Il faisait partie d’eux, dans la fureur des batailles de la vie et de la mort ; il était avec eux quand le soir tombé ils se réunissaient pour boucler le cycle de vie, prenant les femmes dans la chaleur d’un feu, sur des peaux de bêtes, rugissant leur puissance…
Ils ont fini par le déraciner au cours des brumes hivernales ; ils l’ont jeté aux quatre vents du Temps.
Celui qui est devenu un ruisseau sans source s’est répandu dans le sable, transformant un sol quelque peu malléable en un marécage. Sa vigueur, sa course déterminée par le lit du ruisseau, tout cela a été perdu définitivement…
L’eau vivante a finie par stagner, nauséabonde, en un sol qui ne fut pas le sien ; incapable de remplir son office : celui de donner la vie, de perpétuer le renouvellement, de danser sur les reliefs de l’existence, de rebondir sur les rochers, vivace et joyeuse comme un saumon.
Le combattant s’est perverti, se transformant en un de ceux là qu’ils combattaient… Plus aucun courage, plus aucune ferveur ; il est devenu informe, atone, sans honneur.
Il vit dans un milieu qui n’est pas le sien, sondant l’espace et le temps à la recherche des siens, en vain.
Il n’a pas sa place, ni sa langue, sans culture, sans âme…
Il est un arbre sans racine, un ruisseau sans source…
Il laisse le temps s’écouler, vide...
Où lire Kakushi Ken
Terrible contrepied pour un thème rempli d'espoir et de souvenirs divers... mais aussi brûlante actualité. J'aime l'idée et ton interprétation Kakushi Ken
RépondreSupprimerEn fait, le sujet était de parler de ces racines. Nul besoin de chercher loin pour trouver des sans racine dans notre beau pays. Il suffit que les ancêtres défaillent...
SupprimerC'est plus qu'une interprétation, c'est un fait...
C'est un texte sombre, mais n'en reste pas moins beau.
RépondreSupprimerLa beauté n'est pas que lumière comme le prêche certains...
SupprimerSourire
On te retrouve tel qu'en toi même dans ce texte très beau et un peu désespéré.
RépondreSupprimerEt si, à défaut de racines, tu tissais des lianes pour t'accrocher à la vie. Des stolons...
Bisous Gilles
¸¸.•*¨*• ☆
Voilà une idée qu'elle est excellente !
SupprimerSourire
Peut être triste, est le récit, mais raconté avec une telle poésie homérique, il est magnifique.
RépondreSupprimerMerci de l'encouragement...
SupprimerMerci vraiment.
un texte vraiment poétique et profond et les images que tu nous offres sont fortes, tristes et vraies.
RépondreSupprimerJe reprendrai bien le com' de Célestine pour monter en haut des arbres, de la canopée et de voir le monde (son monde) autrement
Tout comme Celestine je t'invite à lancer des passerelles entre les différents territoires afin que nous soyons tous un jour citoyen du monde.
RépondreSupprimerMagnifique écrit quoi qu' il en soit, m'a touchée en plein cœur.