Il y allait le bougre avec sa pelle, retourner et retourner
la terre. Il y mettait tout son cœur, un sourire béat au coin des lèvres il
pensait à autre chose.
C’était un homme cultivé comme son jardin, écrivain de
surcroît et il connaissait déjà le titre de son prochain roman : « Le
jardinier amoureux. » Il y réfléchissait souvent en donnant ses coups de
pelle. L’intrigue était toute prête dans sa tête, le plan tout tracé. Pas
question d’écrire un livre autobiographique la Lucette, en fait elle s’appelait
Marie mais il n’aimait pas ce mot à double signification, n’apprécierait pas,
bien qu’il y ait toujours une part de soi dans les romans.
En fait il n’était jardinier que par passion, par plaisir et puis manger ses
propres légumes bio était quand même meilleur que tout ce qu’on pouvait trouver
dans le commerce. Il mettait autant de passion à jardiner qu’à écrire. Il était
aussi adroit avec ses outils qu’avec son clavier.
À l’inverse des autres auteurs il commençait sa journée par le jardin, à la
fraîche avant que le soleil ne soit trop chaud. Ensuite il prenait une bonne
collation puis s’enfermait dans son bureau pour s’atteler à son ordinateur
pendant quelques heures. Ce rythme était immuable et en s’occupant de son
potager il avait toujours plein d’idées qu’il pouvait ensuite appliquer.
Il n’était pas marié et vivait seul parce qu’il n’avait jamais réussi à
partager femme, jardin et écriture. Certes Lucette était son amante depuis des
lustres, depuis bien avant la naissance de Gilles, son neveu d’une quinzaine
d’années. Il lui consacrait un peu de temps, du jeudi soir au dimanche
après-midi. Elle était agréable, une tête bien faite, une cuisinière
remarquable qui cuisinait ses légumes avec savoir et ce qui ne gâchait rien,
une amoureuse émérite. La seule chose qui l’agaçait étant qu’elle laissait
traîner un peu n’importe où son bâton de rouge à lèvres, comme un vieux
militaire il aimait l’ordre.
Son agent, qu’il rencontrait chaque semaine avait une idée précise pour la
couverture, une fourche plantée en plein milieu du boulevard, l’idée ne le
séduisait pas mais il serait toujours temps d’en discuter le moment venu.
En fumant une cigarette à la fenêtre de son bureau, il s’aperçut que le linge
qui séchait dehors avait disparu, si cela ne l’intriguait pas outre mesure ça
lui donnait une idée pour étayer son personnage.
Où lire Fred Mili
Où lire Fred Mili
voilà un auteur qui cultive son jardin :)
RépondreSupprimercontente de te relire ici, Fred Mili !
Un auteur qui se prend des râteaux parfois.
SupprimerMerci Tisseuse ma plume et moi sommes un peu en froid ces dernières années.
Bonne journée.
nous en prenons tous des râteaux dans l'écriture, et dans la vie hélas :(
Supprimerl'important étant de ne pas rester prostré en bas
Je suis heureuse que tu aies repassé la porte des Impromptus.
RépondreSupprimerC'est chouette ici. L'ambiance est bonne.
Ce jardinier bio a tout pour me plaire...sauf son côté militaire ! ;-) iPeut-être que de laisser traîner son rouge à lèvres est une technique de séduction ?
Bisous bisous Choupi
¸¸.•*¨*• 🦋
oh merci Celeste...
SupprimerEt t'as remarqué c'est soft comme texte ?
Merci en tout cas et bises à toi. ;-)
L'agent a une super bonne idée... J'aime bien la couverture ;-) Je la vois déjà..
RépondreSupprimerJe connais un écrivain-jardinier qui aime "fabriquer" ses histoires en bêchant, binant, sarclant...Et il a une épouse. :-) Je pense aussi que les jardiniers sont tous un peu poètes.
RépondreSupprimerje ne sais pas mais ils sont peut-être un peu bêcheurs :D
SupprimerPourrait peut-être aussi écrire du théâtre de boulevard ? :-))
RépondreSupprimerde Bouvard ? Peut-être ! ;-)
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