Mon petit lutin de Noël.
Dans mon enfance, le père Noël
n'existait pas. Du moins tel qu'il se montre aujourd'hui. Démultiplié,
arpentant chaque rue des villes ou pendant lamentablement aux fenêtres des
maisons.
Les enfants ne s'y trompent pas je
l'espère.
Chez nous, Noël était une fête
religieuse avec ses mystères, sa magie, sa joie de communier ensemble à
l'avènement de Jésus. C'était un vrai partage.
Le père Noël, je l'avais tué dans l'œuf si je peux dire. Je préfère
évoquer les lutins, ceux auxquels on pense maintenant juste en fin d'année pour
accompagner le bonhomme barbu. Pour moi, tout au long des saisons, un peu
partout et surtout en forêt, ils ont émerveillé mes jeunes années en enflammant
mon imaginaire. C'est avec l'un d'entre eux que je vous convie à visiter mes
Noëls d'enfant.
Viens, petit lutin. Je t'invite
pour la belle nuit de Noël. Prends-moi par la main et je t'en prie, emmène moi
loin au pays des Noëls de mon enfance. Quand nous serons arrivés à la maison où
je suis née et j'ai grandi, nous irons d'abord dans la chambre de mes parents.
Là, je serai la petite fille de cinq ou six ans qui avait compris les secrets
des grands et qui, en cachette, allait braver les interdits.
J'ouvrirai la porte de l'armoire à
glace. Tout doucement parce qu'elle grince. Bien vite, je fermerai les yeux
tant le parfum des oranges me saisira. De belles oranges, pliées dans du fin
papier blanc. Pas plus qu'avant, je ne les toucherai. C'est défendu et puis,
c'est si bon l'attente...!
A côté de ces fruits exotiques et
précieux, il y aura comme chaque année, bien alignées, enveloppées telles des
papillotes transparentes, les bûches en sucre avec, posé dessus, le Jésus
tout rose. Une pour chaque enfant de la
famille. Et puis encore les cinq paquets de pralines fermés par un joli nœud
doré. Pas de jouets. Mais ce sera déjà tellement extraordinaire toutes ces
friandises !
Je refermerai l'armoire bien vite
et tu m'accompagneras dans la grande salle familiale faisant office de cuisine
et de pièce à vivre. Nous verrons ma mère et ma grand-mère s'affairer devant
l'âtre pour préparer le repas servi après minuit. Nous y mangerons du boudin
grillé sur les braises, du poulet, le plus gros réservé pour cette fête avec
des châtaignes et en dessert, un énorme « pillaïre » (clafoutis aux
cerises).
En attendant, nous nous
préparerons pour aller à l'église du village écouter la messe. Chacun
s'emmitouflera du mieux qu'il peut avec les écharpes, bonnets et gants tricotés
à la maison. Je n'ai pas gardé le souvenir de Noëls pluvieux. Peut-être y
aura-t-il de la neige ? En tout cas, pas besoin de lanterne pour éclairer notre
chemin. Des milliers d'étoiles se seront donné comme consigne d'illuminer le
ciel.
Quand sonneront les cloches à
toutes volées, nous rejoindrons les voisins devant le porche. Je trainerai un
peu car je voudrai entendre comme toujours le vent souffler dans les deux
sapins qui encadrent la chapelle. Puis chacun prendra sa place le plus près
possible du chœur pour admirer la créche avec l'ange bleu dodelinant doucement
de la tête et chanter à pleins poumons -
sans doute pour se réchauffer - les cantiques que l'accordéoniste du coin
accompagnera. Merveilleux chants de Noël qui rendent le monde meilleur et
mettent de la joie et de l'espérance au cœur !
Puis, les pieds gelés mais la
gorge en feu de s'être égosillés, nous rejoindrons bien vite le cantou où
brûlera un grand feu, laissant derrière la porte close les frimas de
l'hiver. Bien sûr, je n'aurai pas
sommeil, ne voulant pas perdre une miette des réjouissances.
Petit lutin, tu ne seras pas déçu,
je te l'affirme. Je suis certaine que tu reviendras chaque année pour revivre
avec moi ces Noëls d'avant. Tout simples mais inoubliables.
ah quelle belle évocation, chaude et douce..
RépondreSupprimeret comme disait Alfred :
"Les voilà, ces coteaux, ces bruyères fleuries...Les voilà, ces sapins à la sombre verdure, cette gorge profonde aux nonchalants détours, ces sauvages amis, dont l’antique murmure a bercé mes beaux jours. Les voilà, ces buissons où toute ma jeunesse, comme un essaim d’oiseaux, chante au bruit de mes pas.
Lieux charmants... Ne m’attendiez-vous pas ?...
un souvenir heureux est peut-être sur terre plus vrai que le bonheur...
Comme c'est évocateur d'un temps bien révolu, mais bien présent dans ta mémoire... Merci. ];-D
RépondreSupprimerL'intensité marquante du moment rare en fait toute la valeur !
RépondreSupprimerBeaucoup de douceur ici comme très souvent ;-)
et voilà comme toujours de belles évocations, douces et odorantes :)
RépondreSupprimerUn vrai Noël comme avant, servi tout frais comme si on y était.
RépondreSupprimerBelle évocation.
Merci pour vos coms. Bonnes fêtes de fin d'année à tous.
RépondreSupprimerNoël comme on aime.
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