Tu ne peux pas comprendre...
C’est un moment de détente au milieu
d’une belle journée.
L’ambiance est cordiale, presque
joyeuse, après une longue matinée de réunion pour une fois
productive.
Le téléphone, bridé depuis des
heures dans le bâtiment imperméable aux ondes, retrouve le monde et
en collecte avidement les nouveautés.
Je n’y prends garde, la discussion
est animée. Nous marchons le long d’une allée de gravier blanc
qui serpente entre les pins landais.
Deux avions décollent et la
conversation est étouffée par le hurlement des réacteurs, et comme
tout le monde je profite de l’interruption pour jeter un œil
distrait, au cas où, à ce
qu’il insiste pour que je découvre, ce truc qui se prétend malin.
Je regarde l’écran
et je ne comprends pas la dépêche du « Monde »
Higelin est mort.
Les deux Rafale
disparaissent au loin.
L’espace
acoustique de nouveaux à eux, les oiseaux se remettent à chanter.
Je suis là, sur
cette allée paisible qui contourne un bunker, au milieu des oiseaux
qui chantent dans les pins, et Higelin est mort ?
J’aimerais
m’asseoir dans l’herbe, cueillir un pissenlit le souffler dans la
brise à peine perceptible et pleurer l’ami qui soigne et guérit,
mais au milieu d’une base aérienne, ça ne se fait pas, Monsieur,
ça ne se fait pas.
Tombé du ciel.
Au milieu d’une base aérienne.
Tiens, ça l’aurait
fait sourire, j’en suis convaincu.
J’en souris, moi
aussi.
« Qu’est-ce
qui te fait sourire ? »
« Higelin est
mort... »
« Et ça te
fait sourire ? »
« Tu ne peux
pas comprendre... »
merci Jacques pour nous avoir confier ce moment !
RépondreSupprimeret je crois vraiment que je peux comprendre...ce sentiment de décalage tout à coup avec le contexte présent, ce qui nous cueille d'un coup sans crier gare, ce sentiment de rêverie qui s'installe, et le rire intérieur en connivence avec ce grand rieur, cet autre Jacques...
Ceux qui aimaient Higelin peuvent avoir le même sourire...
RépondreSupprimerHigelin pouvait aussi être un gros naze en concert, notamment au Puy en Velay où il a passer une bonne demi-heure à ne dire que des conneries avant de chanter. Je ne me souviens plus exactement de quoi il se plaignait mais il avait vraiment l' air de nous prendre pour ... des cons. Bah, chacun de nous peut avoir son moment odieux. 8(
RépondreSupprimerOn sait tous qu' il était fantasque
SupprimerCe n'était pas un saint, et dieu merci
On est tous des gros naze à certains moments :(
C'est très finement écrit...
RépondreSupprimerComme en pointillé.
Enfin j'aime bien.
J'aime beaucoup.
¸¸.•*¨*• ☆
Luther King, lui a, une fois, regardé de travers un chauffeur de taxi... Ce n'est pas ce qui reste de lui.
RépondreSupprimerHigelin gros naze en concert... Ce n'est pas, non plus, ce qui restera de lui...
Un beau billet.
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