1548
Pouvait-il ne serait-ce que m’imaginer, Jacques Amielh, lorsque le 27 octobre 1548 il a signé devant notaire le contrat de mariage qui l’engageait à Jaumette Rainière ? Imaginer que, quatre cent deux ans plus tard, à quelque distance de là, naîtrait au bout d'une longue chaîne de générations un autre Jacques, moi, ainsi homonyme par le plus total des hasards ?
Je ne sais pas grand-chose de Jacques Amielh, juste qu’il était couturier, que le contrat mentionne quelques sommes rondelettes – plusieurs centaines de florins en tout – et son épouse fille de laboureur.
Je me le représente mal, tout juste le stéréotype de l’artisan du XVIème siècle, quelque chose de flou dans mon imaginaire d’informaticien du XXIème. Au mieux, le savetier de La Fontaine, peut-être ? Chantait-il en travaillant, ou craignait-il pour ses florins ?
Je contemple les photos du registre vieux de quatre siècles, une page couverte de lignes tracées à la plume, illisibles pour qui n’a pas entraîné son œil, incompréhensibles pour qui ne connaît pas le latin et l’occitan qui se mêlent à ce français exotique. La seule lecture de la transcription annihile toute illusion sur l’immuabilité de l’orthographe et de la syntaxe du français, tant revendiquée pourtant par certains. Je m'en amuse.
Ce français du XVIème siècle m’est aussi lointain que ce Jacques Amielh cousturier, comme l’est la cohorte d’artisans et d’agriculteurs qui peuplent mon arbre généalogique, autour de Marseille, avec quelques étrangers venus de Sainte-Réparade, l’autre bout du monde.
Ou de la haute vallée du Drac, de vrais extra-terrestres.
Est-ce un luxe que de prendre ainsi son ascendance à la légère ? Que reste-t-il des Jacques Amielh, Melchionne Bassac, Lazare Pinatel ou Jacomin Pons, d’Anthoronne Freze, Catherine Cabrier, Alcyone Portal ou de Baptistine Gandolfi ?
Si, Baptistine Gandolfi, j’ai des photos d’elle, c’était mon arrière-grand-mère. Enfin, l’une d’elles. Parce qu’elles étaient quatre – les arrières-grand-mères vont toujours par quatre, sauf une fois il y a deux mille ans, et encore, c’est discuté. Statistiquement, Baptistine Gandolfi représente douze virgule cinq pour cent de mon patrimoine génétique. Six virgule vingt-cinq de celui de mes filles.
Alors Jacques Amielh, dilué au quarantième par les errements de l’histoire, je le salue à travers les âges, comme une vague connaissance. Qui sait, peut-être y-a-t-il un après dans lequel il s’amuse de se voir exhumé du silence des registres par un instituteur à la retraite, et m’attend, patiemment, pour me raconter la vie d’un couturier marseillais de 1548.
Je contemple les photos du registre vieux de quatre siècles, une page couverte de lignes tracées à la plume, illisibles pour qui n’a pas entraîné son œil, incompréhensibles pour qui ne connaît pas le latin et l’occitan qui se mêlent à ce français exotique. La seule lecture de la transcription annihile toute illusion sur l’immuabilité de l’orthographe et de la syntaxe du français, tant revendiquée pourtant par certains. Je m'en amuse.
Ce français du XVIème siècle m’est aussi lointain que ce Jacques Amielh cousturier, comme l’est la cohorte d’artisans et d’agriculteurs qui peuplent mon arbre généalogique, autour de Marseille, avec quelques étrangers venus de Sainte-Réparade, l’autre bout du monde.
Ou de la haute vallée du Drac, de vrais extra-terrestres.
Est-ce un luxe que de prendre ainsi son ascendance à la légère ? Que reste-t-il des Jacques Amielh, Melchionne Bassac, Lazare Pinatel ou Jacomin Pons, d’Anthoronne Freze, Catherine Cabrier, Alcyone Portal ou de Baptistine Gandolfi ?
Si, Baptistine Gandolfi, j’ai des photos d’elle, c’était mon arrière-grand-mère. Enfin, l’une d’elles. Parce qu’elles étaient quatre – les arrières-grand-mères vont toujours par quatre, sauf une fois il y a deux mille ans, et encore, c’est discuté. Statistiquement, Baptistine Gandolfi représente douze virgule cinq pour cent de mon patrimoine génétique. Six virgule vingt-cinq de celui de mes filles.
Alors Jacques Amielh, dilué au quarantième par les errements de l’histoire, je le salue à travers les âges, comme une vague connaissance. Qui sait, peut-être y-a-t-il un après dans lequel il s’amuse de se voir exhumé du silence des registres par un instituteur à la retraite, et m’attend, patiemment, pour me raconter la vie d’un couturier marseillais de 1548.
J'aime le flou d'une époque lointaine et la précision mathématique tandis que tu égrènes tous ces noms qui vous relient, les "frères" Jacques. Qu'en diront plus tard les Jacques des siècles futurs?
RépondreSupprimerSi Jacques Amielh raconte son histoire, j'aimerais être là pour écouter.
RépondreSupprimerCe serait si formidable qu'on puisse un jour faire ça.
J'aime cette histoire, qui tient tellement de la réalité...
Fantastique récit, j'y ai senti un souffle épique.
RépondreSupprimerMerci Jacques
¸¸.•*¨*• ☆
un arbre généalogique dense et quasiment complet. Vu ta belle écriture, tu pourrais composer un roman/épopée de la vie de ta famille. Bravo !!
RépondreSupprimerC'est exactement ce que je travaille en psychologie transgénérationnelle avec certaines personnes qui viennent me consulter et qui ont besoin de se relier à eux-mêmes à travers l'histoire de leurs ancêtres.
RépondreSupprimerpsychologie transgénérationnelle, est-ce la même chose que la psychogénéalogie ?
SupprimerOui c'est de la psychogénéalogie
SupprimerLes racines profondes sont celles que l'on déterre le plus facilement. A l'appel de tes excavations, j'aime bien ton aïeul.
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