Oh pardon. J’ai fait gêné. Excusez moi.
Ce n’est rien, vous n’avez pas fait exprès ?
Je n’ai pas réussi à savoir avec certitude si elle avait envoyé un point d’interrogation après le mot exprès mais j’aurais mis ma main à couper qu’elle en avait posé un. Un petit, discret, qu’on pourrait avoir quelque peine à percevoir. Mais il y était, certain. En me reculant d’un pas dans la file d’attente, je venais de marcher sur un de ses deux pieds. Elle portait des sandales à hauts talons superbes, avec une fine bride de cuir noir, qui habillaient ses deux jolis pieds aux ongles magnifiquement rouges. Quand elle s’est retournée, j’ai remonté le tout, d’en bas, lentement et j’ai embrassé (du regard) la plus jolie silhouette que j’avais jamais vue. On était en Avril, il faisait doux, les robes et les bourgeons étaient de sortie. Même pour aller au cinéma. La sienne était légère comme une soie fragile avec de minuscules fleurs en motifs répétées, une ceinture fine à la taille, un sac sur une épaule nue, des cheveux très courts, presque ras, bruns, presque noirs, ses oreilles vêtues d’une simple perle de culture très claire, sa nuque si embrassable. Très attirante, en tous les cas. Ce qu’on appelle, avant même de la connaître, une beauté fraîche, gaie, pimpante. Sans aucune moquerie. Elle était belle comme ce printemps qui s’amène. Et je lui avais écrasé un pied. Quel crétin. On allait voir le même film, elle s’est assise au dernier rang, pile dans le milieu de la rangée, là où j’avais l’habitude de me placer. Je n’allais pas changer mes coutumes pour une fille fût-elle une beauté renversante. Je me suis assis à côté d’elle, mais j’ai laissé un siège entre elle et moi. Ca se faisait dans les salles un peu vides. On voulait bien être ensemble dans le noir mais pas les uns sur les autres, on avait ses limites. On ne se serrait qu’entre connaissances. On se laissait une distance, on s’accordait une avancée possible, une sécurité. En vrai, aller vers l’autre ce n’était pas si facile, c’était même tout un bazar.
Une fois installés, j’ai regardé droit devant moi. Tout le film. Pas une seule fois je n’ai jeté un œil vers elle. C’est là que j’ai compris qu’il se passait un truc. J’étais tendu comme les câbles un téléphérique et ce n’était pas le film polonais en noir et blanc sur la vie d’une nonne sous la neige qui allait me relâcher. Une merveille de film et un si beau prénom. Sur le générique, je me suis mis à comploter. Il faut que je lui parle, il le faut. Je dois y arriver. Oui, parce que les rencontres j’avais plutôt l’habitude de ne pas les faire, voyez. J’étais du genre à laisser passer mes chances, à ne même pas les voir quand elles se pointaient, en tous les cas à ne rien comprendre. L’anneau je ne l’avais pas eu souvent au bout du bâton, si je peux me permettre. Mais cette fois, cette fois, ne serait pas comme les autres. Je vais me jeter à l’eau, je vais me lancer, je vais me débrouiller pur qu’on aille boire un verre, avoir un 06, un prochain rendez vous.
Elle était désolée mais elle devait retourner à son travail, elle y avait laissé son smartphone, elle ne connaissait pas son numéro, (je m’appelle rarement vous savez) elle n’avait pas une minute à elle, mon boulot si prenant, alors, forcément, deux heures encore moins… Vous comprenez, n’est-ce-pas ?
Pendant qu’elle me lançait sa tirade, au beau milieu de la foule du parvis du complexe huit salles, elle me souriait gentiment avec une étincelle de malice bienveillante dans l’œil. Moi, je la fixais bêtement…
Regarder les flammes de l’amour dévorer mon petit cœur d’artichaut.
Ce n’est rien, vous n’avez pas fait exprès ?
Je n’ai pas réussi à savoir avec certitude si elle avait envoyé un point d’interrogation après le mot exprès mais j’aurais mis ma main à couper qu’elle en avait posé un. Un petit, discret, qu’on pourrait avoir quelque peine à percevoir. Mais il y était, certain. En me reculant d’un pas dans la file d’attente, je venais de marcher sur un de ses deux pieds. Elle portait des sandales à hauts talons superbes, avec une fine bride de cuir noir, qui habillaient ses deux jolis pieds aux ongles magnifiquement rouges. Quand elle s’est retournée, j’ai remonté le tout, d’en bas, lentement et j’ai embrassé (du regard) la plus jolie silhouette que j’avais jamais vue. On était en Avril, il faisait doux, les robes et les bourgeons étaient de sortie. Même pour aller au cinéma. La sienne était légère comme une soie fragile avec de minuscules fleurs en motifs répétées, une ceinture fine à la taille, un sac sur une épaule nue, des cheveux très courts, presque ras, bruns, presque noirs, ses oreilles vêtues d’une simple perle de culture très claire, sa nuque si embrassable. Très attirante, en tous les cas. Ce qu’on appelle, avant même de la connaître, une beauté fraîche, gaie, pimpante. Sans aucune moquerie. Elle était belle comme ce printemps qui s’amène. Et je lui avais écrasé un pied. Quel crétin. On allait voir le même film, elle s’est assise au dernier rang, pile dans le milieu de la rangée, là où j’avais l’habitude de me placer. Je n’allais pas changer mes coutumes pour une fille fût-elle une beauté renversante. Je me suis assis à côté d’elle, mais j’ai laissé un siège entre elle et moi. Ca se faisait dans les salles un peu vides. On voulait bien être ensemble dans le noir mais pas les uns sur les autres, on avait ses limites. On ne se serrait qu’entre connaissances. On se laissait une distance, on s’accordait une avancée possible, une sécurité. En vrai, aller vers l’autre ce n’était pas si facile, c’était même tout un bazar.
Une fois installés, j’ai regardé droit devant moi. Tout le film. Pas une seule fois je n’ai jeté un œil vers elle. C’est là que j’ai compris qu’il se passait un truc. J’étais tendu comme les câbles un téléphérique et ce n’était pas le film polonais en noir et blanc sur la vie d’une nonne sous la neige qui allait me relâcher. Une merveille de film et un si beau prénom. Sur le générique, je me suis mis à comploter. Il faut que je lui parle, il le faut. Je dois y arriver. Oui, parce que les rencontres j’avais plutôt l’habitude de ne pas les faire, voyez. J’étais du genre à laisser passer mes chances, à ne même pas les voir quand elles se pointaient, en tous les cas à ne rien comprendre. L’anneau je ne l’avais pas eu souvent au bout du bâton, si je peux me permettre. Mais cette fois, cette fois, ne serait pas comme les autres. Je vais me jeter à l’eau, je vais me lancer, je vais me débrouiller pur qu’on aille boire un verre, avoir un 06, un prochain rendez vous.
Elle était désolée mais elle devait retourner à son travail, elle y avait laissé son smartphone, elle ne connaissait pas son numéro, (je m’appelle rarement vous savez) elle n’avait pas une minute à elle, mon boulot si prenant, alors, forcément, deux heures encore moins… Vous comprenez, n’est-ce-pas ?
Pendant qu’elle me lançait sa tirade, au beau milieu de la foule du parvis du complexe huit salles, elle me souriait gentiment avec une étincelle de malice bienveillante dans l’œil. Moi, je la fixais bêtement…
Regarder les flammes de l’amour dévorer mon petit cœur d’artichaut.
C'est beau comme une comédie romantique de Stanley Donen... ;-)
RépondreSupprimerVivement le printemps que l'on puisse ressortir les petites robes, que je me suis dit en regardant les flammes de la cheminée...Marre de l'hiver. Et ton texte me fait fourmiller les pieds.
¸¸.•*¨*• ☆
@ Célestine Oh merci! Bien content de ça: (Pour les robes et le fourmillement!)
RépondreSupprimerAllez, dix de perdues, une de retrouvée, et encore... };-D
RépondreSupprimerAutrefois, il y avait toujours un pompier de service dans les salles de spectacle :)
RépondreSupprimerune si jolie demoiselle et les flammes de l'amour qui ont brûlé ton cœur ...
RépondreSupprimer@ Vegas et L'arpenteur. Une veille de Saint Val je leur devais bien ça!!!
RépondreSupprimerC'est bien ma veine
RépondreSupprimerAmoureux grave, le flash quoi, dès le premier paragraphe. Et puis rien
Je n'ai même aucun souvenir du film
J'aurais aimé écrire cette histoire, c'est peu dire
T'aurais pas dû laisser une place vide entre vos deux fauteuils. Ça jette un froid !
RépondreSupprimerC'est bien mignon; j'aime beaucoup ta description de la dame.
RépondreSupprimer@ Bric-à-brac. Marité. Pascal: Merci de vos lectures bienveillantes.
RépondreSupprimerMon conseil ? Lance-toi avant la mention du visa d'exploitation XD
RépondreSupprimer