte sans plus. Puis je m’aperçus que mon nez était très sensible aux odeurs, ma bouche sensible aux saveurs. Etais-je gourmande ou gourmet. La cuisine me plut pendant un moment, il faut dire que la maman d’Isabelle initiait les protégés de sa fille à l’art culinaire. René, mon sauveur, est devenu un chef reconnu. Et moi et bien je suis nez. Les plaisantins pourraient dire que je suis née nez avec René… J’ai déjà sur ma carte de visite, deux parfums pour des grandes marques et je vis bien…
Aujourd’hui, je suis venue en pèlerinage et en passant devant la maison de Nounou Isabelle, j’ai vu la panneau de la future vente aux enchères ; vente à la bougie vendredi prochain.
Je sens que je vais prendre une semaine de congé. J’ai mon piano de créations. J’ai déjà dans la tête le prochain jus. Il ne manque que le dernière touche de senteur et le nom.
Et c’est là qu’assise à regarder la campagne de mon enfance que j'ai crée mon dernier parfum
Une touche de figue blanche « A l’ombre du figuier ».
Où lire Lilou
René gambadait sur ce chemin ensoleillé. Du haut de ses six ans, il pensait que ce serait les dernières vacances. A la prochaine rentrée scolaire, il irait à la grande école, celle où il faut être très savant lui avait-on dit. Dans sa tête de petit garçon, cela avait fait de l’effet. C’est pourquoi aujourd’hui, il se promenait tout seul pour réfléchir à la savantitude qui l’attendait. En passant près du figuier, il vit un paquet qui remuait ; un chat ? Non trop gros ; un chien abandonné par des méchants imbéciles comme disait maman ? Non le bruit ne ressemblait pas du tout. Il s’approcha et vit un visage de bébé tout rouge quelques mèches noires émergeant d’un bonnet blanc. Il prit ce « paquet » et l’emmena à la maison d’Isabelle. Isabelle c’était la nounou du coin. La dame qui gardait, récupérait des enfants d’on ne sait où. Isabelle c’était aussi sa cousine ; Elle, elle saurait ce qu’il fallait faire.
Et elle le fit ! après bien des tracasseries administratives, elle obtint que cette petite fille, moi, lui soit confiée, confiée seulement et ce ne fut pas facile car il était inscrit sur mon dossier en rouge « non adoptable » ! Je n’ai jamais compris pourquoi. Et oui parfois nous ne sommes qu’un dossier.
Les années ont passées… Enfant espiègle, un peu insouciante comme le sont tous les enfants quel que soit leur pedigree. Puis le chagrin, Isabelle est partie… Le crabe que l’on m’a dit. Alors je suis devenue une pensionnaire ailleurs. Les années collèges, lycée puis fac ont défilé avec d’autres nounous gentilles certes mais Nounou Isabelle restait dans mon cœur. Elle m’avait bercée, embrassée. Elle avait soigné les bobos en couronnant mes genoux de coquelicots et les rhumes. Elle avait même, je l’ai appris par la suite, suggéré mon prénom Caroline… Comme tous les enfants dans mon cas, j’ai fait des recherches et j’ai trouvé une mère. Pas facile de nouer des liens, elle n’avait pas envie alors je n’ai pas insisté. On se voit de temps en temps et cela suffit.
Mes études ? Un peu biscornues mais j’étais une élève correcte sans plus. Puis je m’aperçus que mon nez était très sensible aux odeurs, ma bouche sensible aux saveurs. Etais-je gourmande ou gourmet. La cuisine me plut pendant un moment, il faut dire que la maman d’Isabelle initiait les protégés de sa fille à l’art culinaire. René, mon sauveur, est devenu un chef reconnu. Et moi et bien je suis nez. Les plaisantins pourraient dire que je suis née nez avec René… J’ai déjà sur ma carte de visite, deux parfums pour des grandes marques et je vis bien…
Aujourd’hui, je suis venue en pèlerinage et en passant devant la maison de Nounou Isabelle, j’ai vu la panneau de la future vente aux enchères ; vente à la bougie vendredi prochain.
Je sens que je vais prendre une semaine de congé. J’ai mon piano de créations. J’ai déjà dans la tête le prochain jus. Il ne manque que le dernière touche de senteur et le nom.
Et c’est là qu’assise à regarder la campagne de mon enfance que j'ai crée mon dernier parfum
Une touche de figue blanche « A l’ombre du figuier ».
Où lire Lilou
Un parfum de nostalgie parmi tant d'autres... bon nez, Lilousoleil
RépondreSupprimerune très belle histoire, celle du nez qui se souvient...
RépondreSupprimerC'est très beau...et émouvant.
RépondreSupprimerComment on peut écrire "non adoptable" sur un enfant ?
¸¸.•*¨*• ☆
Enfant non adoptable !!! Quand les "parents" veulent adopter, ils souhaitent un bébé ! Un bébé ! Pourquoi na pas aller le recueillir sur la table d'accouchement ? Cet enfant ne sera pas davantage leur enfant biologique pour autant... Ce qu'ils oublient ces cons (tant pis pour eux) c'est qu'on ne donne pas un enfant à une famille, mais une famille à un enfant .
RépondreSupprimerUn enfant de trois ans et plus est considéré déjà comme étant "vieux" ! Et pourtant ce sont ceux qui ont sans doute le plus besoin d'adoptants.
Pour moi, ce n'est qu'un texte fictionnel que j'ai voulu doux tout simplement. Quant à l'adoption, je connais les difficultés, les aberrations, les douleurs des familles et je comprends le sens de ton commentaires. Il est bon de remettre les actes à leur juste valeur...
Supprimeravec le sourire
J'ai aimé le lien que tu fais entre les odeurs et le passé tant il est vrai que celles-ci réveillent souvent celui-là.
RépondreSupprimerune belle histoire tendre, douce, à la fois triste et généreuse ... et puis ensuite la vie qui se construit ... beau texte, Lilou !
RépondreSupprimerUn bien joli texte Lilou!
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