Jeune et belle comme le sont bien souvent les jeunes femmes qui
se savent admirées au regard des passants. Elle promenait son chien, petite
boule de poil blanche matin et soir sur le terre plain au milieu du boulevard de Rochechouard. A elle seule, elle aurait pu
faire de Paris, l'une des villes les plus romantiques qui soit. Son sourire rayonnait
et le mur à deux pas lui criait des "je t'aime " en toutes les
langues qui soient.
Sur son banc vert Decaux, un homme très "comme il
faut" prenait l'air vicié de Paris avec délectation comme chaque
matin depuis... depuis.... oh là... avant la naissance de Gilles... son braque
de Weimar... une bête énorme qu'il devait sortir toute la journée sous prétexte
que l'appartement du 6 ème était plus étroit qu'une niche pour leurs 6 pattes
et deux bras...
Bref, assis sur son banc, il la voyait passer. La peluche
blanche faisait de l’œil à Gilles et la bouche au contour parfait esquissait un
sourire amical et discret à notre jardinier amoureux .
Car jardinier, il l'était, depuis quelques temps... amoureux
aussi... de ce sourire quotidien qui prenait plus de place dans la vie de
cet homme que son énorme chien.
Tant amoureux qu'il lui fallu arpenter tous les magasins de
Marionnaud à Lafayette pour retrouver ce rouge à lèvres parfait qui habillait
si bien la bouche de la jeune et jolie femme qui promenait son chien sur
le boulevard.
Coquelicot... ou fleur de Pavot... appelez ce lips stick comme
vous voulez, toujours est-il que ses lèvres sont rouges, charnues, en coupe
creuse, telles ces fleurs éphémères et toxiques aux effets narcotiques.
Les jours comme les nuits de notre jardinier étaient peuplés de
baisers sauvages en quantité innombrable tel un tapis coloré de Monet... Et plus les jours passaient, et
plus notre homme se plaisait à cultiver ce jardin, son jardin. Épris de
la femme aux lèvres coquelicot, il veillait à parfaire son tapis coloré boulevard
Rochechouard...
Au début, il ramassait à terre les tissus et autres détritus
abîmant le décors, puis sur les jardinières des balcons il planta du colza
jaune, des herbes vertes, et du pavot, oui du pavot plus qu'il n'en faut...
mais qui se serait plaint ?... C'était si joli, ce champs fleuri au milieu
de Paris...
Et puis, phénomène étonnant, le linge qui séchait dehors à la fenêtre disparaissait.. ou plutôt, quelques
chaussettes grises ou blanches rafraîchies, ou encore du linge de
corps sans couleur... s'envolèrent... ne restait que les vêtements de
couleur rouge, jaune paille, vert tendre et un peu de bleu...
Oui, notre jardinier désherbait...
Il échangeait une culotte à motifs
improbable contre un slip jaune pâle ou un body vert bleuté... Toujours de très bon goût car personne ne
bronchait... Plus étonnant encore, il semblait que les habitants se plaisaient
petit à petit à ne mettre plus que du linge de couleur appropriée sur leurs
balcons...
une jolie histoire, haute en couleurs !
RépondreSupprimerEn vert ... Non : en vers... Non... Envers.... Nos ! Bon puisqu'il s'agit du Bd Rochechouart disons : Anvers et contre tout voilà une histoire sympa, c'était square d'Anvers non ?
RépondreSupprimerComme c'est joli, ce jardinier des boxers et des culottes de satin...
RépondreSupprimerUne belle histoire à regarder en Technicolor...
¸¸.•*¨*• ☆
Est-ce les fleurs ou les jolies femmes à la bouche cerise ou coquelicot qui rendent les jardiniers amoureux ? Les deux sans nul doute.
RépondreSupprimerTon jardinier à toi est quand même un peu spécial : désherber les fils à linge...Mais c'est bien connu l'amour fait faire n'importe quoi ! :-)
Des couleurs, des couleurs...et c'est déjà un peu de bonheur !
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