LE
RETOUR DE CHARLES LOQUOSME
Se prélassant sur sa chaise-longue,
les orteils en éventail, Charles rêvassait vaguement au bord de la mer en
sirotant tranquillement un cocktail éminemment exotique et passablement
alcoolisé.
C’était
inéluctable. Prévisible.
C’était
arrivé pendant les vacances de Charles Loquosme, le célèbre limier toujours
surnommé l’infaillible malgré des résultats mitigés dans l’affaire du notaire.
Karl Hage, le chef qui voulait toujours plus que
jamais des résultats avait confié l’enquête à Mario Nette, avec le renfort de
Guy Gnol.
Comme
cela il avait deux pantins à manipuler. Et surtout pas Loquosme dans les
pattes.
Car
malheureusement pour la bonne marche du monde, les affaires sordides
continuaient… et là, ça tombait plutôt mal.
Désolation.
Tragique
événement.
Alors que les confiseurs se profilaient et
s’organisaient pour une trêve bienvenue, et ô combien attendue, Prosper Noël
(célèbre monte en l’air florissant en houppelande rouge) flottait, sans vie… la
tête dans sa hotte. Ce coup-ci l’affaire était dans le lac. Les premiers
constats mirent en évidence que le cadavre était mort.
Et
tué.
Misère.
Fin décembre, et la fête alors ? On en fait quoi ?
Les
conséquences avaient été terribles.
Le grand saut avait
été accompli par Elie Minet (le suicidé) qui n’avait pu supporter à son tour le
spectacle atroce des malheurs du monde.
Cette vision de Prosper trucidé l’avait renvoyé à son impuissance à
changer cela, et aussi la panne de sa batterie de son téléphone portable et ce
n’est pas Xavier Pavumirza (le chien abandonné) dernier être vivant d’une
tristesse insondable qu’il avait rencontré qui avait pu le faire changer
d’avis, ni de vie ni de mort.
Réaction en
chaîne ? Apprenant la nouvelle,
Henri Pludutou (l’ami du suicidé) s’était réfugié chez Stanley Gzistepa (la
solitude). Comme quoi...
Tout
près de là, sur le lac, les pensées de Roman Deuhérot (le héros romanesque)
filaient et clapotaient sur cette drôle de vie, ce drôle de monde… Témoin lui
aussi de la scène tragique qu’il n’avait pu empêcher, car il ne savait ni nager
ni vivre ni mourir.
Il cessa de
manœuvrer les avirons pour réfléchir.
Roman
avait récemment accepté la proposition de Jean Sérien (le journaliste intègre)
d’un reportage sur les bas de plafond dans les bas-fonds. Le marché – de Noël,
période oblige – prévoyait qu’il lui faudrait tout dire. C’était le contrat.
Et
le contraste avec ces réjouissances sur commande qui mettaient tant de choses
entre parenthèses. Sans angélisme bien
sûr.
Interrogé, il
apportait maintenant un témoignage édifiant à Mario et Guy.
Avec
les pauvres, les démunis, les déshérités, il y avait un marché, une jungle et
c’est là qu’on repérait Jean Brigade (la bête à bon dieu) qui avait réussi à
monter une petite équipe de bras cassés qui tenait le quartier avec Anna
Fabête.com/cépié (l’illettrée cul de jatte), Debra Cébien (la manchote
gauchère) et Lino Cent (l’idiot du village vacances).
L’ambiance sur fond
de crise restait électrique. Le quatuor était parfois accueilli fraîchement si
ce n’est refoulé par quelques irréductibles et réfractaires comme Petra Plegic
(l’infirme), Emma Mercébaré (l’orpheline), son ami Aimé Paransonpala (l’enfant
seul) ou encore Cory Za (l’allergique).
Paranoïa galopante,
on soupçonnait en sous-main Dalaï Félagueul (le bouddhiste boudeur - …quand
lama pas content…) et Tarik Urgent (le fils du facteur) de jouer les corbeaux
dans ces histoires.
La
semaine précédente, une dispute houleuse avec Ric Art (le fils de
l’alcoolique), Oscar Ton (le sdf ruiné), et Jean Petiquiflambe (le nain grand
brûlé) s'était transformée en rixe.
Par-dessus
tout, Aurore Scope (l’enfonceuse de fausses portes) avait jeté de l’huile sur
le feu avec ses prédictions prévisibles, leurres du crime, visions que ne
partageait certes pas Yves-Adam Lemur (l’aveugle qui boîte).
Cet emballement
avait eu lieu le jour où le grand chapiteau du cirque HULERE avait été installé
pour son unique représentation, le soir même.
On
croisait alentour quelques spécimens qu’on aurait pu croire sortis du Musée des
Erreurs, ne sachant pas encore qu’ils faisaient partie des attractions : Cary
Wolf (le loup édenté) d’un naturel joyeux riait en permanence de toutes ses...
rien du tout, Terry Gide (le fils du cadavre) ne bougeait pas un cil et Farida
Nimal (l’éleveuse de vaches de cirque) répétait son numéro de jonglage avec
Esther Nument junior (la naine enrhumée) sous l’œil admiratif d’Inès Endouce
(la mère des orphelins) qui était d’ailleurs enceinte – et c’était récent- de
Marc Onteuze (la tache de naissance).
-
Ça
sent la piste à plein nez, dit Mario. Guy, on y va.
Et Roman (notre
héros) remâchait tout cela dans sa barque.
Au risque de prendre froid.
Bien sûr, comme
disait Beethoven, chacun mène sa vie comme il l’entend...
Mais...
Était-ce « la faute à pas de chance » comme disaient José Papleuret, Jean
Bavetoultan et Seb Adebol, le maire réélu qui n’avait pas compris qu’il valait
mieux ne pas se représenter pour éviter ça.
Dans
cette enquête, Charles Loquosme absent, on faillit oublier la déduction,
l’intuition géniale en comptant trop sur les « à moins que, sauf
si », sur « une opportunité, un concours de circonstances, un état de
grâce, une heureuse conjonction, une belle coïncidence ». En clair ?
Un coup de bol monumental. On faillit faillir.
Se prélassant sur sa chaise-longue,
les orteils en éventail, Charles rêvassait vaguement au bord de la mer en
sirotant tranquillement un cocktail éminemment exotique et passablement
alcoolisé. Il se redressa et saisit son journal.
Un article attira
d’emblée son attention.
Il disait en
quelques mots que les enquêteurs, Nette et Gnol qui n‘étaient pas nommés,
avaient recoupé un témoignage (celui de Bianca Pastologica une ardente
psychopathe italienne sorte de Fourniret transalpine dont le nom revenait
régulièrement dans les affaires de disparition, et qui n’était pas
nommée).
Ils avaient déboulé
à la prison centrale.
Et là.
…
Horreur, sur le
mur de sa cellule, Serge Yalkiller -qui avait été finalement jugé et condamné -
avait tracé ce message glaçant :
Quelle belle brochette de personnages hauts en couleurs, truculente et drôle cette histoire. ];-D
RépondreSupprimerL'épisode 3 possible, selon un prochain thème impromptique bien sûr :-)
Supprimerun bon moment à prononcer les noms impayables de tes héros, merci pour ce joyeux divertissement
RépondreSupprimerTu as tout dit Emma, impayables ...
Supprimermais peut-être pas tous incorruptibles !
;-)
Tu nous régales avec ta galerie de personnages au nom improbable mais qui me font bien rire. J'adore Cary Wolf !!!Serge Yalkiller avait avoué en écrivant avec son sang sans doute ;-) Quoi de plus normal quand on a tué le bonhomme en habit rouge. Bravo K ! Tu m'épates !!!
RépondreSupprimerPar définition Serge Yalkiller pourrait devenir récurrent !!!
Supprimeret bien ! tu t'en es donné à cœur joie :)
RépondreSupprimerRions un peu en fin d'année, ça peut être sympa !!!
SupprimerÇa sent la piste, mais aussi le "reufléchi" profond tous ces noms marrants qu'il fallait trouver, bravo.
RépondreSupprimerMais heureusement, tout finit bien : malgré tout ce monde qui défile, le Père Noël n'a pas pu en réchapper. Ouf !
Oui, un peu de gymnastique absurde.
SupprimerMerci JCP.
Un florilège de personnages qui sentent bon "L'Os à Moelle" ;)
RépondreSupprimerDac avec toi !
Supprimersigné Carlos Amoal