Je rêverai encore longtemps de toi, avant de comprendre pourquoi, âpre terre de landes ébouriffées, égratignées par les vents du large, tu m'attires et me fascines.
Dans ma généalogie, je sais te devoir quelques gouttes de ce sang fier et abrupt que l'on retrouve dans ma famille, les cheveux carotte de mes cousins et mes quelques éphélides...
Je sentirai longtemps encore en moi ce bouillonnement souterrain qui me rend juvénile et qui relègue au rang de guimauve le gingembre et la mandragore, avant de comprendre ma fureur de vivre, ancrée en moi aussi sûrement que les pierres de granit des chemins de Cork ou de Galway, et dans mon corps, ô mon corps plein d'éclairs ruisselants, j'entends la rage des colons, leurs rêves de fortune et leurs arrachements d'esclaves.
Il me faudra traverser tes villages tout enluminés des lueurs laiteuses de ta pluie froide, m'imprégner de ta langue qui roule comme des rochers dévalant une pente, écouter jaillir de tes longs soirs ta musique d'opale et de sombre gaieté...
Ô ta musique! En sentir le frisson imprimé à mes jambes, de bas en haut, de haut en bas, telle une houle. N'être plus que harpe et violon et flûte celtiques avec des fourmis jusques au bout des orteils, mon cœur, dansant et riant et pleurant à la fois...
Être pour une nuit une fille de Tipperary, opulente et chaude, perdue au fond d'un pub suant de bruit et de fumée, d'amour brut et de hareng saur, m'enivrer de bière rousse et de whiskey jusqu'à en oublier mes mots. Jusqu'au matin frileux, façades blêmes et cris de mouettes apeurées au-dessus des toits, enroulée dans un pull de laine. Le regard sur l'horizon.
Pays émeraude. Pays joyau, planté sans détour dans l'écrin bleu d'un océan furieux, la mer qui ronge le noir des falaises de Moher, le blanc de l'écume, le gris du ciel, ta presqu'île de Dingle, tes lacs du Connemara sont comme des yeux brillants de fièvre. Je pourrais faire miens ta culture millénaire, ton trop peu d'arbres, ton trop d'eau, tes murets arrachés au roc, et le bruit patient des charrettes, et des chevaux, et puis la tourbe, et le parfum meurtri de tes bruyères en fleurs, et l'herbe plus verte que dans un chromo saturé.
Je rêverai encore longtemps de l'Irlande.
Et quand j'aurai assez rêvé, j'irai boire à la source de mon rêve.
Dans ma généalogie, je sais te devoir quelques gouttes de ce sang fier et abrupt que l'on retrouve dans ma famille, les cheveux carotte de mes cousins et mes quelques éphélides...
Je sentirai longtemps encore en moi ce bouillonnement souterrain qui me rend juvénile et qui relègue au rang de guimauve le gingembre et la mandragore, avant de comprendre ma fureur de vivre, ancrée en moi aussi sûrement que les pierres de granit des chemins de Cork ou de Galway, et dans mon corps, ô mon corps plein d'éclairs ruisselants, j'entends la rage des colons, leurs rêves de fortune et leurs arrachements d'esclaves.
Il me faudra traverser tes villages tout enluminés des lueurs laiteuses de ta pluie froide, m'imprégner de ta langue qui roule comme des rochers dévalant une pente, écouter jaillir de tes longs soirs ta musique d'opale et de sombre gaieté...
Ô ta musique! En sentir le frisson imprimé à mes jambes, de bas en haut, de haut en bas, telle une houle. N'être plus que harpe et violon et flûte celtiques avec des fourmis jusques au bout des orteils, mon cœur, dansant et riant et pleurant à la fois...
Être pour une nuit une fille de Tipperary, opulente et chaude, perdue au fond d'un pub suant de bruit et de fumée, d'amour brut et de hareng saur, m'enivrer de bière rousse et de whiskey jusqu'à en oublier mes mots. Jusqu'au matin frileux, façades blêmes et cris de mouettes apeurées au-dessus des toits, enroulée dans un pull de laine. Le regard sur l'horizon.
Pays émeraude. Pays joyau, planté sans détour dans l'écrin bleu d'un océan furieux, la mer qui ronge le noir des falaises de Moher, le blanc de l'écume, le gris du ciel, ta presqu'île de Dingle, tes lacs du Connemara sont comme des yeux brillants de fièvre. Je pourrais faire miens ta culture millénaire, ton trop peu d'arbres, ton trop d'eau, tes murets arrachés au roc, et le bruit patient des charrettes, et des chevaux, et puis la tourbe, et le parfum meurtri de tes bruyères en fleurs, et l'herbe plus verte que dans un chromo saturé.
Je rêverai encore longtemps de l'Irlande.
Et quand j'aurai assez rêvé, j'irai boire à la source de mon rêve.
Quelques gouttes de sang mais pas que... tu m'as donné chaud, Célestine !
RépondreSupprimerLe coeur se réchauffe pour lutter contre les éléments déchaînés, mon cher Vegas...
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Je n'ai jamais visité ton autre pays qu'est l'Irlande, et pourtant combien je le connais et l'ai dans ma peau avec ses immenses écrivains, Oscar Wilde, samuel Beckett, James Joyce, Elisabet Bowen et d'autres encore et non des moindres, qui m'avaient tellement fait rêver de ce pays vert, qui m'ont imprégné leur belle culture et leur bravoure. Je comprends aussi que tu ais cette fibre d'écrivaine héritée des quelques ancêtres à toi, ne serait-ce que génétiquement.Je comprends mieux pourquoi souvent tes mots brillent comme un éclat de soleil dans le beau ciel d'Irlande, où pousse le trèfle à foison.
RépondreSupprimerRavi Céleste de lire ton beau texte qui m'a charmé.
Bisous
Quel bonheur de voir figurer dans ton commentaire des gens aussi célèbres que ceux que tu cites. Il ne manque que Yeats, le poète des brumes et des landes perdues.
SupprimerMerci mon cher Bizak pour ce très beau commentaire qui me fait rougir de confusion.
¸¸.•*¨*• ☆
Oh là là, c'est excellent !
RépondreSupprimerPoésie pure, puissamment, profondément inspirée, quel hommage à ce pays, à ses hommes, à sa musique, à ses verts, à ses bleus, à ses gris, sans oublier la chaleur des pubs, la bière et le whiskey !
Chapeau, c'est du grand art !
Merci jean-Claude.
Supprimerl'inspiration coule en mes veines et je suis turbulente comme une fille de Craughwell .
¸¸.•*¨*• ☆
un magnifique texte plein de poésie et de forces, et d'amour (et aussi pour ton père)
RépondreSupprimertu m'as fait rêver
et l'Irlande que je ne connais pas m'attire, m'aimante ...
Ah l'Arpenteur, te faire rêver...ça me fait plaisir !
Supprimermerci pour mon père et pour moi.
¸¸.•*¨*• ☆
Comme tu la fais vivre et partager!
RépondreSupprimerFabuleux :)
Tu es trop gentille, chère Tisseuse. Tu enrubannes mon texte de joie.
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Très sincèrement Célestine, j'adore te lire. Ici ou chez toi, c'est la plupart du temps juste et beau.
RépondreSupprimerTu mets de l'humain dans tes mots et moi qui rêve d'Irlande depuis longtemps, j'ai ressenti ton texte avec une grande émotion.
Merci :-)
Minsky, tu es bienvenu(e) chez moi. Mon totem t'attend, entre MindTHeGap et Miss So.
Supprimer;-)
¸¸.•*¨*• ☆
Magnifique louange
RépondreSupprimer:-)
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
stouf (A little bit more irish)
RépondreSupprimerBof... que de lamentations. T'es invitée sur la chaussée des géants avec not'e camping-car à ma femme,à Clochán na bhFómharach, si t'as ton passe-porcs anglais pour le nord de l'Irlande.
Des lamentations ? je n'avais pas l'impression de me lamenter ;-)
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Une magnifique carte postale tout à la gloire de l'Eire ! J'ai relu pour visiter les détails... ;)
RépondreSupprimerHé hé ! merci Pascal de cette relecture épicurienne !
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆