mardi 19 juillet 2016

Kakushi Ken - Les ombres de l'été

   Il y a un monde à la fois près et loin de ton monde... Laisse-moi te décrire celui-ci…

   Lorsque tu arrives par l'espace, tu as une vue extérieure admirable. Tu peux voir une planète bleue qui se lie à l'or des terres lointaines dans une palette claire et foncée. Tu pénètres alors dans l'atmosphère et, tel un vaisseau spatial, plus tu t'approches du sol plus l'air devient accueillant : frais et chaud à la fois.
   Au contact du sol, tu réalises qu'on est en été, sur un bord de mer.
   Le soleil ne force pas trop, histoire de ne pas brûler ta peau ni aveugler la pupille de tes yeux. Laisse tomber ton scaphandre de sécurité et enfile plutôt des vêtements légers... La brise marine caresse ton corps et t'invite à plonger dans l'eau vivante... La côte est ombragée jusqu'au pied de la mer, ou océan, vas savoir…
   Ce monde semble parfait. Tout est équilibre et paix. Pourtant, sous cette apparente plénitude couve l’ouragan le plus gigantesque que tu puisses imaginer… Si tu croises un autochtone, il te dira que « Oni » vient de l’ombre, de l’obscurité. Un maelström effroyable qui arrache l’âme et évide les corps…
   Puérile croyance de gens qui ne regardent pas plus loin que le bout de leur nez !

   La vérité est que lorsque tu nages dans cette eau immense, la joie au cœur, des monstres peuplant tes cauchemars nagent dans les profondeurs… Là où tu foules de tes pieds ravis le sable chaud et parfumé ; il foisonne des serpents dont la seule morsure t’ôterai la vie dans des souffrances innommables… Lorsque tu te régales de fruits cueillis aux arbres, de méprisables vermines ont pondu leurs larves qui basculent dans ton organisme via ton œsophage et ton estomac. Lesdites vermines parfois mangent leur hôte de l’intérieur…
   La nuit, qui aveugle la plupart de tes sens et met en alerte tes peurs, est opaque, silencieuse, comme si elle était à l’affût. Les lucioles s’éteignent lorsque tu n’es pas en symbiose avec la nature, le vent porte ton odeur à la faune sauvage qui s’éclipse en un mouvement silencieux sous la lune… Les oiseaux de nuit te regardent étonnés de te voir tendu… Le moindre bruit te fait sursauter, le vent qui forcit te fait froncer les sourcils : « est-ce l’ouragan promis qui s’approche ? »

   Ainsi ce monde n’est pas ton monde. Il ne s’agit pas de s’imposer et de le changer selon ton envie ; mais bien d’être à l’écoute de ce dernier et de s’imprégner de lui.
   Le concept du « Oni » est une « opposition » qui est en toi, et seulement en toi. Ta vérité n’est point la vérité ; tout comme la mienne ne l’est pas non plus…
   La lumière, l’ombre ? Ces deux là font un monde. Elles sont agoniste et antagoniste ; parfaites facettes d’une même pièce. Les deux se mélangent comme le jour et la nuit, lorsque vient l’aube ou le crépuscule…
   Qui saurait alors prétendre démêler ces deux là lors de cette fusion ?
   Mensonges et vérités, secrets et révélations ne sont que ce que nous interprétons : notre monde… Il n’est sans doute pas LE monde dans lequel nous sommes...

8 commentaires:

  1. Il m'a fallu faire appel à Wiki pour savoir ce qu'était un Oni.
    Ton texte me fait un peu penser à 1Q84 de Murakami Harukami avec ces deux lunes que tout le monde ne voit pas.
    Le problème c'est qu'après cette lecture je me demande si je vais mettre encore les pieds dans l'eau ou manger des fruits ! :D

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    1. Pardon pour "oni"...
      Au Japon un "oni" est un esprit-dieu "réversible" : il peut s'amuser des humains en les persécutant ou en les aidant...
      Leurs apparences sont variables tout comme leurs dispositions envers les hommes...
      J'ai entendu parler de "1Q84" de Murakani Harukami, mais je dois avouer que je n'ai jamais ouvert un de ses romans...
      L'idée que je développe parle de "monde" ; et comme tout monde qui se respecte, il peut être une planète, ou un individu...
      ;-)

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  2. Magistral, Gilles. Je suis impressionnée par ton style.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Rire, voilà une nouvelle ! J'ai du style désormais ?...
      Je ne tiens pas trop à m'enfermer dans un style, comme tu dis... j'écris spontanément, sur l'instant, et puis j'oublie.
      En quoi cela est-il impressionnant, sans parler de "magistral" ?!
      C'est juste... moi, dans toutes mes contradictions et incertitudes.

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    2. Apprendre à recevoir les compliments (surtout quand ils sont sincères) c'est une étape importante de reconstruction de soi.
      mais quand on écrit, on a toujours un style, même quand on croit qu'on n'en a pas.
      Et ce qui m'impressionne c'est ta manière de dire des choses profondes sans lourdeur.
      Je dis ça, je dis rien... ;-)
      ¸¸.•*¨*• ☆

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  3. Arpenteur d'étoiles22 juillet 2016 à 10:01

    je découvre le concept du "Oni" et cela me passionne. Dans la fusion de l'ombre et de la lumière et bien plus que cela, décrivant l'humain et le divin, le ciel et la terre et notre interprétation du monde. J'aime !!!

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    1. Arpenteur d'étoiles,
      Rien que le pseudonyme vous érige hors de la matrice humaine...
      J'aime aussi le concept de "oni". Au Japon, il est omniprésent. Je suis surpris que vous perceviez aussi les ponts que j'ai semé sur la rivière de la vie...
      Comme quoi certains sont sur la pulsion de vie...

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  4. Un concept très intéressant.

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