La rue était là, soudain s’inspirant de profondes vapeurs d’êtres.
La rue était là, cœur battant, pulsant au rythme saccadé des camions poubelles.
« Ils vont m’écrabouiller, maman ! »
« Hein, quoi… »
« Là, les camions, maman ! »
« Mais non, mais non…Ils font leur travail. Allez, viens vite ! On va être en retard. »
« Ça sent quoi, maman ? »
« C’est l’odeur de la rue. »
« Ça sent pas bon, maman. »
Et chaque matin, l’enfant redécouvre ce monde…son monde : bruits, poussières et merdes de chien sur le chemin de l’école. Et chaque matin : « Viens vite, vite.... ». Toujours vite ! Mais pour l’enfant, ce n’est pas ça l’important. Non, ce n’est pas ça !
C’est sa petite main au chaud dans la moufle, bien serrée dans la main de maman. C’est le froid qui picote les yeux. C’est la voix de maman qui chantonne pour donner envie de marcher gaiement. C’est le « petit bonhomme vert » dont on guette les apparitions pour traverser les rues.
« Dis, maman, pourquoi il a traversé le Monsieur ? Le petit bonhomme, il était pas vert. »
« Il n’aurait pas dû ! »
« Mais pourquoi il court le Monsieur ? »
« Je ne sais pas. »
« Mais, dis-le moi ! » s’entête la petite voix, persuadée que Maman sait tout, connaît toutes les vies, peut expliquer tous les mystères. Croyance fermement ancrée, et pourtant si souvent déçue.
« Alors, tu me dis… »
« Ah mais je ne sais pas moi, je ne le connais pas ce monsieur. Allez, dépêche-toi ! »
« Mais pourquoi ? On va être en retard ? »
« Oui, on va être en retard si tu ne marches pas plus vite. »
En retard, c’est quoi ? L’enfant ne sait pas. Ça doit être important pour sa maman puisqu’elle lui en parle si souvent. « En retard » : c’est peut-être un monstre de Grands, un qui leur fait peur, un qui les fait courir.
« C’est un nom bizarre pour un monstre. Moi, c’est les camions poubelles qui me font peur, et les gros chiens qui veulent me lécher, et les sorcières. Mais, Maman, elle n’a pas peur de tout ça. Maman, elle me tire vite, vite vers l’école. »
On a beau serrer fort les mains de ceux que l'on aime, un jour elles nous échappent... ];-D
RépondreSupprimerc'est sûr ! hélas, le temps file si vite :(
SupprimerVite vite toujours plus vite tous pressés. Que de tendresse dans ton texte. J'adore.
RépondreSupprimeravec le sourire
merci :)
Supprimerj'avoue que je m'en voulais un peu de bousculer mon enfant pour aller dans un endroit qui ne l'attirait guère :(
Superbe ! On dirait du François !!
RépondreSupprimerJe prends ce compliment avec beaucoup d'émotion.
SupprimerMon cousin et moi avons beaucoup de points communs...
Nous avions écrit des textes en réponse l'un de l'autre il y a bien longtemps.
Ce texte est ancien, et il l'a lu à l'époque où ma fille était toute petite Tout comme il connaissait l'aversion de ma fille pour l'école, et il en discutait tendrement avec elle.
C'est très bien vu, la différence de ressenti entre les enfants et les adultes, et l'imagerie formidable qu'un enfant se fait de la vie et de ses moindres aléas...
RépondreSupprimerTrès beau texte sensible
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
merci beaucoup Célestine !
Supprimerje crois que je me rappelle tellement de ce que j'éprouvais enfant que j'ai moins de difficultés à entendre ou à voir ce que les enfants ressentent :)
Je bisse et te bise, Miss Tiss ♥
Supprimer@tiniak > bises aussi :)
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